COMMENT IL CONNUT PAR L’ESPRIT LE DÉSIR DE DEUX FRÈRES ET COMMENT IL SORTIT DE SA CELLULE POUR LES BÉNIR.
- Le saint avait coutume de passer dans une cellule solitaire toute sa journée ; il ne rejoignait ses frères que lorsqu’il avait très faim, et ce n’était pas aux heures prévues, parce qu’il était souvent bien plus accaparé par son besoin de contemplation, plus exigeant encore[1].
Or deux frères dont la vie était agréable aux yeux de Dieu, arrivèrent un jour de très loin au couvent de Greccio : ils venaient uniquement pour voir le saint et recevoir sa bénédiction qu’ils désiraient depuis longtemps. Mais ils ne le trouvèrent pas, car il avait quitté la communauté pour se retirer dans sa cellule ; ils en furent très chagrinés, car on ne pouvait guère prévoir le moment de son retour ; force leur était d’attendre là. Ils attribuèrent à leurs péchés cette disgrâce et s’éloignèrent la mort dans l’âme. Les compagnons du bienheureux François les escortèrent sur la route, cherchant à les consoler, mais, arrivés à la distance d’un jet de pierre du couvent, ils entendirent le saint les appeler à grands cris ; François disait en même temps à l’un de ses compagnons : « Va dire à mes frères qui sont venus ici de se tourner vers moi. » Et quand les frères se furent tournés vers lui, il traça sur eux le signe de la croix et les bénit tendrement. Leur joie fut d’autant plus grande qu’ils avaient à la fois obtenu satisfaction et bénéficié d’un miracle ; ils prirent le chemin du retour en louant et bénissant le Seigneur.
[1] La scène se passe à Rieti, pendant le carême. Cf. LP 31.