LETTRE AUX CHEFS DES PEUPLES

On s’accorde à dater cette lettre de 1220 environ. François, de retour de Palestine où il avait été impressionné par le chant des muezzins, aurait voulu acclimater en Europe un signal de louange similaire. En outre, l’insistance sur le Corps et le Sang du Christ est caractéristique de sa campagne de « tracts eucharistiques » datant de la même époque (lettres aux clercsà tout l’Ordreaux custodes).

Avec ce texte, c’est l’imperturbable spontanéité et l’audace apostolique de saint François qui éclatent au grand jour : le même élan qui lui suggérait sa démarche auprès du Sultan d’Égypte pour le convertir, ou auprès de l’Empereur pour lui recommander les alouettes, le porte à s’adresser ici à tous les édiles municipaux.

1 A tous les podestats et consuls, juges et gouverneurs en tout lieu de l’univers, et à tous ceux auxquels cette lettre parviendra, le frère François, votre petit et misérable serviteur dans le Seigneur Dieu, vous souhaite à tous salut et paix.

2 Réfléchissez, et voyez que le jour de la mort est proche. 3 Je vous en supplie donc, avec tout le respect dont je suis capable : que les affaires et les soucis de ce monde ne vous fassent pas oublier le Seigneur ni vous détourner de ses commandements ; car tous ceux qui l’oublient et se détournent de ses commandements sont maudits , et lui-même à son tour les oubliera. 4 Et quand viendra le jour de leur mort, tout ce qu’ils pensaient posséder leur sera enlevé. 5 Plus ils furent savants et puissants en ce monde, plus ils auront de tourments à subir dans l’enfer.

6 Aussi je vous conseille avec insistance, à vous mes seigneurs, de rejeter au second plan toute préoccupation et tout souci, et de recevoir volontiers le très saint Corps et le très saint Sang de notre Seigneur Jésus-Christ, en souvenir de lui. 7 A l’intention du peuple qui vous est confié, rendez au Seigneur ce témoignage de vénération : chaque soir faites proclamer par un crieur public, ou avertissez par quelque autre signal que tout le peuple ait à rendre louange et grâces au Seigneur Dieu tout puissant. 8 Si vous ne faites pas tout cela, sachez que vous devrez rendre compte au jour du Jugement devant le Seigneur votre Dieu Jésus-Christ.

9 Ceux qui conserveront cet écrit et le mettront en pratique, qu’ils sachent qu’ils sont bénis du Seigneur.

  • Traduction Damien Vorreux 1996

 

Les Éditions Franciscaines de Paris autorisent l’École Franciscaine de Paris à reproduire intégralement les Écrits de François et de Claire, moyennant le rappel du Copyright.
Copyright : Éditions Franciscaines, Paris, Les Écrits de S. François et de Ste Claire (1996)

 

EPISTOLA AD POPULORUM RECTORES (EPRECT)

Universis potestatibus et consulibus, iudicibus atque rectoribus ubique terrarum et omnibus aliis, ad quos litterae istae pervenerint, frater Franciscus, vester in Domino Deo servus parvulus ac despectus, salutem et pacem omnibus vobis optans.

Considerate et videte, quoniam dies mortis appropinquat (cfr. Gen 47, 29). Rogo ergo vos cum reverentia, sicut possum, ne propter curas et sollicitudines huius saeculi, quas habetis, Dominum oblivioni tradatis et a mandatis eius declinetis, quia omnes illi, qui eum oblivioni tradunt et a mandatis eius declinant, maledicti sunt (cfr. Ps 118, 21) et ab eo oblivioni tradentur (Ezech 33, 13). Et, cum venerit dies mortis, omnia, quae putabant habere, auferentur ab eis (cfr. Lc 8, 18). Et, quanto sapientiores et potentiores fuerint in hoc saeculo, tanto maiora tormenta sustinebunt in inferno (cfr. Sap 6, 7). Unde firmiter consulo vobis, dominis meis, utomni cura et sollicitudine posthabitis et sanctissimum corpus et sanctissimum sanguinem Domini nostri Jesu Christi in eius sancta commemoratione benigne recipiatis. Et tantum honorem in populo vobis commisso Domino conferatis, ut quolibet sero annuntietur per nuntium vel per aliud signum, quo omnipotenti Domino Deo ab Ulliverso populo laudes et gratiae referantur. Et, si hoc non feceritis, sciatis vos debere coram Domino Deo vestro Jesu Christo in die iudicii reddere rationem (cfr. Mt 12, 36).

Hoc scriptum qui apud se retinuerint et observaverint illud, a Domino Deo se noverint benedictos.

Les commentaires sont fermés