Élie Bambarone, le frère Élie d’Assise, ou Élie de Cortone, bien qu’il ait été très proche de saint François, et désigné par lui pour lui succéder, a été longtemps tenu en disgrâce dans la Famille franciscaine. « Personnalité multiforme, il joua, dans l’histoire de l’Ordre et l’évolution de l’idéal franciscain, un rôle considérable et fort discuté. » Damien Vorreux, documents, p 1381. Si Thomas de Celano le présente avec beaucoup de respect et d’admiration, ce n’est pas le cas pour les Fioretti qui exprime la vision du mouvement des Spirituels. Notons que sainte Claire le recommande à Agnès de Prague plutôt qu’aux autres : « Pour parcourir plus sûrement la voie des commandements du Seigneur, suis le conseil de notre vénérable père, notre frère Élie, ministre général ; préfère-le aux conseils des autres et considère le pour toi comme plus cher que tout don ». 2LAg 23
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Précédé par Pierre de Catane |
Élie d’Assise de 1221 à 1227 nommé par François
Suivi par Jean Parenti Puis à nouveau Élie d’Assise |
Suivi d’Albert de Pise |
Liste des ministres généraux |
Sa vie
Il nait vers entre 1175 et 1180 à Assise.
Il rejoint le premier petit groupe, la Fraternitas, de François d’Assise après la reconnaissance de leur Propositum par le Pape Innocent III en 1209. Il entre avec les frères Jean le Simple, Rufin de Scipione, Léon, Genièvre, Jacques, Thibaud, Augustin, Massée de Marignan, Illuminé de Rieti, Pacifique, Simon de Collazzone. « Au nom de saint François » p. 30 Donc avec ceux que nous appellerons « les Trois Compagnons » : Léon, Rufin et Massée.
Il accompagne François à San Gemini où il est témoin d’un miracle 1 Cel 69. Pour beaucoup de biographe, dont Thomas de Celano, il est proche de François. En 1217, ce dernier, l’aurait envoyé comme ministre en Syrie. Il accueille François accompagné de Pierre de Catane quand ce dernier visite le Sultan à Damiette. Il est ensuite deuxième vicaire de la Fraternité ou ministre général de 1221 à 1227. En effet, lors de la crise de la fraternité en 1220 qui conduit François à renoncer à sa charge de Ministre pour ses frères, c’est frère Pierre de Catane qui lui succède, et François lui promet obéissance. Frère Élie est alors Vicaire. Frère Pierre meure peu après et c’est Élie qui devient Ministre général de la Fraternité de 1221 à 1227.
Élie préside donc le chapitre de 1221 en présence de François. La fraternité compte alors plus de 5000 frères. Ce Chapitre devait adopter les orientations du Concile Latran IV et conclure la Règle que nous appelons non bullée.
En 1223, le Cardinal protecteur de la Fraternité, Hugolin, demande à François de rédiger une Règle plus concise, plus à même de ne plus être discutée par les frères et qui peut recevoir l’approbation pontificale. Quel fut le rôle de frère Élie dans cette affaire de la Règle perdue ? Les sources viennent exclusivement du groupe des spirituels, reprenant le témoignage de frère Léon. D’après Ange Clareno, une fois que François rédigea la Règle, il l’a confié au frère Élie qui l’égara. « La vérité semble tout autre, d’après Lazario Iriarte, le nouveau texte n’était pas du goût des Ministres réunis en Chapitre. François dû donc préparer une nouvelle rédaction, et avant de la présenter à l’approbation du pape, il consulta longuement Hugolin qui jouait le rôle de médiateur en harmonisant les conviction de François avec les prétentions des Ministres. Le texte fut soumis à une révision méticuleuse… Il semble qu’Honorius III soit intervenu personnellement pour discuter de certains passages avec le fondateur. » Le 29 novembre 1223 le pape confirme la Règle par la bulle Solet annuaire. Le frère Élie a certainement pris position dans cette décision.
La tension demeure dans la Fraternité, le nombre de frères ne cessent d’augmenter. Frère Élie dirige ce qui devient peu à peu l’Ordre avec la Règle de 1223 et il prend soin de François dans la maladie : « Comme de jour en jour la maladie progressait et que le manque de soins semblait l’augmenter quotidiennement, à la fin, frère Élie, qu’il s’était choisi en guise de mère dont il avait fait le père des autres frères, le força à ne pas refuser un remède. » 1 Cel 98
Ministre général élu
Durant son mandat François meurt à la Portioncule. Élie constate les stigmates. Il écrit alors une lettre encyclique annonçant le décès du fondateur et la constatation des stigmates. Il assure la direction de l’Ordre jusqu’au chapitre de 1227. C’est le Ministre provincial d’Espagne, Jean Parenti, qui est élu Ministre général.
Élie fut ministre général de 1232 à 1239. Il n’a pas convoqué de chapitre général durant cette période. Les maladresses commises durant son mandat ont déclanché l’hostilité de frères à son égard. En effet, à la demande du Pape, il ordonne la construction de la basilique Saint François. Les frères qui lui sont hostiles surnommèrent cet édifice le tombeau de dame pauvreté en raison de la contradiction entre la richesse du bâtiment et la pauvreté du fondateur. Par crainte des pérugiens, il fait procéder en secret à la translation du corps de saint François qui fut enseveli dans la basilique. Lors des festivités prévues pour cette translation les frères et les Assisiates se sentirent floués.
Aussi, Rome interviendra pour provoquer un Chapitre général qui déposera Élie et nommera Albert de Pise à sa place.
Si le pasteur Paul Sabatier a durcit le trait, concernant le rôle d’Élie dans l’abandon de l’idéal primitif de François par la communauté, l’historiographie récente réhabilite la figure du frère et du Ministre.
Son œuvre
- Une lettre aux Frères mineurs de Valencienne est parvenue jusqu’à nous.
- La lettre encyclique sur la mort de saint François.