ROGER BACON

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                Roger Bacon
frère mineur, Docteur admirable

                   né en1214, Ilchester (Angleterre)

                  décédé en1294, Oxford (Angleterre)

Frère Roger Bacon, philosophe, théologien, savant en sciences expérimentales, est un personnage inclassable dans l’univers scolastique du XIIIsiècle. On lui attribue plusieurs inventions et en raison de son intérêt pour les sciences, il fut accaparé par les alchimistes qui le considèrent volontiers, mais à tort, comme un des leurs.

Roger Bacon naquit en 1214, à Ilchester Angleterre au sein d’une famille aisée. Influencé par les enseignements de Robert Grossetête et de ses disciples, il fit à Oxford sa maîtrise es-Arts et s’intéressa très vite à la géométrie, à l’arithmétique, à la musique et à l’astronomie.

Jeune encore il partit pour l’Université de Paris pour y obtenir sa maîtrise de théologie. Il y critique chez ses confrères leur attachement à la tradition et aux méthodes répétitives de l’enseignement scolastique. (Il se moquait de la Somme Halésienne, tellement volumineuse qu’il fallait un mulet pour la transporter !). Revenu à Oxford, il s’intéresse davantage aux phénomènes de la nature, voulant substituer à l’enseignement d’Aristote l’autorité de l’expérience. Son activité scientifique lui attire de nombreux jeunes étudiants qu’il initie aux méthodes expérimentales. Il apprend les langues : latin, grec, hébreu, arabe, afin de lire les anciens textes non connus dans l’Université.

En 1256, il entre chez les Frères mineurs. Sous le généralat de Bonaventure, les Constitutions de Narbonne interdisent aux frères de publier des livres sans l’autorisation des supérieurs. Ceux-ci s’inquiètent des recherches de Roger et du coût financier de ses équipements et de ses expériences.

En science optique, on lui attribue l’invention du microscope et du télescope, mais on est certain qu’il a étudié les propriétés des lentilles et proposé plusieurs de leurs applications, telle la correction de la presbytie. On doit le considérer comme l’un des pères de la science optique. Il avait exposé la théorie des « miroirs ardents », et expliqué la formation de l’arc-en-ciel, par la réfraction de la lumière sur les gouttelettes d’eau des nuées.

Ses calculs astronomiques l’amènent à découvrir l’erreur du calendrier Julien ; il écrit donc au Pape Clément IV, en 1264, pour lui demander de rectifier le calendrier (ce qui ne sera fait qu’en 1515 !). De l’optique il passe à la physiologie de l’œil qu’il décrit le premier avec exactitude. Il projetait aussi d’écrire une sorte d’encyclopédie.

Toutes ces inventions inquiètent ses supérieurs religieux, car ses contemporains, jaloux, l’accusent de sorcellerie. Pour se défendre Roger écrit au Pape Clément IV qui a pour lui de la considération, et il lui envoie son Opus majus avec quelques instruments d’optiques qu’il a inventés. Cette démarche est contraire aux usages de l’Ordre et il doit se justifier, en accusant les théologiens et les canonistes d’obscurantisme. La mort de Clément IV lui enlève un protecteur. En 1277, le Ministre général des Franciscains, Jérôme d’Ascoli (futur Pape Nicolas IV)condamna les oeuvres de Roger Bacon, en raison de leurs nouveautés. Celui-ci affirme pourtant sa foi catholique et son attachement à l’Église. Il continue néanmoins ses recherches et ses publications jusqu’en 1290 où il est emprisonné dans son couvent et interdit d’expérimentation. Ses principaux livres sont « enchaînés » dans la bibliothèque du couvent.

On pense qu’il passa au moins deux ans en prison dont il sortit en raison de ses infirmités et de son grand âge. Il avait commencé d’écrire un livre sur Les principes généraux de la philosophie naturelle, et un autre sur les principes généraux des mathématiques. Il meurt à Oxford en 1294.

La réputation d’alchimiste et même de sorcellerie qu’on lui a faite, dès son vivant l’a fait récupérer par la suite par les alchimistes, les occultistes et les astrologues qui jusqu’à nos jours mirent sous son nom diverses œuvres anonymes des XIIIe et XIVe siècles , dont il n’est assurément pas l’auteur.

Son œuvre 

Nous ne retenons ici que les principales œuvres éditées et jugées authentiques, mais beaucoup d’œuvres de Bacon sont encore inédites, et beaucoup d’autres sont douteuses. (Cette liste partielle est empruntée à « The Franciscan Authors » : http://users.bart.nl/~roestb/franciscan/ qui donne une liste développée.)

Opus Minus, ed. J.S. Brewer, Rolls Series, 15 (London, 1859), 313-389

Opus Majus, ed. J.H. Bridges, 3 Vols. (Oxford, 1897-1900)

Rogeri Baconis Moralis Philosophia, ed. E. Massa (Verona-Zürich, 1953) [=Part VII of the Opus Majus]

De Signis, ed. K.M. Fredborg et.al., Traditio, 34 (1978), 75-136 [=chapter from the third part of the Opus Majus unedited by Bridges]

Opus Tertium, ed. J.S. Brewer, Rolls Series, 15 (1859), 3-310/ ed. [with corrections and extensions] A.G. Little, British Society of Franciscan Studies, 4 Oxford, 1912)/ ed. P. Duhem, Un fragment inédit de l’Opus Tertium de Roger Bacon (Quaracchi, 1909)

Tractatus de Influentiis Agentium. Prologus, ed. F. Delorme, Antonianum 18 (1943), 81-90.

Compendium Studii Philosophiae, ed. J.S. Brewer, Rolls Series, 15 (1859), 393-519

Epistola ad Clementem IV Papam [1267=introductory summary of the Opus Maius, the Opus Minus and the Opus Tertium], ed. E. Bettoni (Milan, 1964)

Tractatus Expositorius Enigmatum Alchemiae [=Appendix to the Opus Tertium], ed. A.G. Little, British Society of Franciscan Studies, 4 (Oxford, 1912) 79-89/ ed. P. Duhem, Un fragment inédit de l’Opus Tertium de Roger Bacon (Quaracchi, 1909)

Epistola de Secretis Operibus Naturae et de Nullitate Magiae, ed. J.S. Brewer, Rolls Series, 15 (London, 1859), 523-551

Compendium Studii Theologiae, ed. H. Rashdall, British Society of Franciscan Studies, 3 (Oxford, 1911)/ ed. T.S. Maloney. –

N.B. La bibliographie concernant Roger Bacon est surtout en langue anglaise. Pour en savoir davantage, on peut consulter : Alain de Libéra, »Roger Bacon » in Dictionnaire du Moyen-Age, Publié sous la direction de Claude Gauvard, Alain de Libera, Michel Zink, Paris, PUF, 2002

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