VITA SECUNDA 98

CHAPITRE 64

UNE DE SES EXTASES.

  1. Sa contemplation l’entraînait souvent si haut que, ravi hors de lui-même, il éprouvait alors des sentiments inaccessibles à nos facultés humaines. Il ne les révélait à personne ; un épisode cependant est pour nous un jour ouvert sur les fréquents ravissements où le plongeaient les douceurs surnaturelles.

 Il devait un jour traverser Borgo San Sepolcro : à dos d’âne, il se dirigeait vers une maison de lépreux où il devait passer la nuit. Quand on apprit que le saint allait passer, on accourut de partout, hommes et femmes, pour le voir et le toucher en signe de dévotion. On le pressait, on le tirait, on coupait des morceaux de sa tunique pour les conserver[1]. Il paraissait insensible à tout : semblable à un cadavre, il ne remarqua rien de ce qui se passait autour de lui. On arriva enfin au couvent[2] ; on était loin du bourg ; comme s’il revenait d’ailleurs, le saint qui avait contemplé des visions célestes, demanda si l’on approchait de Borgo.

Table des chapitres

[1] Cf. 1 C 63 : Bien souvent la foule se ruait sur lui et coupait tant de morceaux de sa tunique qu’il en demeurait presque nu. Cf. aussi 2 C 94, n. 2.

[2] Une fois de plus nous rencontrons un couvent de Frères Mineurs identifié avec une «  maison de lépreux » ; Cf. 1 C 17 et 1 Reg 8 10, qui prévoit ce séjour parmi les lépreux et la mendicité en leur faveur. – Entre Borgo et l’abbaye de Saint-Justin se trouve une petite église dédiée à saint Ladre ou Lazare ; cette église occupe très probablement le lieu de l’ancienne léproserie.

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