VITA SECUNDA 86

CHAPITRE 53

COMMENT IL DONNA SON MANTEAU A UNE VIEILLE FEMME DE CELANO.

  1. Un habitant de Tivoli, ami des frères, avait prêté à François une pièce d’étoffe que le saint portait en guise de manteau. Un hiver à Celano, une vieille femme vint le trouver dans le palais de l’évêque des Marses[1] et lui demanda l’aumône. Aussitôt François détacha de son cou la pièce de drap (qui pourtant ne lui appartenait pas) et il en fit cadeau à la pauvre vieille en lui disant : « Taille-toi une robe là-dedans ; tu en as bien besoin. »

 La vieille stupéfaite (de crainte ou de joie, je l’ignore), se mit à rire et lui prit l’étoffe des mains. Elle s’enfuit bien vite et, sans attendre davantage, afin qu’on ne puisse plus la réclamer, coupa immédiatement l’étoffe avec des ciseaux.

 Elle s’aperçut alors que la pièce n’était pas suffisante pour une robe ; encouragée par sa première expérience, elle revint trouver le saint et lui signala qu’il manquait du tissu. Le saint, tournant les yeux vers son compagnon, vit qu’il avait sur le dos de quoi faire l’appoint, et lui dit : « Frère, tu entends ce que dit cette pauvre femme ? Pour l’amour de Dieu, endurons le froid et donne ton manteau pour qu’elle puisse finir sa robe ! »

 Comme le saint, le frère lui remit son manteau ; ainsi tous deux restèrent dépouillés, mais la vieille femme avait de quoi s’habiller.

Table des chapitres

 

[1] Diocèse situé près du lac Fucin, dans les Abruzzes, à une centaine de kilomètres à l’est de Rome.

Les commentaires sont fermés