LETTRE A TOUS LES CLERCS

Saint François avait, dans la lettre précédente, rappelé à tous les fidèles les exigences de leur baptême. A tous les clercs il rappelle maintenant l’un des devoirs de leur vocation : le respect du Corps et du Sang du Christ. On retrouve ici, comme en plusieurs autres écrits de saint François, l’influence du quatrième Concile de Latran (1215) et de ses prescriptions concernant le Mystère eucharistique et la vénération qui lui est due. Remarquer aussi le témoignage fourni par François de son appartenance à l’ordre des diacres, lorsqu’il dit que le Seigneur se livre en « nos » mains, et que « nous » le tenons (cf verset 8).

1 Considérons attentivement, nous tous qui sommes clercs, le grand péché et l’ignorance dont certains se rendent coupables envers le Corps et le Sang très saints de notre Seigneur Jésus-Christ, ainsi qu’envers les manuscrits portant ses divins Noms et ses saintes paroles en vertu desquelles son Corps est rendu présent. 2 Son Corps, nous le savons, ne peut être rendu présent sans les paroles de la Consécration.

3 En ce monde, en effet, nous ne possédons rien de visible ni de sensible du Très-Haut, si ce n’est son Corps et son Sang, ses Noms et ses paroles, par lesquels nous avons été créés, et par lesquels nous avons été rachetés de la mort à la vie. 4 Il faudrait donc que tous les ministres de si saints mystères – surtout ceux qui s’en acquittent sans égards – réfléchissent sur le triste état des calices, des corporaux et des linges qui servent au sacrifice du Corps et du Sang de notre Seigneur Jésus-Christ. 5 Il y en a beaucoup aussi qui laissent l’Eucharistie à l’abandon en des endroits malpropres, la transportent sans honneur, la reçoivent indignement, et la distribuent aux autres sans discernement. 6 Quant aux textes comportant les Noms et les paroles du Seigneur, on va parfois jusqu’à les fouler aux pieds. 7 C’est que l’homme animal ne perçoit pas les choses de Dieu .

8 Et toutes ces profanations ne nous émeuvent pas de pitié, alors que le Seigneur pousse la bonté jusqu’à s’abandonner à nos mains, alors que chaque jour nous le tenons, et que nos lèvres le reçoivent ? 9 Aurions-nous oublié que nous devons un jour tomber entre ses mains ?

10 Corrigeons-nous donc, sans tarder et radicalement, de toutes ces fautes et de toutes les autres. 11 Partout où le très saint Corps de notre Seigneur Jésus-Christ sera trouvé placé ou abandonné au mépris de toutes les lois, qu’on le retire de cet endroit pour le mettre en place d’honneur, où on le conservera bien gardé. 12 De même, les manuscrits contenant les Noms et les paroles du Seigneur, partout où on les trouvera dans la malpropreté, on devra les recueillir et les ranger en un endroit décent.

13 Nous savons que nous sommes tenus d’observer ces règles plus que tout, selon les préceptes du Seigneur et les lois de notre sainte Mère l’Église. 14 Celui qui ne les observerait pas, qu’il sache qu’il devra en rendre compte au jour du Jugement devant notre Seigneur Jésus-Christ. 15 Et celui qui fera copier cet écrit pour qu’il soit mieux mis en pratique, qu’il sache qu’il est béni du Seigneur.

Les Éditions Franciscaines de Paris autorisent l’École Franciscaine de Paris à reproduire intégralement les Écrits de François et de Claire, moyennant le rappel du Copyright.
Copyright : Éditions Franciscaines,¨Paris, Les Écrits de S. François et de Ste Claire (1996)

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