saint François est né à la fin du XII siècle dans la ville d’Assise (Italie). Il est le fondateur de l’Ordre des frères mineurs et plus largement est à l’origine de la Famille franciscaine. Sa vie spirituelle, simple et originale, qui allie la prière, la pauvreté, l’évangélisation, le respect de la création, en fait un personnage universellement apprécié.
François d’Assise (saint) fondateur des frères mineurs et de la Famille franciscaine | |
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né vers | 1181, Assise Italie |
décédé le | 3 octobre 1226, Assise Italie |
canonisé le | 16 juillet 1228 par Grégoire IX |
4 octobre | Fête |
La Vie de saint François
La Vie de saint François, 1181-1226
De son nom de baptême, Jean Bernardone, François est né dans une famille bourgeoise d’Assise en 1181. Son père, Pietro di Bernardone, un riche drapier, faisait du commerce internationnal de tissus. Il aimait particulièrement la France. Aussi, son fils étant né pendant un de ses nombreux voyages et baptisé sous le nom de Jean, le père déclara qu’il s’appellerait Francesco, le « petit français ». Sa mère, Dame Pica était probablement d’origine provençale ou française. François mourra en 1226, à l’âge de 44 ans. Une vie relativement courte mais qui a décidément marqué l’histoire, l’Église, et la conscience occidentale.
Une jeunesse tourmentée
François a 16 ans quand sa ville se soulève contre les nobles, vassaux de l’Empereur. Il a 18 ans quand Assise se proclame ‘commune libre’, et il participe aux combats, à la démolition de la forteresse (la Rocca), et à la construction d’une enceinte fortifiée pour la ville. Il a 20 ans quand la ville d’Assise déclare la guerre à sa rivale Pérouse, cité pontificale. Il fut fait prisonnier et passa 2 ans en captivité dans les geôles de Pérouse, mais malade, il fut libéré. Il mène la vie d’un jeune et riche bourgeois, aimant les fêtes et la compagnie des jeunes gens et jeunes filles de son âge et de son milieu.
En 1205, dans l’espoir d’accomplir des hauts faits militaires (- c’est un lecteur passionné des romans de chevalerie -), il s’équipe richement et veut rejoindre Gauthier de Brienne, mercenaire du Pape, pour une expédition dans les Pouilles.
Processus de conversion, à partir de 1205
A peine arrivé à Spolète, à quelques kms d’Assise, il fait un songe qui l’invite à renoncer à la gloire des armes pour servir le Christ. Retour à Assise, et commencement d’un lent processus de conversion dont voici les étapes :
– * Prière assidue et recherche de la solitude,
– Amour pour les pauvres et fréquentation des lépreux, les exclus par excellence. François lui-même, dans son Testament, date sa conversion de la fréquentation des lépreux : « Le Seigneur me donna ainsi à moi, frère François, de commencer à faire pénitence : comme j’étais dans les péché, il me semblait extrêmement amer de voir des lépreux . Et le Seigneur lui-même me conduisit parmi eux et je fis miséricorde avec eux. Et en m’en allant de chez eux , ce qu me semblait amer fut changé pour moi en douceur de l’âme et du corps. » (Test. 1-3) Il quitte le monde, se retire dans une chapelle des environs d’Assise, chapelle Saint-Damien, et là il jouit d’une vision : le Christ peint au-dessus de l’autel s’anime et lui parle : « François va et répare ma maison qui, tu le vois, tombe en ruines… ».(cf Croix de Saint-Damien). L’événement de Saint-Damien est pour François une expérience décisive conjuguée avec l’expérience du Christ-souffrant dans les pauvres et les exclus. Tous les biographes de François, à commencer par ses compagnons les plus proches, situent dans cette expérience le commencement de l’itinéraire christique de François, qui le conduira à la vision de l’Alverne où le Crucifié le marqua des stigmates de la Passion : – « A partir de ce jour, son cœur fut si frappé et si profondément meurtri au souvenir de la Passion du Seigneur que, tout le reste de sa vie, il garda en son âme la mémoire des stigmates du Seigneur Jésus
La fondation d’une nouvelle famille religieuse
Dès que François eut réuni quelques compagnons, il se soucia de faire approuver son mouvement par le Pape Innocent III (1209). Cela lui semblait indispensable, bien qu’il ne s’agisse pas encore de la fondation d’un Ordre religieux, mais il fallait se démarquer de tous les groupes de laïcs qui prétendaient faire un retour à l’Évangile, tout en critiquant très vivement l’Église-cléricale de ce temps. Après la réforme cistercienne du XIIè siècle, et l’application de la réforme dite “grégorienne” (Grégoire VII) du clergé, l’Église qui avait déjà 13 siècles d’existence avait tendance à se considérer comme bien vieille, tandis que des courants millénaristes et eschatologiques rencontraient la faveur de nombreux contestataires. On comprend que dans ce contexte, François avait besoin d’une approbation ecclésiale. Les papes précédents, et Innocent III lui-même avaient déjà fulminés des interdits contre les mouvements évangéliques que nous avons évoqués et dont quelques-uns n’avaient pas hésité à braver l’excommunication et à se situer carrément en rupture ouverte, voire en rébellion contre l’Église. L’hérésie cathare, dans le midi de la France et l’Italie du Nord se confondait parfois avec ces mouvements, ou les récupérait.
La rencontre avec le pape Innocent III
– Dès son arrivée à Rome, au Palais du Latran, François et ses frères furent repoussés, par l’entourage ecclésiastique du Pape. Mais grâce à la bienveillance d’un cardinal, François put approcher le Pontife et faire entendre son projet de vie évangélique. La première réaction du pape et des cardinaux fut totalement négative. François proposait de vivre en fraternité, ayant pour seule Règle l’Évangile, et faisant obligation d’observer la béatitude de la pauvreté. Le Cardinal de Saint-Jean fit remarquer au pape que s’il trouvait que ce genre de vie était impossible, il disqualifiait l’Évangile. La légende veut que durant la nuit suivante, le Pape vit en songe la cathédrale du Latran qui s’écroulait, et qu’un petit homme, semblable à François venait la redresser. Il approuva donc verbalement le nouveau genre de vie. Plus tard, en 1215, lors du 4e Concile œcuménique du Latran, dont l’un des thèmes était la réforme de l’Église, le concile souhaita limiter le nombre des Ordres religieux en obligeant les nouveaux fondateurs à s’inspirer des règles déjà existantes. Mais on fit exception pour les Frères Mineurs antérieurement approuvés par Innocent III. La Règle des Frères Mineurs fut promulguée par de son successeur, Honorius III. (bulle Solet annuere…)
Gestes, attitudes, paroles de François qui initiaient un renouveau évangélique
Le succès de la nouvelle “Fraternité évangélique” fut foudroyant. François donna le nom de Frères mineurs à ses Frères.- En 1217, on comptait déjà près de 5000 frères. Ils seront plus de 35.000 à la fin du XIIIe siècle.
Les raisons de ce succès ? – Tout d’abord, le charisme du fondateur. Un homme issu de la nouvelle classe de la société urbaine, tournant le dos aux catégories sociales du passé, dans une société et une Église qui étaient l’une et l’autre ultra-hiérarchisées, ultra-formalisées dans des cadres juridiques très stricts. François apportait un vent de liberté, de créativité, de dépouillement, de générosité, de fraternité, de spontanéité, dans un monde rigide, cloisonné, austère, dominé par les “puissants”. Ses biographes du XIIIe siècle, comme les louanges que lui décernera l’Église officielle lors de sa canonisation, parlent continuellement de nouveauté et de renouveau : Un homme nouveau, qui apporte une nouvelle manière de vivre l’Évangile, crée un nouvel Ordre religieux, dans des lois inédites jusqu’ici, annonçant un nouvel âge pour une Église déjà vieillie.
François en Orient : la rencontre du Sultan
En 1219, François partit pour l’Orient, dans l’idée de risquer le martyr, de visiter les Lieux saints, d’être présent auprès des « croisés ». Mais en fait il fut vite déçu par l’attitude guerrière et l’absence de références évangéliques de l’armée des chrétiens, et il conçut le projet fou d’annoncer l’Évangile au Sultan. Il réussit à rencontrer le Sultan d’Égypte, Melek-el-Kamil, un Mamelouk humaniste, soucieux de comprendre ses adversaires. François l’aborda en toute simplicité et réussit à revenir sain et sauf d’une aventure qui aurait dû lui coûter la vie. Si rocambolesque que paraisse cet épisode, il est parfaitement attesté au plan historique, dans les biographies de François et, en dehors de l’Ordre franciscain, dans les chroniques contemporaines de l’événement. Cette rencontre pacifique avec l’ennemi des chrétiens marque unchangement décisif dans l’attitude de la chrétienté vis-à-vis des infidèles. Vingt cinq ans après, le Pape Innocent IV, lors du 1er Concile de Lyon (1245), donnera mission aux frères Prêcheurs et Mineurs de porter pacifiquement l’Évangile aux Musulmans et aux Mongols.
François, le Mystique
Aux yeux de ses contemporains, François apparut comme un homme de prière. D’une prière à la fois traditionnelle et rénovée, fondée sur l’Écriture Sainte et sur la Liturgie, mais aussi, prière de familiarité avec Dieu, de simplicité, d’émerveillement, d’action de grâces. Il contemple le Mystère du Christ, l’amour de Dieu manifesté dans la création et surtout dans le Salut. La Passion de Jésus est contemplée comme la preuve suprême de l’amour et de la bonté de Dieu pour les pécheurs. François accède à une compassion telle que son corps sera marqué des stigmates du Christ. Il est le premier stigmatisé connu dans l’histoire, mais surtout le seul que l’Église glorifiera comme tel, au point d’établir une fête liturgique de la stigmatisation de François d’Assise (le 17 septembre).
Quand François mourut, dépouillé de tout, entouré par ses frères qui lui lisaient le récit de l’Institution eucharistique, il était déjà considéré comme un saint, et beaucoup étaient au courant du miracle des stigmates, survenu 2 ans plus tôt, (cf. stigmates de saint François). A commencer par le Cardinal Hugolin, son ami, qui devenu Pape s’empressa de le canoniser. Mort le 4 octobre 1226, il fut canonisé 18 mois plus tard, le 16 juillet 1228, par le Pape Grégoire IX, bulle Mira circa nos. Et la rapide expansion de sa famille religieuse contribua à diffuser ses idées et à en imprégner l’Église tout entière.
Saint François écrivain
Bien qu’il se présente lui-même comme illettré, saint François a laissé de nombreux écrits de genres variés. Certains d’entre eux nous sont parvenus comme autographes, c’est-à-dire les originaux écrits par François lui-même (BLéon, LLéon). D’autres sont des copies incluses dans des « collections », tels le prestigieux manuscrit 338 de la Bibliothèque communale d’Assise, D’autres, enfin, sont tirés d’écrits divers dans lesquels ils avaient été cités (par exemple la Règle de sainte Claire).
Les Ecrits de saint François