CHAPITRE 74
COMMENT LA PUISSANCE DE SA PAROLE CHASSA D’AREZZO LES DÉMONS, PAR L’INTERMÉDIAIRE DE FRÈRE SYLVESTRE.
108. Ses paroles n’étaient pas efficaces seulement en sa présence ; même transmises par autrui, elles ne revenaient pas sans avoir produit leur effet1.
Il advint par exemple qu’un jour, passant par Arezzo, il trouva la ville toute bouleversée par une émeute et à deux doigts de la ruine. Logé dans le faubourg, hors des remparts, l’homme de Dieu vit les démons qui menaient joyeux sabbat au-dessus de la ville et poussaient à s’entre-détruire les habitants déchaînés. Il appela frère Sylvestre, un homme de Dieu doué d’une délicieuse simplicité, et lui dit : « Va devant les portes de la ville et ordonne aux démons, de la part du Dieu tout-puissant, de s’enfuir au plus tôt. » La simplicité se met aux ordres de l’obéissance : le frère s’en va, chantant des hymnes sur la route à la face de Dieu2, et crie à tue-tête devant la porte : « Démons, de la part de Dieu et par ordre de notre Père François, enfuyez-vous tous loin d’ici ! » En peu de temps, la ville retrouva la paix, et c’est en toute sérénité que fut désormais respectée la charte établissant les droits de chacun.
Au premier sermon qu’il leur fit ensuite, le bienheureux François commença par ces mots : « Je vous parle comme à des gens qui étaient jadis courbés sous le joug du démon, prisonniers de ses chaînes, mais que les prières d’un pauvre homme ont réussi à délivrer. »
1 Allusion à l’un des plus beaux textes prophétiques sur la puissance de la Parole créatrice de Dieu : Is 55 10-11.
2 Ps 94 2.