BONAVENTURE DE BAGNOREA (saint)

Saint Bonaventure (1221-1274) est l’une des grandes figures de la Famille franciscaine. Il a été biographe de saint François, ministre général, évêque et cardinal au Concile de Lyon durant lequel il mourut. Bonaventure de Bagnorea (saint) frère mineur, ministre général, cardinal Docteur séraphique né Jean Fidanza en 1221, Bagnorea Italie décédé le 14 juillet 1274, Lyon France canonisé en 1482 fêté le 15 juillet.

Sa vie              Bagnoreggio

Bagnoreggio, village de naissance de saint Bonaventure Jean Fidanza naît en 1221 dans une famille aisée de l’Aquila à Bagnoreggio (autrefois Bagnorea), près d’Orvieto. Enfant, à la prière de sa mère, il est guéri d’une grave maladie par l’intercession de saint François. 1.1 L’étudiant parisien Envoyé jeune à Paris, pour obtenir la maîtrise es Arts (1236), il est impressionné par le maître Alexandre de Halès qui, à 50 ans, entre chez les Frères Mineurs. À son tour, Bonaventure demande son admission et fait profession en 1243 à Paris. Il étudie la théologie dans le cloître des Mineurs, où Alexandre a transporté sa chaire. Il y reçoit aussi les leçons d’Eudes Rigaud, ami de St Louis et futur archevêque de Rouen, et de Guillaume de Meliton. Vers 1244-1245 il reçoit la prêtrise. Devenu bachelier en théologie, il donne ses premières leçons aux frères vers 1248, puis commente le Livre des Sentences. Pendant ce temps, Thomas d’Aquin poursuit un cursus identique, dans le cloître des Frères Prêcheurs. Les Maîtres séculiers de l’Université s’opposent à l’admission de ces professeurs comme Maîtres de l’Université. Ils ne seront admis à ce titre qu’en 1254, sous l’injonction du Pape Alexandre IV, grand ami des Mineurs.

1.2 Le Ministre général Précédé par Jean de Parme (bienheureux) Élu en 1257 au chapitre de Rome suivi par Jérôme d’Ascoli Liste des ministres généraux Élu ministre général de l’Ordre des frères mineurs en 1257, lors du chapitre de Rome (Italie), pour remplacer Jean de Parme déposé pour avoir favorisé la diffusion des idées de Joachim de Flore, Bonaventure s’efforce de maintenir l’unité entre les tenants des différents courants de l’Ordre : Spirituels et Conventuels, quitte à employer des moyens énergiques. Dans ce but, il publie de nouvelles constitutions fortement inspirées par la législation antérieure. Elles seront approuvées par le chapitre de Narbonne (France). Malgré de nombreux voyages, en particulier pour participer aux Chapitres généraux, il continue son œuvre théologique, spirituelle, et parfois polémique. En 1261, à la demande du Chapitre général, Bonaventure écrit les légendes : la Legenda major qui veut être une hagiographie officielle du fondateur et la Legenda minor destinée à être lue durant la liturgie. Celles-ci seront approuvées deux ans après par le chapitre de Pise (Italie) et connaîtront une très rapide et très large diffusion. D’ailleurs le chapitre avait décidé la destruction des biographies antérieures…, injonction qui heureusement ne fut pas parfaitement appliquée. Bonaventure maintient sa résidence à Paris, près de l’Université, car il se fait le champion des Mendiants, dans le conflit qui oppose les séculiers aux nouveaux Ordres (Questions disputées sur la Perfection évangélique). Thomas d’Aquin participe lui aussi à la Défense des Mendiants.

1.3 L’homme d’Église

Saint Bonaventure, cardinal, en méditationSt_Bonaventure_cardinal

En 1265, le Pape Alexandre IV le charge de débrouiller un conflit entre les chanoines d’York (Angleterre) et la papauté, et lui propose ensuite de devenir archevêque d’York. Il décline cette offre pour continuer à Paris la défense de l’Ordre (1267, « Apologie des Pauvres »). Ami du Roi de France Louis IX, il prêche parfois à la Cour, et rédige des traités de vie spirituelle, à la demande de Blanche de Castille, mère du Roi, du roi lui-même, et de sa sœur bse Isabelle de France fondatrice du monastère urbaniste de Longchamp près de Paris (« La perfection de la vie, pour les sœurs »). Se rendant à Rome, pour un chapitre, il passe par Viterbe où les cardinaux, réunis en conclave depuis plus d’un an (1271), s’enlisent en disputes et ne parviennent pas à désigner un Pape. Consulté, il suggère un compromis. Le conclave désigne alors un diplomate près de la Cour de Constantinople, Théobald Visconti, actuellement présent à Jérusalem. L’éloignement du « candidat » permet un apaisement des esprits. Le nouveau Pape Grégoire X désigne Bonaventure comme cardinal en 1273, et le charge de la préparation du deuxième Concile de Lyon. Bonaventure y tint une place éminente, et fut chargé de la prédication pour l’accueil de la délégation de l’Église Orientale. Il meurt soudainement pendant le Concile, le 14 juillet 1274. Le pape Grégoire X assiste à ses obsèques. Bonaventure fut canonisé seulement en 1482 par le Pape franciscain Sixte IV. Un autre Pape franciscain, Sixte V, le déclara Docteur de l’Église, en 1587.

Son œuvre

2.1 Le philosophe Bonaventure ne se présente pas lui-même comme un philosophe, mais toujours comme un théologien. Cependant la philosophie tient une certaine place dans ses études et dans son enseignement. D’une part parce que l’enseignement de l’université de Paris accueillait les nouvelles traductions des Philosophes grecs, Platon, Plotin, Aristote. D’autre part parce que lui-même est intéressé par les questions métaphysiques qui servent de base à une reflexion rationnelle sur la théologie : tels que l’Etre et l’existence, la causalité, la notion d’infini, l’anthropologie, la théorie de la connaissance, l’analogie, etc…Bonaventure considérait la philosophie comme « servante » de la théologie (ancilla theologiae). Sur toutes ces questions, Bonaventure a développé une pensée originale, telle que l’a exposée avec bonheur l’historien des doctrines médiévales que fut Etienne Gilson (La philosophie de saint Bonaventure). Ce livre demeure une référence pour toute étude sur le Docteur Séraphique.

2.2 Le théologien Tout en soutenant que la théologie est une science et une connaissance qui relève de la raison humaine et des ressources et des méthodes de la logique, Bonaventure la situe bien au dessus de toutes les autres sciences quant au but qu’elle poursuit, qui est de permettre au théologien et à ceux auxquels il s’adresse, de devenir meilleurs en atteignant une sagesse de vie. Comme son nom l’indique, la théologie est la science qui traite de Dieu et de tout ce qui se rapporte à son être et à son action. Mais selon les points de vue envisagés, on peut distinguer pour elle un triple sujet. Bonaventure appelle sujet radical, Dieu, en tant que premier Principe à l’origine de toute connaissance et de tout être. Il s’agit bien sûr, ici, de Dieu Trinité-créatrice. Il appelle sujet intégral, ce qui dans une science englobe tous ses développements : en théologie, ce sujet intégral est le Christ, en tant « qu’il rassemble en lui-même la nature divine et la nature humaine, c’est-à-dire le créé et l’Incréé… ». Enfin il appelle sujet universel la totalité de ce qui venant de la révélation est objet de foi pour la créature rationnelle. C’est aussi tout ce qui est susceptible d’une mise en œuvre sacramentelle, donc la totalité de la théologie. Dans le Breviloquium, Bonaventure résume son propos dans un paragraphe d’une admirable concision : « Le sujet de la théologie est tour à tour: Dieu de qui viennent tous les êtres, le Christ par qui tous passent, l’œuvre rédemptrice vers laquelle tous tendent, l’unique lien de la charité qui enserre et unit tous les êtres célestes et terrestres. Pour Bonaventure, la théologie comme discipline intellectuelle est une science pratique dont le but est pour celui qui s’y applique et pour ceux auxquels il s’adresse de bien accueillir le don surnaturel de la Sagesse que l’Esprit-Saint répand largement sur tous les hommes, à condition qu’ils n’y mettent pas d’obstacle par un refus délibéré (le péché). Le don de la sagesse se manifeste dans la contemplation de Dieu et de son mystère, dans le progrès de la foi surnaturelle et dans la grâce d’union ou de charité. Tous les hommes sont appelés à cette communion aux personnes divines, mais chacun selon sa vocation propre. Les théologiens sont ceux qui accueillent explicitement le don de sagesse dans la mise en œuvre des ressources de leur intelligence, surtout lorsqu’elle s’applique à scruter la Parole de Dieu par une fréquentation assidue et l’effort de la raison à l’intérieur de la communion ecclésiale. La théologie comme sagesse suppose que celui qui s’y applique remette en ordre dans sa propre vie tout ce qui a été désordonné par le péché, et qu’il se tourne résolument vers le Christ, comme Maître intérieur et modèle de sagesse. Le vrai théologien n’est donc pas seulement un « savant », mais il est au préalable un « croyant ».

2.3 L’auteur spirituel Pour saint Bonaventure, la spiritualité est la mise en pratique de son enseignement théologique, car sa théologie est tout à la fois science et contemplation du mystère révélé. Dans son enseignement universitaire, il traite en leurs places les questions intéressants la vie spirituelle du croyant, la foi, l’espérance, la charité, la prière, l’imitation du Christ, les sacrements de l’Eglise, la grâce, la glorification etc… Mais une part importante de son œuvre concerne directement la pastorale et l’enseignement de la spiritualité, soit à destination d’un auditoire ou d’une catégorie particulière de chrétiens : les universitaires, les religieux, les fidèles, soit à la demande de tel ou tel correspondant. Ainsi les réponses faites au questions d’un maître sur la vie spirituelle : Lettre sur 25 questions mémorables, ou encore le traité sur la perfection de la vie pour les religieuses, adressé à la bse Isabelle de France, sœur du Roi, fondatrice du monastère des clarisses de Longchamp. Ainsi également le traité sur le Gouvernement de l’âme , dédié à la reine-mère Blanche de Castille. Les traités majeurs concernant la vie spirituelle ont connu une très large diffusion. Citons : L’Itinéraire de l’âme en Dieu , l’œuvre la plus connue de Bonaventure ; les Trois voies de la vie spirituelle ; l’Arbre de vie, méditations sur la passion de Jésus ; le Soliloque ; la Vigne mystique ; le Sermon sur le Christ Unique Maître. Il faut y ajouter une grande quantité de sermons, sur les Dimanches et les Temps liturgiques, sur les fêtes des saints…

2.4 L’édition de son œuvre

2.4.1 Édition critique L’édition critique complète des Œuvres de Bonaventure (en latin) a été publiée par les Franciscains du Collège de Quaracchi, entre 1882 et 1901 : Dix in-folio.

2.4.2 Traduction française Wikisource propose des textes de Saint Bonaventure dans le domaine public

Œuvres spirituelles de Saint Bonaventure, 4 vol. trad. P. Jean de Dieu, Paris-Blois, 1931-33.-

Saint Bonaventure, Œuvres présentées par V-M. Breton, Paris, Aubier, 1943.

Itinéraire de l’esprit vers Dieu, Introd. et trad. de H. Duméry, Paris, Vrin 1960, de ed 2005 ISBN 2116074002.

Breviloquium, Introd. et trad. sous la direction de JG. Bougerol, Paris, Éditions Franciscaines (en 8 fascicules)

Les six lumières de la connaissance humaine, introd. et trad. P. Michaud-Quentin, Paris, Éditions Franciscaines, 1971.

Questions disputées sur le savoir chez le Christ, Trad. Ed.-H. Weber, Paris, Œil, 1985.

Le Christ Maître, Trad. Goulven Madec, Paris, Vrin, 1990. Les six jours de la création (Hexaemeron), Introd. Trad. Marc Ozilou, Paris, Desclé/Cerf, 1991.

Les Dix commandements, Introd. Trad. Marc Ozilou, Paris, Desclé/Cerf, 1992.

L’Arbre de vie, Introd. Trad, Jacques-Guy Bougerol, Paris, Edit. Francisc. 1996.

Les sept dons du Saint Esprit, Introd. Trad. Marc Ozilou, Paris, Cerf, 1997.

La Triple Voie, Introd. Trad. Jacques-Guy Bougerol, Paris, Éditions Franciscaines 1998. La vie de Saint François (Legenda Major), trad. Damien Vorreux, Paris, Éditions Franciscaines 2e ed. 1987.

2.4.3 Autres Théophile Desbonnets et Damien Vorreux, Saint François, Documents, Écrits et premières biographies, Paris, 1981, 3e ed. 2002, qui contient la Légende Majeure et la Légende Mineur.

 Bibliographie

3.1 Dans les bibliothèques

3.1.1 Introductions Jacques-Guy Bougerol, Saint Bonaventure, (Profils franciscains), Paris, Éditions Franciscaines 1966. Jacques-Guy Bougerol, Introduction à Saint Bonaventure, Paris, Vrin 1988.

Évangile Aujourd’hui, N° 204 (Nov. 2004), 82 pages, totalement consacré à Bonaventure et à sa pensée. Éditions Franciscaines, Paris.

Marianne Schlosser, Saint Bonaventure, la joie d’approcher Dieu, trad. de l’allemand par J. Gréal, Paris, Cerf et Editions Franciscaines, 2006.

3.1.2 Études E. Gilson, La Philosophie de Saint Bonaventure, Paris, Vrin, 2è ed. 1943. Éphrem Longpré, Bonaventure, dans « Catholicisme, hier, aujourd’hui, demain » (encyclopédie), t.II, col.122-128, Paris ; Letouzey et Ané, 1949.

Jacques-Guy Bougerol, Saint Bonaventure et la sagesse chrétienne, (Maîtres spirituels), Seuil, 1963. (plusieurs rééditions)

Gratien de Paris, Histoire de la fondation et de l’évolution de l’Ordre des Frères Mineurs, au XIIIe siècle., 2e ed. 1982.

Théophile Desbonnets, De l’intuition à l’institution, les Franciscains, Paris, Éditions Franciscaines, 1983.

J. Ratzinger, La théologie de l’histoire de St Bonaventure, Paris, P.U.F. 1988.

A. Nguyên Van Si, La théologie de l’imitation du Christ, selon S. Bonaventure, Rome, Antonianum, 1991.

Luc Mathieu, La Trinité créatrice, d’après saint Bonaventure, Paris, Éditions Franciscaines, 1992.

Luc Mathieu, Approche franciscaine du Mystère chrétien, Paris, Éditions Franciscaines, 1999.

E. Falque, St Bonaventure et l’entrée de Dieu en théologie, Paris, Vrin, 2000. Dizionario bonaventuriano a cura di E. Caroli (les principaux vocables désignant les thèmes de la pensée bonaventurienne) Editrici francescane, Padoue, 2008 (avec copieuse bibliographie).

3.2 Sur le web 3.2.1 Consultation Wikipédia propose l’article Bonaventure de Bagnorea en St. Bonaventure sur Catholic Encyclopedia, Robert Appleton Company, New York, 1907. Des traductions en français à consulter : http://www.abbaye-saint-benoit.ch/saints/bonaventure/ (Attention, les traductions de l’abbé Berthaumier incluent de nombreux traités qui ne sont pas authentiques)

3.2.2 Téléchargement Des œuvres de St Bonaventure à télécharger http://www.jesusmarie.com/bonaventure.html http://www.cosmovisions.com/Bonaventure.htm

 

4. A visiter Le Sanctuaire Saint-Bonaventure de Lyon : http://saintbonaventure-lyon.cef.fr/

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