VITA SECUNDA 112

Contre la fréquentation des femmes

CHAPITRE 78

POURQUOI IL FAUT ÉVITER LA FRÉQUENTATION DES FEMMES.

COMMENT IL LEUR PARLAIT.

112. La fréquentation des femmes est un miel empoisonné capable de faire illusion aux saints eux-mêmes ; le Père ordonnait de l’éviter à tout prix1, car c’était là ce qui lui faisait craindre la perte des plus faibles et l’affaiblissement des plus forts. « A moins d’être d’une vertu très éprouvée, il est aussi facile de leur parler sans être contaminé, disait-il, en employant une comparaison scripturaire, que de marcher dans le feu sans se brûler les pieds2 ». Lui-même prêchait d’exemple et se montrait un modèle accompli de vertu. Les femmes semblaient lui être tellement à charge qu’on aurait cru à la peur ou à la répulsion plutôt qu’à la prudence. Quand il se trouvait aux prises avec leur babil importun, il ne répondait que par monosyllabes, puis baissait la tête et se réfugiait dans le silence ; parfois, cependant, il levait les yeux au ciel comme pour y trouver une réponse aux bavardes de la terre.

Il acceptait pourtant d’instruire, par des discours admirables dans leur brièveté, les âmes où la sagesse avait élu domicile grâce à leur piété fervente et persévérante. Encore avait-il soin de parler assez haut pour être entendu de tous. Il dit un jour à son compagnon : « En vérité, frère bien-aimé, si je les regardais, je n’en pourrais reconnaître que deux, une telle et une telle dont le visage m’est connu3 ; mais je n’en connais pas d’autre. »

Ton comportement fut très sage, ô Père, car à les regarder personne n’est jamais devenu plus saint ; elles n’ont jamais été d’aucun avantage, mais ont très souvent porté malheur, même en cette vie ; elles sont une entrave pour qui entreprend le difficile parcours de la sainteté, pour qui veut arriver à la contemplation du visage de Dieu rayonnant de beauté.

Table des chapitres

2 Pr 6 28.

3 Ange Clareno, tributaire des écrits des frères Léon et Conrad d’Offida, dit que Saint François désignait là sa mère et sainte Claire (Expositio Regulae, éd. Oliger, Quarrachi 1912, p. 217). Mais le même Oliger signale que le texte de 2 C 112, comparé à 3 C 37-39 et à Sp. 186, amène à conclure qu’il s’agit non de Dame Pica, mais de Jacqueline de Settesoli.

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