VITA SECUNDA 145

CHAPITRE 106

CONTRE CEUX QUI AMBITIONNENT LES CHARGES. PORTRAIT DU FRÈRE MINEUR.

145. A voir comment certains ambitionnaient d’arriver aux charges de l’Ordre1, alors que cette ambition à elle seule, sans parler d’autres obstacles, les en rendait indignes, il leur refusait la qualité de frères Mineurs parce qu’oublieux de leur vocation, ils ne méritaient pas la gloire qu’elle confère. Il lançait de fréquentes diatribes contre les malheureux qui sont offusqués de se voir enlever leur charge : ceux-là n’ont pas en vue la charge mais l’honneur qui l’accompagne.

Il dit un jour à son compagnon : « Je ne me considérerais pas comme un frère Mineur si je n’étais pas dans l’état d’âme que voici : je suis le supérieur de mes frères, je me rends au chapitre, j’y fais un sermon, je donne mes avis, et lorsque j’ai terminé, on me dit : « Tu n’as pas ce qu’il faut pour nous, tu es illettré, méprisable ; nous ne voulons plus de toi comme supérieur car tu n’as aucune éloquence, tu es simple et borné. » Et je suis chassé honteusement, chargé du mépris universel. Eh bien, je te le dis, si je ne reçois pas tout cela du même front, avec la même allégresse intérieure et en conservant identique ma volonté de sanctification, je ne suis pas, mais pas du tout, un frère Mineur2. »

Et il ajoutait : « Une prélature est une occasion de chute, la louange est un précipice béant, mais la place de sujet, par son humilité, est pour l’âme source de mérites. Pourquoi désirer les risques plus que les profits, puisque c’est pour nous enrichir que cette vie nous a été donnée ? »

Table des chapitres

1    Cf. 1 C 104.

2   Cf. Adm 20 ; Fior 8.

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