LÉGENDE DE PÉROUSE 97

LA VERTU DE JOIE 

  1. Du début de sa conversion jusqu’au jour de sa mort, le bienheureux François a toujours été très rude pour son corps. Mais son principal et suprême souci fut de posséder et de conserver toujours au-dedans et au-dehors la joie spirituelle. Il affirmait que si le serviteur de Dieu s’efforçait de posséder et de conserver la joie spirituelle intérieure et extérieure qui procède de la pureté du cœur, les démons ne pourraient lui faire aucun mal, contraints de reconnaître :
    « Puisque ce serviteur de Dieu conserve sa joie dans la tribulation comme dans la prospérité, nous ne pouvons trouver aucun accès pour nuire à son âme. »                                                                                                                                                   Un jour, il reprit un de ses compagnons qui avait l’air triste et le visage chagrin : « Pourquoi manifester ainsi la tristesse et la douleur que tu ressens de tes péchés ? C’est affaire entre Dieu et toi. Prie-le de te rendre, par sa bonté, la joie du salut[1]. Devant moi et devant les autres, tâche de te montrer toujours joyeux, car il ne convient pas qu’un serviteur de Dieu paraisse devant les frères ou les autres hommes avec un visage triste et renfrogné[2] ».                           Il disait aussi : « Je sais que les démons me jalousent à cause de toutes les grâces que j’ai reçues de la bonté du Seigneur. Comme ils ne peuvent me nuire directement, ils s’efforcent de le faire dans mes compagnons. S’ils ne peuvent atteindre ni moi-même ni mes compagnons, ils se retirent, pleins de confusion. En revanche, s’il m’arrive d’être tenté et abattu[3], il me suffit de contempler la joie d’un compagnon, et je passe de la tentation et de l’abattement à la joie intérieure[4]. »

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[1] Ps 50 14.

[2] Le P. Delorme dit en note, à propos de ce dernier mot : « Je doute beaucoup de la leçon turbulentum de 2 C 128. » C’est pourtant une citation probable d’ls 42 4.

[3] Acidiosus : la paresse spirituelle ou dégoût du bien et de Dieu, était alors considérée comme l’un des péchés capitaux.

[4] « Le scribe ayant laissé en blanc le restant du fol. 124, ici finit le texte intégral de la Leg. Ant, donné en section III par le ms de Pérouse. Pour son étendue et son importance il méritait de figurer en première ligne. Des sections I (mixture de récits sans homogénéité) et II (Purs extraits de 2 C) il ne reste que nos numéros 98-117. Nous les retenons en dernier lieu, mais à part et sans les chapitres directement célaniens. » (Delorme).

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