LETTRE A TOUT L’ORDRE

Sur la foi d’un manuscrit, on l’appelait autrefois « Lettre au chapitre ». Mieux vaut cependant adopter une dénomination plus conforme à l’adresse de la lettre et à la tradition : « Lettre à tout l’Ordre » ; les destinataires sont énumérés avec précision. C’est, après la Règle et le Testament, le texte de saint François qui est reproduit par le plus grand nombre de manuscrits. Contenu et forme, il mérite cette grande diffusion. Sa doctrine sur l’Eucharistie reflète les enseignements du Concile de Latran (1215). La ferveur est remarquable, jusque dans le style, digne des grands mystiques. L’oraison finale, une des perles de la littérature spirituelle, est un résumé saisissant de la vie chrétienne : néant de l’homme, appel de Dieu, médiation du Christ.

 

 

1 Au nom de la souveraine Trinité et de la sainte Unité, Père, Fils et Saint-Esprit. Amen.

2 A tous ses frères, auxquels il doit grand amour et respect : au frère …, Ministre général de l’Ordre des Frères Mineurs, son seigneur, et aux autres Ministres généraux qui viendront après lui ; à tous les ministres, custodes et prêtres de cette fraternité, qui sont humbles dans le Christ ; à tous les frères simples et obéissants, des premiers arrivés aux derniers qui viendront,

3 le frère François, homme fragile et méprisable, votre tout petit serviteur, salut en celui qui nous a rachetés et lavés par son sang précieux, 4 en celui que vous devez adorer avec crainte et respect, prosternés jusqu’à terre dès que vous entendez son nom, en celui dont le nom est le Seigneur Jésus-Christ, Fils du Très-Haut, qui est béni dans tous les siècles.

5 Ecoutez, fils du Seigneur, mes frères ; prêtez l’oreille à mes paroles ; 6 tendez l’oreille de votre cœur et obéissez à la voix du Fils de Dieu. 7 Gardez de tout votre cœur ses commandements et accomplissez parfaitement ses conseils. 8 Proclamez qu’il est bon  ; tout ce que vous faites, faites-le à sa louange . 9 Car s’il vous a envoyés dans le monde entier, c’est pour que, de parole et d’action, vous rendiez témoignage à sa parole et que vous fassiez savoir à tous qu’il n’y a de tout puissant que lui. 10 Persévérez dans la discipline et dans la sainte obéissance ; ce que vous lui avez promis, observez-le avec fidélité et générosité.

11 Le Seigneur Dieu s’offre à nous comme à des fils. 12 Je vous en prie donc instamment, vous tous mes frères, en vous baisant les pieds et avec tout l’amour dont je suis capable : témoignez tout le respect et tout l’honneur que vous pourrez au Corps et au Sang très saints de notre Seigneur Jésus-Christ, 13 en qui tout ce qu’il y a dans le ciel et tout ce qu’il y a sur la terre a été pacifié et réconcilié au Dieu tout puissant.

14 Je prie aussi dans le Seigneur tous les frères prêtres, ceux qui sont, ceux qui seront, ceux qui désirent devenir prêtres du Très-Haut : lorsqu’ils veulent célébrer la messe, qu’ils soient purs, qu’ils accomplissent purement et avec respect le véritable sacrifice du Corps et du Sang très saints de notre Seigneur Jésus-Christ, dans une intention sainte et pure, et non en raison d’un intérêt matériel quelconque, ni par crainte ou amour de qui que ce soit, comme pour plaire aux hommes. 15Que vers Dieu, au contraire, se tende leur volonté, avec l’aide de la grâce, pour ne plaire qu’à lui seul, le souverain Seigneur. Car lui seul opère dans ce mystère comme il lui plaît. 16 Il a dit lui-même : Faites ceci en mémoire de moi . Si quelqu’un agissait avec une autre intention que celle-là, il deviendrait un nouveau Judas, un traître, et se rendrait coupable envers le Corps et le Sang du Seigneur .

17 Rappelez-vous, mes frères prêtres, ce qui est écrit de la loi de Moïse : celui qui la méprisait, même dans ses prescriptions matérielles, était sans aucune pitié puni de mort , en vertu d’une sentence du Seigneur. 18 Combien plus grands et redoutables les supplices mérités par qui foule aux pieds le Fils de Dieu, par qui croit pouvoir souiller le sang de l’Alliance en laquelle il a été sanctifié, par qui outrage l’Esprit de grâce  ! 19 On méprise, on souille, on foule aux pieds l’Agneau de Dieu, quand, selon la parole de l’ Apôtre, on ne sépare pas et on ne distingue pas des autres nourritures le pain sacré du Christ, ni des autres actions son sacrifice, et quand on le mange sans être en état de grâce  ; ou même quand on le mange en état de grâce, mais sans attention ni respect. Car le Seigneur dit par le Prophète : Maudit soit l’homme qui fraude dans l’accomplissement du sacrifice de Dieu  ! 20 Les prêtres qui ne veulent pas admettre sincèrement cela dans leur cœur, le Seigneur les condamne lorsqu’il dit : Je maudirai vos bénédictions.

21 Ecoutez, mes frères. Si la bienheureuse Vierge Marie est tellement honorée – et c’est justice – parce qu’elle a porté le Christ dans son sein très béni ; si le Baptiste bienheureux a tremblé, n’osant même pas toucher la tête sacrée de son Dieu ; si le tombeau dans lequel le corps du Christ a été couché pour quelque temps est entouré de vénération : 22 comme il doit être saint, juste et digne, celui qui touche de ses mains, reçoit dans sa bouche et dans son cœur et donne aux autres en nourriture le Christ qui maintenant n’est plus mortel, mais éternellement vainqueur et glorieux, celui sur qui les anges désirent jeter les yeux  !

23 Voyez votre dignité, frères prêtres et soyez saints parce qu’il est saint. 24 Plus que tous, à cause de ce ministère, le Seigneur Dieu vous a honorés ; plus que tous, vous aussi, aimez-le, révérez-le, honorez-le. 25 Grande misère et misérable faiblesse si, le tenant ainsi présent entre vos mains, vous vous occupez de quelque autre chose au monde !

26 Que tout homme craigne, que le monde entier tremble, et que le ciel exulte, quand le Christ, Fils du Dieu vivant, est sur l’autel entre les mains du prêtre ! 27 O admirable grandeur et stupéfiante bonté ! O humilité sublime, O humble sublimité ! Le maître de l’univers, Dieu et Fils de Dieu, s’humilie pour notre salut, au point de se cacher sous une petite hostie de pain ! 28 Voyez frères, l’humilité de Dieu, et faites-lui l’hommage de vos cœurs . Humiliez-vous, vous aussi, pour pouvoir être exaltés par lui. 29 Ne gardez pour vous rien de vous, afin que vous reçoive tout entiers Celui qui se donne à vous tout entier.

30 Je donne en outre cet avis et cette exhortation dans le Seigneur : dans les résidences où demeurent les frères, qu’on ne célèbre qu’une messe par jour selon le rite de la sainte Église. 31 S’il s’y trouve plusieurs prêtres, que, par amour de la charité, ils se contentent d’assister à la messe célébrée par l’un d’eux. 32 En effet, le Seigneur Jésus-Christ remplit tous ceux qui sont dignes de lui, absents aussi bien que présents. 33 Il semble se trouver en de nombreux endroits : malgré cela il demeure indivisible et ne connaît aucune espèce de morcellement ; il est tout entier partout, et il agit comme il lui plaît, avec le Seigneur Dieu, Père et Esprit Saint Paraclet, dans les siècles des siècles. Amen.

34 Ensuite, puisque celui qui est de Dieu écoute les paroles de Dieu , nous devons, nous qui sommes plus spécialement affectés au service des sacrements de Dieu, non seulement écouter et faire ce que Dieu dit, mais encore, pour nous pénétrer nous-mêmes de la grandeur de notre Créateur, lui témoigner notre soumission, veiller avec soin sur les vases sacrés et aussi sur les écrits et les livres liturgiques qui contiennent ses saintes paroles. 35 Aussi j’avertis tous mes frères et dans le Christ je les y engage : partout où ils trouveront des écrits contenant les paroles de Dieu, qu’ils les vénèrent de leur mieux. 36 Pour autant que cela les concerne, si ces paroles ne sont pas conservées décemment, ou si elles gisent éparses en quelque lieu peu convenable, que les frères les recueillent et les rangent soigneusement, honorant dans ces textes le Seigneur qui les a proclamées. 37 Car beaucoup de choses sont sanctifiées par les paroles de Dieu, et c’est la puissance des paroles du Christ qui accomplit le sacrement de l’autel.

38 Et maintenant je confesse tous mes péchés au Seigneur Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit ; à la bienheureuse Marie toujours vierge ; à tous les saints dans le ciel ou sur la terre ; au frère … Ministre général de notre Ordre, qui est mon seigneur et auquel je dois respect ; à tous les prêtres de notre Ordre et à tous mes frères bénis : 39 sur beaucoup de points j’ai péché par ma grande faute ; spécialement j’ai manqué à la Règle que j’avais promis au Seigneur d’observer, et je n’ai pas dit l’Office comme la Règle le prescrit : soit par négligence, soit à l’occasion de mes maladies, soit parce que je suis ignorant et sans culture. 40 C’est pourquoi je conjure de tout mon pouvoir le frère …, Ministre général, de faire observer la Règle inviolablement par tous ; 41 et je supplie les clercs de célébrer leur Office en présence de Dieu sans s’attacher à la mélodie de la voix mais à l’accord de l’esprit, en sorte que la voix soit d’accord avec l’esprit et l’esprit d’accord avec Dieu ; 42 qu’ils puissent, par leur pureté d’intention, plaire à Dieu, et non flatter les oreilles du peuple par la mollesse de leur chant.

43 Pour moi, je promets d’observer tout cela fidèlement, dans la mesure où le Seigneur m’en donnera la grâce. Aux frères qui sont avec moi je transmettrai ces ordonnances afin qu’ils y soient fidèles, tant pour l’Office que pour les autres observances régulières. 44 Tous ceux des frères qui refuseront d’observer ces lois, je ne les tiens ni pour catholiques ni pour mes frères ; je ne veux même ni les voir ni leur parler, tant qu’ils n’auront pas fait pénitence. 45 J’en dis autant de tous ceux qui s’en vont errant à leur gré, au mépris de la discipline prévue par la Règle, 46 car notre Seigneur Jésus-Christ a donné sa vie pour ne pas manquer à l’obéissance envers son Père très saint.

47 Moi, frère François, homme inutile et indigne créature du Seigneur Dieu, je dis, par notre Seigneur Jésus-Christ, au frère …, Ministre de notre Ordre, et à tous les Ministres généraux qui viendront après lui, ainsi qu’à tous les autres custodes et gardiens des frères, présents et à venir : que cet écrit, ils doivent le garder sur eux, le mettre en pratique et le conserver soigneusement. 48 Je les supplie d’observer eux-mêmes avec soin son contenu, et de le faire observer avec application selon qu’il plaira au Dieu tout puissant, maintenant et toujours, tant que le monde durera.

49 Bénis soyez-vous du Seigneur, vous qui observez tout ce qui vient d’être dit, et que le Seigneur soit avec vous à jamais. Amen.

Oraison

50 Dieu tout puissant, éternel, juste et bon, par nous-mêmes nous ne sommes que pauvreté ; mais toi, à cause de toi-même, donne-nous de faire ce que nous savons que tu veux, et de vouloir toujours ce qui te plaît ; 51 ainsi nous deviendrons capables, intérieurement purifiés, illuminés et embrasés par le feu du Saint-Esprit, de suivre les traces de ton Fils bien-aimé notre Seigneur Jésus-Christ, 52 et, par ta seule grâce, de parvenir jusqu’à toi, Très-Haut, qui, en Trinité parfaite et très simple Unité, vis et règnes et reçois toute gloire, Dieu tout puissant dans tous les siècles des siècles. Amen.

Les Éditions Franciscaines de Paris autorisent l’École Franciscaine de Paris à reproduire intégralement les Écrits de François et de Claire, moyennant le rappel du Copyright.
Copyright : Éditions Franciscaines,¨Paris, Les Écrits de S. François et de Ste Claire (1996)

 

EPISTOLA TOTI ORDINI MISSA (EPORD)

In nomine summae Trinitatis et sanctae Unitatis Patris et Filii et Spiritus Sancti. Amen

Reverendis et multum diligendis fratribus universis, fratri A, generali ministro religionis minorum fratrum, domino suo et ceteris ministris generalibus, qui post eum erunt, et omnibus ministris et custodibus et sacerdotibus fraternitatis eiusdem in Christo humilibus et omnibus fratribussimplicibus et obedientibus, primis et novissimis, frater Franciscus, homo vilis et caducus, vester parvulus servulus, salutem in eo qui redemit et lavit nos in pretiosissimo sanguine suo (cfr. Apoc 1, 5), cuius nomen audientes adorate eum cum timore et reverentia proni in terra (cfr. 2 Esdr 8, 6), Dominus Jesus Christus, Altissimi Filius nomen illi (cfr. Lc 1, 32), qui est benedictus in saecula (Rom 1, 25).

Audite, domini filii et fratres mei, et auribus percipite verba mea (Act 2, 14). Inclinate aurem (Is 55, 3) cordis vestri et obedite voci Filii Dei. Servate in toto corde vestro mandata eius et consilia eius perfecta mente implete. Confitemini ei quoniam bonus (Ps 135, 1) et exaltate eum in operibus vestris (Tob 13, 6); quoniam ideo misit vos (cfr. Tob 13, 4) in universo mundo, ut verbo et opere detis testimonium voci eius et faciatis scire omnes, quoniam non est omnipotens praeter eum (Tob 13, 4). In disciplina et obedientia sancta perseverate (Hebr 12, 7) et quae promisistis ei bono et firmo proposito adimplete. Tamquam filiis offert se nobis Dominus Deus (Hebr 12, 7).

Deprecor itaque omnes vos fratres cum osculo pedum et ea caritate, qua possum, ut omnem reverentiam et omnem honorem, quantumcumque poteritis, exhibeatis sanctissimo corpori et sanguini Domini nostri Jesu Christi, in quo quae in caelis et quae in terris sunt, pacificata sunt et reconciliata omnipotenti Deo (cfr. Col 1, 20).

Rogo etiam in Domino omnes fratres meos sacerdotes, qui sunt et erunt et esse cupiunt sacerdotes Altissimi, quod quandocumque missam celebrare voluerint, puri pure faciant cum reverentia verum sacrificium sanctissimi corporis et sanguinis Domini nostri Jesu Christi sancta intentione et munda non pro ulla terrena re neque timore vel amore alicuius llominis, quasl placentes hominibus (cfr. Eph 6, 6; Col 3, 22); sed omnis voluntas, quantum adiuvat gratia, ad Deum dirigatur soli ipsi summo Domino inde placere desiderans, quia ipse ibi solus operatur sicut sibi placet; quoniam sicut ipse dicit: Hoc facite in meam commemorationem (Lc 22, 19; 1 Cor 11, 24); si quis aliter fecerit, Judas traditor efficitur et reus fit corporis et sanguinis Domini (cfr. 1 Cor 11, 27).

Recordamini, fratres mei sacerdotes, quod scriptum est de lege Moysi, quam transgrediens etiam in corporalibus sine ulla miseratione per sententiam Domini moriebatur (cfr. Hebr 10, 28). Quanto maiora et deteriora meretur pati supplicia, qui Filium Dei conculcaverit et sanguinem testamenti pollutum duxerit, in quo sanctificatus est, et Spiritui gratiae contumeliam fecerit (Hebr 10, 29) ? Despicit enim homo, polluit et conculcat Agnum Dei, quando, sicut dicit apostolus, non diiudicans (1 Cor 11, 29) et discernens sanctum panem Christi ab aliis cibariis vel operibus vel indignus manducat vel etiam, si esset dignus, vane et indigne manducat, cum Dominus per prophetam dicat: Maledictus homo, qui opus Dei facit fraudulenter (cfr. Jer 48, 10). Et sacerdotes, qui nolunt hoc ponere super cor, in veritate condemnat dicens: Maledicam benedictionibus vestris (Mal 2, 2).

Audite, fratres mei: Si beata Virgo sic honoratur, ut dignum est, quia ipsum portavit in sanctissimo utero; si Baptista beatus contremuit et non audet tangere sanctum Dei verticem; si sepulcrum, in quo per aliquod tempus iacuit, veneratur, quantum debet esse sanctus, iustus et dignus, qui non iam moriturum, sed in aeternum victurum et glorificatum , in quo desiderant angeli prospicere (1 Petr 1, 12), contractat manibus, corde et ore sumit et aliis ad sumendum praebet!

Videte dignitatem vestram, fratres (cfr. 1 Cor 1, 26) sacerdotes, et estote sancti, quia ipse sanctus est (cfr. Lev 19, 2). Et sicut super omnes propter lloc ministerium honoravit vos Dominus Deus, ita et vos super omnes ipsum diligite, reveremini et honorate. Magna miseria et miseranda infirmitas, quando ipsum sic praesentem habetis et vos aliqui aliud in toto mundo curatis. Totus homo paveat, totus mundus contremiscat, et caelum exsultet, quando super altare in manu sacerdotis est Christus, Filius Dei vivi (Joa 11, 27)! O admiranda altitudo et stupenda dignatio! O humilitas sublimis! O subl imitas humilis, quod Dominus universitatis, Deus et Dei Filius, sic se humiliat, ut pro nostra salute sub modica panis formula se abscondat! Videte, fratres, humilitatem Dei et effundite coranl illo corda vestra (Ps 61, 9); humiliamini et vos, ut exaltemini ab eo (cfr 1 Petr 5, 6; Jac 4, 10). Nihil ergo de vobis retineatis vobis, ut totos vos recipiat, qui se vobis exhibet totum.

Moneo propterea, et exhortor in Domino, ut in locis, in quibus fratres morantur, una tantum missa celebretur in die secundum formam sanctae ecclesiae. Si vero pIures in loco fuerint sacerdotes, sit per amorem caritatis alter contentus auditu celebrationis alterius sacerdotis; quia praesentes et absentes replet, qui eo digni sunt, Dominus Jesus Christus. Qui, licet in pluribus locis esse videatur, tamen indivisibilis manet et aliqua detrimenta non novit, sed unus ubique, sicut ei placet, operatur cum Domino Deo Patre et Spiritu Sancto Paraclito in saecula saeculorum. Amen.

Et, quia qui est ex Deo verba Dei audit (cfr. Joa 8, 47), debemus proinde nos, qui specialius divinis sumus officiis deputati, non solum audire et facere quae dicit Deus, verum etiam ad insinuandam in nobis altitudinem Creatoris nostri et in ipso subiectionem nostram vasa et officialia cetera custodire, quae continent verba sua sancta Propterea moneo fratres meos omnes et in Christo conforto, quatinus, ubicumque invenerint divina verba scripta, sicut possunt. venerentur; et, quantum ad eos spectat, si non sunt reposita bene vel inhoneste iacent in loco aliquo dispersa, recolligant et reponant honorantes in sermonibus Dominum, quos locutus est (3 Reg 2, 4). Multa enim sanctificantur per verba Dei (cfr. 1 Tim 4, 5), et in virtute verborum Christi altaris conficitur sacramentum.

Confiteor praeterea Domino Deo Patri et Filio et Spiritui Sancto, beatae Mariae perpetuae Virgini et omnibus sanctis in caelo et in terra, fratri H ministro religionis nostrae sicut venerabili domino meo et sacerdotibus ordinis nostri et omnibus aliis fratribus meis benedictis omnia peccata mea. In multis offendi mea gravi culpa, specialiter quod regulam, quam Domino, promisi, non servavi, nec officium, sicut regula praecipit, dixi sive negligentia sive infirmitatis meae occasione sive quia ignorans sum et idiota. Ideoque per omnia oro, slcut possum, fratrem H generalem dominum meum ministrum, ut faciat reguIam ab omnibus inviolabiliter observari; et quod clerici dicant officium cum devotione coram Deo non attendentes melodiam vocis, sed consonantiam mentis, ut vox concordet menti, mens vero concordet cum Deo, ut possint per puritatem cordis placare Deum et non cum lascivitate vocis aures populi demulcere . Ego enim promitto haec firmiter custodire, sicut dederit mihi gratiam Deuset haec fratribus, qui mecum sunt, observanda tradam in officio et ceteris regularibus constitutis .

Quicumque autem fratrum haec observare noluerint, non teneo eos catholicos nec fratres meos; nolo etiam ipsos videre nec loqui, donec poenitentiam egerint. Hoc etiam dico de omnibus aliis, qui vagando vadunt, postposita regulae disciplina; quoniam Dominus noster Jes~ls Christus dedit vitam suam, nec perderet sanctissimi Patris obedientiam (cfr. Phil 2, 8).

Ego frater Franciscus, homo inutilis et indigna creatura Domini Dei, dico per Dominum Jesum Christum fratri H ministro totius religionis nostrae et omnibus generalibus ministris, qui post eum erunt, et ceteris custodibus et guardianis fratrum, qui sunt et erunt, ut hoc scriptum apud se habeant, operentur et studiose reponant. Et exoro ipsos, ut, quae scripta sunt in eo, sollicite custodire ac facere diligentius observari secundum beneplacitum omnipotentis Dei, nunc et semper, donec fuerit mundus iste.

Benedicti vos a Domino (Ps 113, 23), qui feceritis ista et in aeternum Dominus sit vobiscum. Amen .

(Oratio)

Omnipotens, aeterne, iuste et misericors Deus, da nobis miseris propter temetipsum facere, quod scimus te velle, et semper velle, quod tibi placet, ut interius mundati, interius illumihati et igne sancti Spiritus accensi sequi possimus vestigia (cfr 1 Petr 2, 21) dilecti Filii tui, Domini nostri Jesu Christi, et ad te, Altissime, sola tua gratia pervenire, qui in Trinitate perfecta et Unitate simplici vivis et regnas et gloriaris Deus omnipotens per omnia saecula saeculorum. Amen 

 

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