Juan de Zumarraga (1468-1548)
Frère mineur observant, né en 1468, au pays basque espagnol à Tavira de Durango, près de Bilbao. Il fit profession religieuse au couvent San Francisco de Valladolid et poursuivit ses études à l’Université de Valladolid. Nommé gardien du couvent d’Abroyo, et juge-examinateur de l’Inquisition pour la province basque, enfin deuxième ministre provincial de la nouvelle province observante de La Conception (1520). En 1527, le roi Charles Quint le désigna comme premier évêque de Mexico (les Franciscains se trouvaient au Mexique depuis 1524), mais il partit pour la nouvelle Espagne, avant d’être consacré. Il arriva au Mexique en décembre 1528 où il endossa la charge de « Protecteur des Indiens » qu’il entendait exercer, malgré la mauvaise volonté des gouverneurs et auditeurs espagnols. Ceux-ci, abusant de leur autorité avaient réduits des autochtones en esclavage et levaient des impôts exorbitants, à leur profit. Calomnié à la cour d’Espagne, l’évêque dut se défendre, mais fut prié de rentrer en Espagne où il finit par gagner de nouveau la faveur du roi, avec l’appui de Ferdinand Cortes, le découvreur du Mexique. Les mauvais auditeurs furent déposés et envoyés en prison en Espagne. Juan Zumarraga fut confirmé dans sa charge d’évêque de Mexico par le Pape Clément VII (2 septembre 1530). Sa consécration episcopale fut célébrée à Valladolid, le 27 avril 1533. En octobre 1534, il revint au Mexique, accompagné de nouveaux missionnaires et de quelques femmes chargées de l’éducation des femmes indiennes. Un nouveau Vice-Roi, Antonio de Mendoza, mit fin au régime des auditeurs et devint le protecteur des missions franciscaines qui prospérèrent rapidement.
En 1531, le récit de l’apparition de Notre-Dame de Guadalupe, à un pauvre indien, avait grandement favorisé l’expansion de la mission. Les conversions furent si nombreuses que les Franciscains imaginèrent une procédure nouvelle pour les baptêmes de masse, dont le rite était réduit à l’infusion d’eau, sans les préliminaires et les onctions. S’ensuivit une querelle entre les missionnaires franciscains et les prêtres des autres ordres religieux qui contestèrent la validité de ces baptêmes. Mais Fr. Zumarraga obtint de Rome la confirmation de la validité de ces baptêmes, par la bulle « Altitudo divini consilii » du 1 juin 1537. Le franciscain Fr. Toribio de Motolinia, en 1536, évaluait ces baptêmes à 5 millions, soit douze ans seulement après le démarrage de la mission ! On raconte que l’évêque célébrait le sacrement de la confirmation sans descendre de cheval, pour satisfaire à la demande, et qu’il ne pouvait plus mouvoir son bras droit après une journée passée à faire les onctions. L’évêque de Mexico dut faire front à bien d’autres problèmes d’adaptation des rites catholiques à la situation particulière des Indiens convertis, comme pour le mariage des polygames qui furent autorisés à conserver leur première femme..
Il développa l’enseignement, fonda le collège de Tlaltelolco, pour les élites indiennes et favorisa l’enseignement des filles indiennes et introduisit au Mexique plusieurs techniques nécessaires à l’évangélisation, comme l’imprimerie, la culture de la vigne. Lorsque le dominicain Las Casas qui avait été évêque du Chiapas retourna en Espagne pour défendre la cause des esclaves et obtenir leur libération, les nouvelles ordonnances royales provoquèrent de telles résistances parmi les colons espagnols que le pays fut au bord de la guerre civile. L’évêque s’interposa entre les factions et parvint, avec quelques accommodements pour les deux parties, à obtenir la paix civile. Il avait été nommé Inquisiteur pour le Mexique afin de combattre la sorcellerie et l’apostasie de convertis de fraîche date. Mais il abandonna cette charge en 1543.
L’empereur Charles Quint obtint enfin du Pape Paul III, la désignation de Zumarraga comme archevêque de Mexico, avec plusieurs évêchés suffragants : Oaxaca, Michoacan, Tlaxcala, Guatemala, Chiapas et Nouvelle Galice. La bulle de nomination était datée du 8 juillet 1548, mais Juan de Zumarraga était mort le 3 juin 1548, un mois auparavant. Il reste une des grandes figures de l’évangélisation missionnaire des Franciscains, et conserve la réputation de protecteur des Indiens, malgré quelques violences exercées, selon l’usage du temps, dans sa charge de grand Inquisiteur. Il exerça son ministère épiscopal avec sagesse et courage et rédigea des statuts, diverses œuvres de théologie pastorale et une précieuse correspondance couvrant la période des débuts de l’évangélisation du Mexique (1529 à 1548).