VITA SECUNDA 175-176

CHAPITRE 133

SA COMPASSION POUR LES MALADES.

175. Il témoignait aux malades une tendre compassion et s’occupait d’eux avec grand soin. Des fidèles généreux lui envoyaient parfois quelque tonique1 ; lui qui en avait plus besoin que personne, il le donnait aux autres malades. Il prenait part à toutes leurs souffrances et trouvait des paroles apaisantes quand il ne pouvait rien d’autre pour leur soulagement. Aux jours de jeûne, pour que les malades n’aient point honte de manger, il mangeait lui aussi et ne rougissait pas d’aller en ville sur les marchés quêter de la viande pour eux.

En revanche, il exhortait les malades à supporter patiemment les privations, et à ne pas crier au scandale si on ne leur procurait pas tout ce dont ils avaient besoin. Il fit insérer dans l’une des règles2 : « Je prie tous mes frères malades de ne pas se troubler à cause de leurs souffrances et de ne s’irriter ni contre Dieu ni contre les frères. Qu’ils n’exigent pas leurs remèdes avec trop d’impatience ou d’âpreté ; qu’ils n’aient pas un désir excessif de sauver une chair qui doit bientôt mourir et qui est ennemie de l’âme. Qu’ils rendent grâces pour tout ce qui leur arrive ; que leur volonté soit d’être en l’état où Dieu les veut. Tous ceux que Dieu a prédestinés à la vie éternelle, il les y prépare par l’aiguillon de la souffrance et de la maladie3, comme il le dit lui-même : « Je corrige et je châtie ceux que j’aime4. »

176. Apprenant un jour qu’un malade avait envie de raisins, il le conduisit dans une vigne, s’installa sous une treille et se mit à grappiller le premier pour encourager son compagnon à en faire autant.

Table des chapitres

1  Littéralement : électuaire (remède ou fortifiant à base de miel).

2  1 Reg 10 3-7 ; Cf. 2 Reg 6 9.

3   Saint Grégoire, Hom. 18 ; PL 76, 1148.

4   Ap 3 19.

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