VITA SECUNDA 135-136

Le secret des stigmates

CHAPITRE 98

RÉPONSE A UN FRÈRE QUI LE QUESTIONNAIT SUR LES STIGMATES. SON SOIN A LES CACHER.

135. On ne peut passer sous silence le soin qu’il mit à cacher les marques du Crucifié dignes de la vénération des esprits célestes eux-mêmes. Sitôt transformé par l’amour du Christ à l’image de celui qu’il aimait, il dissimula son trésor au point que ses familiers eux-mêmes furent longtemps avant d’en connaître l’existence1. Mais la divine Providence ne voulut pas qu’il demeurât caché à jamais, ni soustrait à la vue de ses frères les plus chers. D’ailleurs, les stigmates des endroits découverts devaient difficilement rester inaperçus. Un de ses compagnons avisant un jour les stigmates de ses pieds, lui dit : « Qu’est-ce que ceci, frère ? – Occupe-toi de tes affaires ! » lui répliqua-t-il.

136. Une autre fois, le même frère lui demanda sa tunique pour la battre2 ; il y remarqua des taches de sang. Il dit au saint en la lui rendant : « Qu’est-ce donc que ces taches de sang sur ta tunique ? » Le saint, posant l’index sur son œil, lui répondit : « Demande-moi donc aussi ce que c’est, si tu ignores ce qu’est un œil ! »

Il lui arrivait rarement de se laver entièrement les mains : il trempait seulement les doigts dans l’eau pour dérober la blessure aux yeux d’autrui3 ; plus rarement encore de se laver les pieds, et toujours en cachette. Si on lui demandait sa main à baiser, il n’en découvrait que la moitié et tendait le bout des doigts : à peine la place nécessaire pour y poser les lèvres ; parfois il présentait sa manche et non sa main. Il portait aux pieds des mocassins de laine, en appliquant toutefois sur la plaie un morceau de peau pour éviter le contact avec la laine rêche. Il ne pouvait, malgré tout, cacher complètement ses stigmates à ses compagnons, mais c’était pour lui une peine que de les savoir regardés. C’est pourquoi ses compagnons détournaient prudemment les yeux lorsque pour une raison ou pour une autre, il avait à découvrir ses mains ou ses pieds.

Table des chapitres

1   Même affirmation en 1 C 95 et 98.

2  C’était alors la manière de brosser les habits.

3 Plus tard, François porta des mitaines (LM 13 8).

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