FRÈRE LE CORPS
- Il disait encore : « Le diable exulte quand il peut éteindre ou empêcher dans le cœur du serviteur de Dieu la dévotion et la joie causée par une pure prière ou d’autres bonnes oeuvres. Si le démon prend barre sur un serviteur de Dieu, et si celui-ci n’a pas la sagesse d’éliminer cette attache au plus tôt par la confession, la contrition et la satisfaction, il suffit au démon de tenir un cheveu pour en faire un joug de plus en plus pesant. » Il ajoutait : « Pour le manger, le dormir et les autres nécessités du corps, le serviteur de Dieu doit agir avec discrétion, afin que frère corps n’ait aucun prétexte à murmurer : « Je ne puis ni rester debout, ni demeurer longtemps en prière, ni conserver la joie dans mes tribulations, ni accomplir d’autres bonnes oeuvres, car tu ne me procures pas ce dont j’ai besoin ! » Si, au contraire, le serviteur de Dieu pourvoit avec discrétion aux nécessités de son corps en gardant la juste mesure, et que frère corps ensuite soit paresseux, négligent ou somnolent dans la prière, les veilles et autres bonnes oeuvres spirituelles, il doit alors le châtier comme une bête de somme vicieuse et paresseuse qui veut manger mais refuse de travailler et de porter sa charge. « Et si le dénuement et la pauvreté ne permettent pas de donner à frère corps, malade ou bien-portant, ce dont il a besoin ou ce qu’il a demandé honnêtement et humblement à son frère ou à son supérieur pour l’amour de Dieu, alors, que frère corps supporte patiemment ses privations pour l’amour du Seigneur ; le Seigneur les considérera et les lui comptera comme martyre. Et puisque le frère a fait ce qui dépendait de lui, en exposant sa situation, on ne pourra le tenir pour coupable, même si le corps devait en subir de graves conséquences. »