CHAPITRE 15 bis
COMMENT IL DÉLIVRA FRÈRE RICHER D’UNE TENTATION.
44 bis. Un frère nommé Richer, noble de coeur autant que de naissance, avait une très haute idée des mérites de saint François : il pensait qu’on pouvait être sûr d’obtenir la grâce de Dieu si l’on arrivait à obtenir du saint un témoignage de faveur ; on ne méritait au contraire que la colère de Dieu si cette faveur était refusée. Tout à son désir véhément de capter une manifestation d’amitié, il finit par se demander s’il n’avait pas un défaut ou un péché secret méritant les reproches du saint et le privant ainsi de son affection. Cette inquiétude lancinante l’affligeait tout le jour, mais il n’osait s’en ouvrir a personne.
Or le bienheureux François était un jour dans sa cellule en train de prier, et le frère s’y présenta, toujours hanté par son tourment. L’homme de Dieu eut connaissance et de son approche et de ses préoccupations ; il l’appela délicatement et lui dit : « Ne te laisse désormais troubler par aucune tentation, mon fils, ni torturer par aucune crainte, car tu m’es très cher, et l’un des plus chers parmi tous ceux que j’aime d’un amour specia1. Viens me voir en toute confiance quand tu voudras, et retourne ensuite quand tu voudras, en toute liberté. » Le frère, à ces mots,. fut au comble de la stupeur et de la joie et sûr désormais de l’affection du saint, il grandit aussi, comme il l’avait espéré, dans la grâce du Sauveur.