VITA SECUNDA 125

La vraie joie

CHAPITRE 88

ÉLOGE DE LA JOIE. MÉFAITS DE LA TRISTESSE.

125. « Contre toutes les machinations et les ruses de l’ennemi, ma meilleure défense, affirmait le saint, c’est encore l’esprit de joie. Le diable n’est jamais si content que lorsqu’il a pu ravir à un serviteur de Dieu la joie de son âme. Il a toujours une réserve de poussière qu’il souffle dans la conscience par quelque soupirail, afin de rendre opaque ce qui est pur ; mais dans un coeur gonflé de joie, c’est en vain qu’il essaie d’introduire son mortel poison. Les démons ne peuvent rien contre un serviteur du Christ qu’ils trouvent plein de sainte allégresse ; tandis qu’une âme chagrine, morose et déprimée se laisse facilement submerger par la tristesse ou accaparer par de faux plaisirs. »

Voilà pourquoi lui-même s’efforçait de garder toujours le coeur joyeux, de conserver cette huile d’allégresse dont son âme avait reçu l’onction1. Il avait grand soin d’éviter la tristesse, la pire des maladies, et quand il sentait qu’elle commençait à filtrer dans son âme, il avait aussitôt recours à la prière. « Au premier trouble, disait-il, le serviteur de Dieu doit se lever, se mettre en prière et demeurer face au Père tant que ce dernier ne lui aura pas fait retrouver la joie de celui qui est sauvé2. Mais s’il persévère dans sa tristesse, alors grandira en lui le mal babylonien recouvrant le coeur d’une rouille tenace que les larmes sont seules capables de déterger3. »

Table des chapitres

1  Cf. Ps 44 8.

2 Emprunt au psaume Miserere (Ps 50 14).

3 Réminiscences de la Babylone plusieurs fois citée dans l’Apocalypse, et de la marmite rouillée qui symbolise, chez Ezéchiel (24) la ville de Jérusalem investie par les Babyloniens.

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