LETTRE A TOUS LES FIDÈLES

La lettre que saint François écrivit à « tous les fidèles » nous est parvenue sous deux formes : une rédaction courte, attestée par un seul manuscrit de la bibliothèque de Volterra, et une rédaction longue basée sur une tradition manuscrite copieuse.

La première comporte deux chapitres en opposition vigoureuse : les fidèles qui ont choisi la « vie de pénitence », les fidèles qui refusent cette « vie de pénitence ». Document précieux pour la connaissance de l’époque et de l’auteur : on y retrouve toute la fermentation évangélique des débuts du XIIIe siècle avec ses mouvements de pénitents parmi lesquels s’insérera le Tiers-Ordre ; on y retrouve aussi tout saint François avec sa théologie et sa dynamique de la conversion (tel est en effet le sens du mot pénitence).

La deuxième rédaction, enrichie de développements et plus étoffée, comporte une adresse qui indique bien les destinataires de cette véritable « encyclique » : tous les fidèles, qu’ils soient religieux, clercs ou laïcs ; à tous, François rappelle les exigences et les merveilles de l’Évangile. (Certains manuscrits découpent cette lettre en douze chapitres ; nous proposons une autre division, destinée à faciliter l’étude de ce texte assez long).

1ère Rédaction courte

 

Au nom du Seigneur !

1. CEUX QUI ONT CHOISI LA VIE DE PÉNITENTS

1 Tous ceux qui aiment le Seigneur de tout leur cœur, de toute leur âme, de tout leur esprit et de toute leur force, et qui aiment leur prochain comme eux-mêmes ; 2 qui ont en haine leur corps avec ses vices et ses péchés ; 3 qui reçoivent le Corps et le Sang de notre Seigneur Jésus-Christ, 4 et qui font des actes concrets de pénitence, 5 oh ! que tous ces hommes et ces femmes sont heureux et bénis d’agir ainsi et de persévérer, 6 car l’Esprit du Seigneur reposera sur eux et fera en eux son habitation et sa demeure ; 7 et ils sont fils du Père céleste dont ils font les œuvres, et ils sont époux, frères et mères de notre Seigneur Jésus-Christ. 8 Ses époux, lorsque, par l’Esprit-Saint, l’âme fidèle est unie à notre Seigneur Jésus-Christ. 9 Ses frères, lorsque nous faisons la volonté du Père qui est dans les cieux. 10 Ses mères, lorsque nous le portons dans notre cœur et notre corps par l’amour, par la loyauté et la pureté de notre conscience, et que nous l’enfantons par nos bonnes actions qui doivent être pour autrui une lumière et un exemple.

11 Oh ! qu’il est glorieux et saint et grand d’avoir un Père dans les cieux ! 12 Oh ! qu’il est saint et beau, magnifique et admirable d’avoir un tel époux ! 13 Oh ! que c’est chose sainte et chère, plaisante et humble, apaisante et douce, aimable et désirable plus que tout d’avoir un tel frère et un tel fils : notre Seigneur Jésus-Christ, qui a donné sa vie pour ses brebis et qui a prié son Père en disant : 14 « Père saint, garde en ton nom ceux que tu m’as donnés dans le monde ; ils étaient à toi et tu me les as donnés. 15 Les paroles que tu m’as données, je les leur ai dites et ils les ont reçues ; ils ont vraiment cru que je suis venu de toi, et ils ont reconnu que c’est toi qui m’as envoyé. 16 Je prie pour eux, non pour le monde. 17 Bénis-les et sanctifie-les, et pour eux moi-même je me sanctifie. 18 Je te le demande, et pas pour eux seulement mais aussi pour ceux qui, par leur parole, croiront en moi : qu’ils soient sanctifiés tous ensemble, comme nous. 19 Et je veux, Père, que là où je suis, eux aussi soient avec moi pour qu’ils voient ma splendeur dans ton royaume[i] Amen. « 

 

II. CEUX QUI REFUSENT LA VIE DE PÉNITENTS

1 Mais tous ceux et toutes celles qui ne vivent pas dans la pénitence ; 2 qui ne reçoivent pas le Corps et le Sang de notre Seigneur Jésus-Christ ; 3 qui s’adonnent aux vices et aux péchés, qui suivent leur pente vers le mal et les mauvais désirs de leur chair ; 4 qui n’observent pas ce qu’ils ont promis au Seigneur ; 5 qui font de leur corps l’esclave du monde, des désirs charnels, des ambitions d’ici-bas et des soucis de cette vie : 6 prisonniers du diable, dont ils sont les fils et dont ils accomplissent les œuvres, 7 ce sont des aveugles, car ils ne voient pas la vraie lumière : notre Seigneur Jésus-Christ. 8 Ils ne possèdent pas la sagesse spirituelle, puisqu’ils ne possèdent pas le Fils de Dieu qui est la vraie sagesse du Père. 9 C’est d’eux qu’il est dit : Leur sagesse a été engloutie[ii], et : Maudits soient ceux qui s’éloignent de tes commandements[iii] . 10 Ils voient le mal, ils le reconnaissent comme tel, ils le font sciemment, et sciemment ils perdent leur âme.

11 Mais prenez garde, aveugles : vous vous êtes laissé séduire par vos ennemis qui sont la chair, le monde et le diable, parce qu’il est bien agréable pour le corps de commettre le péché, et très amer de servir Dieu, 12 parce que tous les vices et péchés sortent et procèdent du cœur de l’homme, comme dit le Seigneur dans l’Évangile[iv] . 13 Vous n’avez rien à vous, ni en ce monde ni en l’autre. 14 Vous croyez que vous allez conserver longtemps les biens de ce monde, qui ne sont que vanité ; vous vous trompez, car viennent le jour et l’heure auxquels vous ne pensez pas, qui vous sont inconnus et que vous ignorez ; le corps s’affaiblit, la mort approche, et c’est ainsi qu’on meurt de mort amère.

15 Si un homme – que ce soit ici ou là, aujourd’hui ou demain, de telle manière ou autrement, peu importe – meurt en état de péché mortel, sans pénitence et sans réparation, alors qu’il avait la possibilité de réparer et qu’il ne l’a pas fait, le diable lui arrache l’âme du corps, lui causant tant d’angoisse et de tourment que nul ne peut s’en faire une idée sauf celui qui en est la victime. 16 Talents, pouvoir, science et sagesse, tout ce qu’ils pensaient avoir leur sera enlevé[v] . 17 Ils le laissent à des parents et à des amis qui emportent et se partagent leurs biens et qui disent ensuite : « Maudite soit son âme ! Il aurait pu nous donner bien davantage, et amasser plus qu’il n’a amassé !  » 18 Le corps est la proie des vers. Ainsi ont-ils perdu et leur corps et leur âme en ce monde qui passe si vite, et ils iront en enfer où ils seront tourmentés sans fin.

19 Tous ceux auxquels cette lettre parviendra, nous les prions, dans l’amour qu’est Dieu, d’accueillir avec bienveillance et par amour pour Dieu ces paroles toutes parfumées de notre Seigneur Jésus-Christ. 20 Ceux qui ne savent pas lire, qu’ils se les fassent lire souvent, 21 et qu’ils les gardent en mémoire et les mettent en pratique jusqu’à la mort, car elles sont esprit et vie[vi] . 22 Ceux qui ne le feront pas devront en rendre compte au jour du jugement devant le tribunal de notre Seigneur Jésus-Christ.

[i] Jn 17 6-24. _

[ii] Ps 106 27. _

[iii] 3 Ps 118 21. _

[iv] Mt 7 21. _

[v] Lc 8 18. _

[vi] Jn 6 64. _

2e Rédaction longue

Adresse. But de la lettre 

1 Au nom du Seigneur, Père, Fils et Saint Esprit. Amen. A tous les chrétiens : religieux, clercs, laïcs, hommes et femmes, à tous les habitants du monde entier, le frère François, leur serviteur et leur sujet, hommage et respect, vraie paix du ciel et amour sincère dans le Seigneur.

2 Puisque je suis le serviteur de tous, je suis tenu de me mettre au service de tous et de me faire pour vous tous le ministre des paroles toutes parfumées de mon Seigneur. 3 Or je constate qu’il m’est impossible, à cause des maladies et de la faiblesse de mon corps, d’aller vous visiter tous et chacun ; c’est pourquoi j’ai eu l’idée de vous adresser la présente lettre et ce message, pour vous transmettre quand même les paroles de notre Seigneur Jésus-Christ, qui est Parole du Père, et les paroles du Saint-Esprit, qui sont Esprit et Vie .

I. LE MYSTÈRE RÉDEMPTEUR 

1. L’Incarnation 

4 Ce Verbe du Père, si digne, si saint et si glorieux, le très haut Père du ciel annonça, par son saint ange Gabriel, qu’il viendrait dans le sein de la glorieuse Vierge Marie ; et de fait il reçut vraiment, dans son sein, la chair de notre fragile humanité. 5 Lui qui était riche plus que tout, il a voulu, avec la bienheureuse Vierge sa mère, choisir la pauvreté.

2. L’Eucharistie 

6 A l’approche de sa Passion, il célébra la Pâque avec ses disciples : prenant le pain, il rendit grâces, le bénit et le rompit, et déclara : Prenez et mangez : ceci est mon corps. 7 Et prenant le calice il dit : Ceci est mon sang, le sang de la nouvelle Alliance, qui sera versé pour vous et pour la multitude en rémission des péchés .

3. L’offrande volontaire 

8 Ensuite il pria son Père en disant : Père, si cela est possible, que ce calice s’éloigne de moi ! 9 Et il lui vint une sueur comme de gouttes de sang tombant jusqu’à terre . 10 Cependant, il mit sa volonté dans la volonté de son Père, en disant : Père, que ta volonté soit faite ; non pas comme je veux, mais comme toi tu veux .

4. La croix 

11 Or, la volonté du Père fut que son Fils béni et glorieux, qu’il nous a donné et qui est né pour nous, s’offrît lui-même par son propre sang, en sacrifice et en victime sur l’autel de la croix ; 12 non pas pour lui-même, par qui tout a été fait, mais pour nos péchés, 13 nous laissant un exemple afin que nous suivions ses traces . 14 Il veut que tous nous soyons sauvés par lui, et que nous le recevions dans un cœur pur et un corps chaste. 15Malheureusement il en est peu qui aient la volonté de le recevoir et d’être sauvés par lui, bien que son joug soit doux et son fardeau léger .

II. LES EXIGENCES DE LA VIE CHRÉTIENNE 

1. Amour et adoration de Dieu 

16 Ceux qui ne veulent pas goûter combien le Seigneur est doux , qui préfèrent les ténèbres à la lumière , et qui refusent d’observer les commandements de Dieu, ceux-là sont maudits ; 17 c’est d’eux qu’il est dit par le Prophète : Maudits soient ceux qui s’écartent de tes commandements  ! 18 Mais, oh ! qu’ils sont heureux et bénis, au contraire, ceux qui aiment Dieu et qui pratiquent ce que le Seigneur lui-même dit dans l’Évangile : Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur et de toute ton âme, et ton prochain comme toi-même. 19 Aimons donc Dieu et adorons-le d’un cœur et d’un esprit purs, car c’est là ce qu’il requiert par-dessus tout quand il dit : Les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité ; 20 tous ceux qui l’adorent doivent l’adorer dans l’Esprit de vérité. 21 Adressons-lui louanges et prières jour et nuit en disant : « Notre Père qui es aux cieux ! » car il nous faut toujours prier et ne cesser jamais.

2. Vie sacramentelle 

22 Nous avons aussi l’obligation de confesser au prêtre tous nos péchés, et de recevoir le Corps et le Sang de notre Seigneur Jésus-Christ. 23 Celui qui ne mange pas sa chair et ne boit pas son sang ne peut entrer dans le royaume de Dieu. 24 Mais il faut manger et boire dignement, car celui qui le reçoit indignement, mange et boit sa propre condamnation, ne discernant pas le Corps du Seigneur , c’est-à-dire ne le distinguant pas des autres nourritures. {{v|25 Faisons, en outre, des actes concrets de pénitence .

3 Amour du prochain 

26 Puis, aimons notre prochain comme nous-mêmes. 27 Et si quelqu’un ne veut pas ou ne peut pas aimer son prochain comme lui-même, qu’au moins il n’aille pas lui faire du mal, mais qu’il lui fasse du bien.

28 Ceux qui ont été investis du pouvoir de juger autrui, qu’ils exercent leur charge de juge avec miséricorde, comme ils voudraient obtenir eux-mêmes miséricorde du Seigneur. 29 Car il sera jugé sans miséricorde celui qui n’aura pas lui-même exercé la miséricorde.

4. Aumône et jeûne 

30 Ayons donc charité et humilité : faisons des aumônes, car elles lavent les âmes des souillures de leurs péchés. 31 En effet, tout ce que les hommes doivent laisser en quittant ce monde est à jamais perdu pour eux, tandis qu’ils emportent avec eux le prix de leur charité et les aumônes qu’ils ont faites : ils en recevront de Dieu la récompense et une juste rémunération. 32 Nous devons aussi jeûner, nous abstenir des vices et des péchés, de l’excès du manger et du boire ; et nous devons être catholiques.

5. Respect des Églises et des prêtres 

33 Nous devons aussi visiter fréquemment les Églises, respecter et vénérer les clercs : non pas tellement à cause d’eux-mêmes, car ils peuvent être pécheurs, mais à cause de leur charge, et parce qu’ils sont les ministres du Corps et du Sang très saints de notre Seigneur Jésus-Christ, qu’ils sacrifient sur l’autel, qu’ils reçoivent eux-mêmes, et qu’ils distribuent aux autres. 34 Sachons bien, tous, que nul ne peut être sauvé que par les saintes paroles et par le Sang de notre Seigneur Jésus-Christ, que les clercs prononcent, proclament et distribuent ; 35 c’est à eux seuls qu’il revient de les distribuer, et non à d’autres.

6. Exigences particulières pour les religieux 

36 Pour les religieux, qui ont renoncé au monde, il y a une obligation spéciale de faire plus et mieux mais sans omettre le reste .

37 Nous devons avoir en haine nos corps, avec les vices et les péchés, parce que le Seigneur dit dans l’Évangile : Tous les vices et péchés sortent du cœur. 38 Nous devons aimer nos ennemis et faire du bien à ceux qui nous haïssent. 39 Nous devons observer, outre les préceptes, les conseils de notre Seigneur Jésus-Christ.

40 De plus, nous devons nous renoncer nous-mêmes et courber nos corps sous le joug de la servitude et de la sainte obéissance, comme chacun de nous l’a promis au Seigneur. 41 Mais l’obéissance n’impose à personne d’obéir en matière de délit ou de péché.

42 Celui à qui a été confiée l’autorité, et qui est considéré comme plus grand que ses frères, qu’il soit comme le plus petit et le serviteur des autres frères ; 43 il doit éprouver foncièrement et témoigner à chacun de ses frères autant de bonté qu’il voudrait s’en voir témoigner à lui-même s’il était à leur place. 44 Loin de s’irriter lorsqu’un frère aura commis une faute, en toute patience et humilité il saura donner un avertissement et l’aider avec une affectueuse douceur.

45 Nous ne devons être ni sages ni prudents selon la chair  ; nous devons plutôt être simples, humbles et purs. 46 Ne ménageons à nos corps ni les affronts ni le mépris, parce que tous, par notre faute, nous sommes misérables, pourris et fétides : des vers, comme dit le Seigneur par le Prophète :Je suis un ver et non un homme, le mépris des hommes et le rebut du peuple. 47 Jamais nous ne devons désirer d’être au-dessus des autres ; mais nous devons plutôt être les serviteurs et les sujets de toute créature humaine à cause de Dieu .

III. LES MERVEILLES DE LA VIE CHRÉTIENNE 

48 Tous ceux et toutes celles qui agiront ainsi et qui persévéreront jusqu’à la fin, l’Esprit du Seigneur reposera sur eux et fera en eux son habitation et sa demeure, 49 et ils seront les fils du Père céleste dont ils font les œuvres ; 50 et ils seront époux, frères et mères de notre Seigneur Jésus-Christ. 51 Ses époux lorsque, par l’Esprit-Saint, l’âme fidèle est unie à Jésus-Christ. 52 Ses frères lorsque nous faisons la volonté de son Père qui est dans le ciel. 53 Ses mères lorsque nous le portons dans notre cœur et dans notre conscience, et que nous l’enfantons par nos bonnes actions, qui doivent être pour autrui une lumière et un exemple.

54 Oh ! qu’il est glorieux et saint et grand d’avoir un Père dans les cieux ! 55 Oh ! qu’il est saint et beau, magnifique et admirable, d’avoir dans les cieux un Époux ! 56 Oh ! que c’est chose sainte et chère, plaisante et humble, apaisante et douce, aimable et désirable plus que tout, d’avoir un tel frère et un tel fils, qui a donné sa vie pour ses brebis, et qui a prié son Père pour nous en disant : Père saint, garde en ton nom ceux que tu m’as donnés. 57 Père, tous ceux que tu m’as donnés en ce monde étaient à toi, et tu me les as donnés. 58 Les paroles que tu m’as données, je les leur ai dites, et ils les ont reçues ; ils ont vraiment cru que je suis sorti de toi, et ils ont reconnu que c’est toi qui m’as envoyé. Je prie pour eux, non pour le monde : bénis-les et sanctifie-les. 59 Pour eux, moi-même je me sanctifie, pour qu’ils soient sanctifiés tous ensemble, comme nous. 60 Et je veux, Père, que là où je suis, eux aussi soient avec moi, pour qu’ils voient ma splendeur dans ton royaume.

61 Puisqu’il a tant souffert pour nous, puisqu’il nous a apporté et nous apportera encore tant de biens, que toute créature qui est dans le ciel et sur la terre, dans la mer et dans les abîmes, rende à Dieu louange, gloire, honneur et bénédiction, 62 car c’est lui notre courage et notre force, puisqu’il est le seul bon, le seul très haut, le seul tout puissant, admirable, glorieux et le seul saint, lui qu’il faut louer et bénir dans les siècles infinis des siècles. Amen.

IV. L’ESCLAVAGE DU PÉCHÉ 

I. Les dupes du démon 

63 Au contraire, tous ceux qui ne vivent pas dans la pénitence ; qui ne reçoivent pas le Corps et le Sang de notre Seigneur Jésus-Christ ; 64 qui s’adonnent aux vices et aux péchés ; qui suivent leur pente vers le mal et leurs mauvais désirs ; qui n’observent pas ce qu’ils ont promis d’observer ; 65 qui font de leur corps l’esclave du monde, des désirs charnels, des soucis et des agitations ambitieuses d’ici-bas : 66 séduits par le diable dont ils sont les fils et dont ils accomplissent les œuvres, ce sont des aveugles, car ils ne voient pas la vraie lumière, notre Seigneur Jésus-Christ. 67 Ils ne possèdent pas la sagesse spirituelle, puisqu’ils n’ont pas en eux le Fils de Dieu, qui est la vraie Sagesse du Père. C’est d’eux qu’il est dit : Leur sagesse a été engloutie. 68 Ils voient le mal, ils le reconnaissent comme tel, ils le font sciemment, et sciemment ils perdent leur âme.

69 Mais prenez garde, aveugles : vous vous êtes laissé séduire par vos ennemis, qui sont la chair, le monde et le diable, parce qu’il est bien agréable pour le corps de commettre le péché, et très amer de servir Dieu, parce que tous les vices et péchés sortent et procèdent du cœur de l’homme , comme dit le Seigneur dans l’Évangile. 70 Vous n’avez rien à vous ni en ce monde ni en l’autre. 71 Vous croyez que vous allez conserver longtemps les biens de ce monde qui ne sont que vanité ; mais vous vous trompez, car viennent le jour et l’heure auxquels vous ne pensez pas, qui vous sont inconnus et que vous ignorez .

2. Illustration concrète : la mort du pécheur 

72 Le corps s’affaiblit, la mort approche, parents et amis viennent dire : « Prends tes dispositions ! »

73 Et voilà sa femme et ses enfants, ses amis et ses proches qui font semblant de pleurer. 74 Il regarde autour de lui, voit les siens en larmes et, se laissant aller à une émotion coupable, il pense en lui-même et dit : « Tant pis ! Mon âme , mon corps et tous mes biens, je les remets entre vos mains ». 75 Vraiment cet homme est maudit, qui confie et remet son âme, son corps et tous ses biens en de telles mains. 76 Aussi le Seigneur dit-il par le Prophète : Maudit soit l’homme qui se confie en l’homme.

77 Aussitôt on fait venir un prêtre qui lui dit :

– Veux-tu recevoir l’absolution de tous tes péchés ?

– Oui, répond-il.

– 78 Veux-tu, dans la mesure où tu le peux, prendre sur ta fortune pour réparer tes fautes et restituer à ceux qui tu as volés et trompés ?

– 79 Non !

– Et pourquoi non ? dit le prêtre.

– 80 Parce que j’ai tout remis entre les mains de mes parents et amis …

81 Et il commence à perdre la parole. Ainsi meurt-il, le malheureux.

82 Or, que tous le sachent bien ; si un homme, – que ce soit ici ou là, aujourd’hui ou demain, de telle manière ou autrement, peu importe, – meurt en état de péché mortel, sans pénitence et sans réparation, alors qu’il avait la possibilité de réparer et qu’il ne l’a pas fait, le diable lui arrache l’âme du corps, lui causant tant d’angoisse et de tourment, que nul ne peut s’en faire une idée, sauf celui qui en est la victime. 83 Talents, pouvoir et science, tout ce qu’il croyait avoir lui sera enlevé. 84 Il le laisse à ses parents et amis qui emportent et se partagent ses biens, et qui disent ensuite : « Maudite soit son âme ! Il aurait pu nous donner bien davantage, et amasser plus qu’il n’a amassé ! » 85 Le corps est la proie des vers ; et ainsi perd-il son âme et son corps en ce monde qui passe si vite, et il ira en enfer où il sera tourmenté sans fin.

CONCLUSION 

Pratiquer et diffuser la parole de Dieu 

86 Au nom du Père, et du Fils et du Saint-Esprit. Amen.

87 Moi, frère François, votre petit serviteur, je vous prie et vous supplie, dans l’amour qu’est Dieu, et avec la volonté de vous baiser les pieds, d’accueillir comme vous le devez, avec humilité et charité, ces paroles toutes parfumées de notre Seigneur Jésus-Christ, de les observer et de les mettre en pratique. 88 Tous ceux et toutes celles qui accueilleront ces paroles avec bienveillance, qui les méditeront et en adresseront à d’autres des exemplaires, s’ils persévèrent jusqu’à la fin à en observer les enseignements, qu’ils soient bénis du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Amen.

Traduction Damien Vorreux 1996

Les Éditions Franciscaines de Paris autorisent l’École Franciscaine de Paris à reproduire intégralement les Écrits de François et de Claire, moyennant le rappel du Copyright.
Copyright : Éditions Franciscaines, Paris, Les Écrits de S. François et de Ste Claire (1996)

 

 

 

 

EPISTOLA AD FIDELES [EpFid1]

(Recensio prior)

(Exhortatio ad fratres et sorores de poenitentia)

108

In nomine Domini!

[Cap. I] De illis qui faciunt poenitentiam.

1Omnes qui Dominum diligunt ex toto corde, ex tota anima et mente, ex tota virtute (cfr. Mc 12,30) et diligunt proximos suos sicut se ipsos (cfr. Mt 22,39), 2et odio habent corpora eorum cum vitiis et peccatis, 3et recipiunt corpus et sanguinem Domini nostri Jesu Christi, 4et faciunt fructus dignos poenitentiae: 5O quam beati et benedicti sunt illi et illae, dum talia faciunt et in talibus perseverant, 6quia requiescet super eos spiritus Domini (cfr. Is 11,2) et faciet apud eos habitaculum et mansionem (cfr. Joa 14,23), 7et sunt filii patris caelestis (cfr. Mt 5,45), cuius opera faciunt et sunt sponsi, fratres et matres Domini nostri Jesu Christi (cfr. Mt 12,50). 8Sponsi sumus, quando Spiritu Sancto coniungitur fidelis anima Domino nostro Jesu Christo. 9Fratres ei sumus, quando facimus voluntatem patris qui in caelis est (Mt 12,50); 10matres, quando portamus eum in corde et corpore nostro (cfr. 1 Cor 6,20) per divinum amorem et puram et sinceram conscientiam; parturimus eum per sanctam operationem, quae lucere debet aliis in exemplum (cfr. Mt 5,16). 11O quam gloriosum est, sanctum et magnum in caelis habere patrem! 12O quam sanctum, paraclitum, pulchrum et admirabilem talem habere sponsum! 13O quam sanctum et quam dilectum, beneplacitum, humilem, pacificum, dulcem, amabilem et super omnia desiderabilem habere talem fratrem et talem filium: Dominum nostrum Jesum Christum, qui posuit animam pro ovibus suis (cfr. Joa 10,15) et oravit patri dicens: 14Pater sancte, serva eos in nomine tuo (Joa 17,11), quos dedisti mihi in mundo; tui erant et mihi dedisti eos (Joa 17,6). 15Et verba, quae mihi dedisti, dedi eis, et ipsi acceperunt et crediderunt vere, quia a te exivi et cognoverunt, quia tu me misisti (Joa 17,8). 16Rogo pro eis et non pro mundo (cfr. Joa 17,9). 17Benedic et sanctifica (Joa 17,17) et pro eis sanctifico me ipsum (Joa 17,19). 18Non pro eis rogo tantum, sed pro eis qui credituri sunt per verbum illorum in me (Joa 17,20), ut sint sanctificati in unum (cfr. Joa 17,23) sicut et nos (Joa 17,11). 19Et volo, pater, ut ubi ego sum et illi sint mecum, ut videant claritatem meam (Joa 17,24) in regno tuo (Mt 20,21). Amen.

[Cap. II] De illis qui non agunt poenitentiam.

1Omnes autem illi et illae, qui non sunt in poenitentia, 2et non recipiumt corpus et sanguinem Domini nostri Jesu Christi, 3et operantur vitia et peccata et qui ambulant post malam concupiscentiam et mala desideria, carnis suae, 4et non observant, quae promiserunt Domino, 5et serviunt corporaliter mundo carnalibus desideriis et sollicitudinibus saeculi et curis huius vitae: 6Detenti a diabolo, cuius sunt filii et eius opera faciunt (cfr. Joa 8,41), 7caeci sunt, quia verum lumen non vident Dominum nostrum Jesum Christum. 8Sapientiam non habent spiritualem, quia non habent Filium Dei, qui est vera sapientia Patris, 9de quibus dicitur: Sapientia eorum deglutita est (Ps 106,27) et: Maledicti qui declinant a mandatis tuis (Ps 118,21). 10Vident et agnoscunt, sciunt et faciunt mala et ipsi scienter perdunt animas. 11Videte, caeci, decepti ab inimicis vestris: a carne, mundo et diabolo; quia corpori dulce est facere peccatum et amarum est facere servire Deo; 12quia omnia vitia et peccata de corde hominum exeunt et procedunt, sicut dicit Dominus in Evangelio (cfr. Mc 7,21). 13Et nihil habetis in hoc saeculo neque in futuro. 14Et putatis diu possidere vanitates huius saeculi, sed decepti estis, quia veniet dies et hora, de quibus non cogitatis, nescitis et ignoratis; infirmatur corpus, mors appropinquat et sic moritur amara morte. 15Et ubicumque, quandocumque, qualitercumque moritur homo in criminali peccato sine poenitentia et satisfactione, si potest satisfacere et non satisfacit, diabolus rapit animam suam de corpore eius cum tanta angustia et tribulatione, quod nemo potest scire, nisi qui recipit. 16Et omnia talenta et potestatem et scientiam et sapientiam (2 Par 1,12), quae putabant habere, auferretur [!] ab eis (cfr. Lc 8,18; Mc 4,25). 17Et propinquis et amicis relinquunt et ipsi tulerunt et diviserunt substantiam eius et dixerunt postea: Maledicta sit anima sua, quia potuit plus dare nobis et acquirere quam non acquisivit. 18Corpus comedunt vermes, et ita perdiderunt corpus et animam in isto brevi saeculo et ibunt in inferno, ubi cruciabuntur sine fine.

19Omnes illos quibus litterae istae pervenerint, rogamus in caritate quae Deus est (cfr. 1 Joa 4,16), ut ista supradicta odorifera verba Domini nostri Jesu Christi cum divino amore benigne recipiant. 20Et qui nesciunt legere, saepe legere faciant; 21et apud se retineant cum sancta operatione usque in finem, quia spiritus et vita sunt (Joa 6,64). 22Et qui hoc non fecerint, tenebuntur reddere rationem in die iudicii (cfr. Mt 12,36) ante tribunal Domini nostri Jesu Christi (cfr. Rom 14,10).

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In nomine Domini!

[Cap. I] De illis qui faciunt poenitentiam.

1Omnes qui Dominum diligunt ex toto corde, ex tota anima et mente, ex tota virtute (cfr. Mc 12,30) et diligunt proximos suos sicut se ipsos (cfr. Mt 22,39),

2et odio habent corpora eorum cum vitiis et peccatis,

3et recipiunt corpus et sanguinem Domini nostri Jesu Christi,

4et faciunt fructus dignos poenitentiae:

5O quam beati et benedicti sunt illi et illae, dum talia faciunt et in talibus perseverant,

6quia requiescet super eos spiritus Domini (cfr. Is 11,2) et faciet apud eos habitaculum et mansionem (cfr. Joa 14,23),

7et sunt filii patris caelestis (cfr. Mt 5,45), cuius opera faciunt et sunt sponsi, fratres et matres Domini nostri Jesu Christi (cfr. Mt 12,50).

8Sponsi sumus, quando Spiritu Sancto coniungitur fidelis anima Domino nostro Jesu Christo.

9Fratres ei sumus, quando facimus voluntatem patris qui in caelis est (Mt 12,50);

10matres, quando portamus eum in corde et corpore nostro (cfr. 1 Cor 6,20) per divinum amorem et puram et sinceram conscientiam; parturimus eum per sanctam operationem, quae lucere debet aliis in exemplum (cfr. Mt 5,16).

11O quam gloriosum est, sanctum et magnum in caelis habere patrem!

12O quam sanctum, paraclitum, pulchrum et admirabilem talem habere sponsum!

13O quam sanctum et quam dilectum, beneplacitum, humilem, pacificum, dulcem, amabilem et super omnia desiderabilem habere talem fratrem et talem filium: Dominum nostrum Jesum Christum, qui posuit animam pro ovibus suis (cfr. Joa 10,15) et oravit patri dicens:

14Pater sancte, serva eos in nomine tuo (Joa 17,11), quos dedisti mihi in mundo; tui erant et mihi dedisti eos (Joa 17,6).

15Et verba, quae mihi dedisti, dedi eis, et ipsi acceperunt et crediderunt vere, quia a te exivi et cognoverunt, quia tu me misisti (Joa 17,8).

16Rogo pro eis et non pro mundo (cfr. Joa 17,9).

17Benedic et sanctifica (Joa 17,17) et pro eis sanctifico me ipsum (Joa 17,19).

18Non pro eis rogo tantum, sed pro eis qui credituri sunt per verbum illorum in me (Joa 17,20), ut sint sanctificati in unum (cfr. Joa 17,23) sicut et nos (Joa 17,11).

19Et volo, pater, ut ubi ego sum et illi sint mecum, ut videant claritatem meam (Joa 17,24) in regno tuo (Mt 20,21). Amen.

[Cap. II] De illis qui non agunt poenitentiam.

1Omnes autem illi et illae, qui non sunt in poenitentia,

2et non recipiumt corpus et sanguinem Domini nostri Jesu Christi,

3et operantur vitia et peccata et qui ambulant post malam concupiscentiam et mala desideria, carnis suae,

4et non observant, quae promiserunt Domino,

5et serviunt corporaliter mundo carnalibus desideriis et sollicitudinibus saeculi et curis huius vitae:

6Detenti a diabolo, cuius sunt filii et eius opera faciunt (cfr. Joa 8,41),

7caeci sunt, quia verum lumen non vident Dominum nostrum Jesum Christum.

8Sapientiam non habent spiritualem, quia non habent Filium Dei, qui est vera sapientia Patris,

9de quibus dicitur: Sapientia eorum deglutita est (Ps 106,27) et: Maledicti qui declinant a mandatis tuis (Ps 118,21).

10Vident et agnoscunt, sciunt et faciunt mala et ipsi scienter perdunt animas.

11Videte, caeci, decepti ab inimicis vestris: a carne, mundo et diabolo; quia corpori dulce est facere peccatum et amarum est facere servire Deo;

12quia omnia vitia et peccata de corde hominum exeunt et procedunt, sicut dicit Dominus in Evangelio (cfr. Mc 7,21).

13Et nihil habetis in hoc saeculo neque in futuro.

14Et putatis diu possidere vanitates huius saeculi, sed decepti estis, quia veniet dies et hora, de quibus non cogitatis, nescitis et ignoratis; infirmatur corpus, mors appropinquat et sic moritur amara morte.

15Et ubicumque, quandocumque, qualitercumque moritur homo in criminali peccato sine poenitentia et satisfactione, si potest satisfacere et non satisfacit, diabolus rapit animam suam de corpore eius cum tanta angustia et tribulatione, quod nemo potest scire, nisi qui recipit.

16Et omnia talenta et potestatem et scientiam et sapientiam (2 Par 1,12), quae putabant habere, auferretur [!] ab eis (cfr. Lc 8,18; Mc 4,25).

17Et propinquis et amicis relinquunt et ipsi tulerunt et diviserunt substantiam eius et dixerunt postea: Maledicta sit anima sua, quia potuit plus dare nobis et acquirere quam non acquisivit.

18Corpus comedunt vermes, et ita perdiderunt corpus et animam in isto brevi saeculo et ibunt in inferno, ubi cruciabuntur sine fine.

19Omnes illos quibus litterae istae pervenerint, rogamus in caritate quae Deus est (cfr. 1 Joa 4,16), ut ista supradicta odorifera verba Domini nostri Jesu Christi cum divino amore benigne recipiant.

20Et qui nesciunt legere, saepe legere faciant;

21et apud se retineant cum sancta operatione usque in finem, quia spiritus et vita sunt (Joa 6,64).

22Et qui hoc non fecerint, tenebuntur reddere rationem in die iudicii (cfr. Mt 12,36) ante tribunal Domini nostri Jesu Christi (cfr. Rom 14,10).

********

In nomine Domini!

Cap. I: De illis qui faciunt poenitentiam.

Omnes qui Dominum diligunt ex toto corde, ex tota anima et mente, ex tota virtute (cfr. Mc 12,30) et diligunt proximos suos sicut se ipsos (cfr. Mt 22,39), et odio habent corpora eorum cum vitiis et peccatis, et recipiunt corpus et sanguinem Domini nostri Jesu Christi, et faciunt fructus dignos poenitentiae: O quam beati et benedicti sunt illi et illae, dum talia faciunt et in talibus perseverant, quia requiescet super eos spiritus Domini (cfr. Is 11,2) et faciet apud eos habitaculum et mansionem (cfr. Joa 14,23), et sunt filii patris caelestis (cfr. Mt 5,45), cuius opera faciunt et sunt sponsi, fratres et matres Domini nostri Jesu Christi (cfr. Mt 12,50). Sponsi sumus, quando Spiritu Sancto coniungitur fidelis anima Domino nostro Jesu Christo. Fratres ei sumus, quando facimus voluntatem patris qui in caelis est (Mt 12,50); matres, quando portamus eum in corde et corpore nostro (cfr. 1 Cor 6,20) per divinum amorem et puram et sinceram conscientiam; parturimus eum per sanctam operationem, quae lucere debet aliis in exemplum (cfr. Mt 5,16). O quam gloriosum est, sanctum et magnum in caelis habere patrem! O quam sanctum, paraclitum, pulchrum et admirabilem talem habere sponsum! O quam sanctum et quam dilectum, beneplacitum, humilem, pacificum, dulcem, amabilem et super omnia desiderabilem habere talem fratrem et talem filium: Dominum nostrum Jesum Christum, qui posuit animam pro ovibus suis (cfr. Joa 10,15) et oravit patri dicens: Pater sancte, serva eos in nomine tuo (Joa 17,11), quos dedisti mihi in mundo; tui erant et mihi dedisti eos (Joa 17,6). Et verba, quae mihi dedisti, dedi eis, et ipsi acceperunt et crediderunt vere, quia a te exivi et cognoverunt, quia tu me misisti (Joa 17,8). Rogo pro eis et non pro mundo (cfr. Joa 17,9). Benedic et sanctifica (Joa 17,17) et pro eis sanctifico me ipsum (Joa 17,19). Non pro eis rogo tantum, sed pro eis qui credituri sunt per verbum illorum in me (Joa 17,20), ut sint sanctificati in unum (cfr. Joa 17,23) sicut et nos (Joa 17,11). Et volo, pater, ut ubi ego sum et illi sint mecum, ut videant claritatem meam (Joa 17,24) in regno tuo (Mt 20,21). Amen.

Cap. II: De illis qui non agunt poenitentiam.

Omnes autem illi et illae, qui non sunt in poenitentia, et non recipiumt corpus et sanguinem Domini nostri Jesu Christi, et operantur vitia et peccata et qui ambulant post malam concupiscentiam et mala desideria, carnis suae, et non observant, quae promiserunt Domino, et serviunt corporaliter mundo carnalibus desideriis et sollicitudinibus saeculi et curis huius vitae: Detenti a diabolo, cuius sunt filii et eius opera faciunt (cfr. Joa 8,41), caeci sunt, quia verum lumen non vident Dominum nostrum Jesum Christum. Sapientiam non habent spiritualem, quia non habent Filium Dei, qui est vera sapientia Patris, de quibus dicitur: Sapientia eorum deglutita est (Ps 106,27) et: Maledicti qui declinant a mandatis tuis (Ps 118,21). Vident et agnoscunt, sciunt et faciunt mala et ipsi scienter perdunt animas. Videte, caeci, decepti ab inimicis vestris: a carne, mundo et diabolo; quia corpori dulce est facere peccatum et amarum est facere servire Deo; quia omnia vitia et peccata de corde hominum exeunt et procedunt, sicut dicit Dominus in Evangelio (cfr. Mc 7,21). Et nihil habetis in hoc saeculo neque in futuro. Et putatis diu possidere vanitates huius saeculi, sed decepti estis, quia veniet dies et hora, de quibus non cogitatis, nescitis et ignoratis; infirmatur corpus, mors appropinquat et sic moritur amara morte. Et ubicumque, quandocumque, qualitercumque moritur homo in criminali peccato sine poenitentia et satisfactione, si potest satisfacere et non satisfacit, diabolus rapit animam suam de corpore eius cum tanta angustia et tribulatione, quod nemo potest scire, nisi qui recipit. Et omnia talenta et potestatem et scientiam et sapientiam (2 Par 1,12), quae putabant habere, auferretur [!] ab eis (cfr. Lc 8,18; Mc 4,25). Et propinquis et amicis relinquunt et ipsi tulerunt et diviserunt substantiam eius et dixerunt postea: Maledicta sit anima sua, quia potuit plus dare nobis et acquirere quam non acquisivit. Corpus comedunt vermes, et ita perdiderunt corpus et animam in isto brevi saeculo et ibunt in inferno, ubi cruciabuntur sine fine.

Omnes illos quibus litterae istae pervenerint, rogamus in caritate quae Deus est (cfr. 1 Joa 4,16), ut ista supradicta odorifera verba Domini nostri Jesu Christi cum divino amore benigne recipiant. Et qui nesciunt legere, saepe legere faciant; et apud se retineant cum sancta operatione usque in finem, quia spiritus et vita sunt (Joa 6,64). Et qui hoc non fecerint, tenebuntur reddere rationem in die iudicii (cfr. Mt 12,36) ante tribunal Domini nostri Jesu Christi (cfr. Rom 14,10).

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In nomine Domini!

Cap. I: De illis qui faciunt poenitentiam.

Omnes qui Dominum diligunt ex toto corde, ex tota anima et mente, ex tota virtute et diligunt proximos suos sicut se ipsos, et odio habent corpora eorum cum vitiis et peccatis, et recipiunt corpus et sanguinem Domini nostri Jesu Christi, et faciunt fructus dignos poenitentiae: O quam beati et benedicti sunt illi et illae, dum talia faciunt et in talibus perseverant, quia requiescet super eos spiritus Domini et faciet apud eos habitaculum et mansionem, et sunt filii patris caelestis, cuius opera faciunt et sunt sponsi, fratres et matres Domini nostri Jesu Christi. Sponsi sumus, quando Spiritu Sancto coniungitur fidelis anima Domino nostro Jesu Christo. Fratres ei sumus, quando facimus voluntatem patris qui in caelis est; matres, quando portamus eum in corde et corpore nostro per divinum amorem et puram et sinceram conscientiam; parturimus eum per sanctam operationem, quae lucere debet aliis in exemplum. O quam gloriosum est, sanctum et magnum in caelis habere patrem! O quam sanctum, paraclitum, pulchrum et admirabilem talem habere sponsum! O quam sanctum et quam dilectum, beneplacitum, humilem, pacificum, dulcem, amabilem et super omnia desiderabilem habere talem fratrem et talem filium: Dominum nostrum Jesum Christum, qui posuit animam pro ovibus suis et oravit patri dicens: Pater sancte, serva eos in nomine tuo, quos dedisti mihi in mundo; tui erant et mihi dedisti eos. Et verba, quae mihi dedisti, dedi eis, et ipsi acceperunt et crediderunt vere, quia a te exivi et cognoverunt, quia tu me misisti. Rogo pro eis et non pro mundo. Benedic et sanctifica et pro eis sanctifico me ipsum. Non pro eis rogo tantum, sed pro eis qui credituri sunt per verbum illorum in me, ut sint sanctificati in unum sicut et nos. Et volo, pater, ut ubi ego sum et illi sint mecum, ut videant claritatem meam in regno tuo. Amen.

Cap. II: De illis qui non agunt poenitentiam.

Omnes autem illi et illae, qui non sunt in poenitentia, et non recipiumt corpus et sanguinem Domini nostri Jesu Christi, et operantur vitia et peccata et qui ambulant post malam concupiscentiam et mala desideria, carnis suae, et non observant, quae promiserunt Domino, et serviunt corporaliter mundo carnalibus desideriis et sollicitudinibus saeculi et curis huius vitae: Detenti a diabolo, cuius sunt filii et eius opera faciunt, caeci sunt, quia verum lumen non vident Dominum nostrum Jesum Christum. Sapientiam non habent spiritualem, quia non habent Filium Dei, qui est vera sapientia Patris, de quibus dicitur: Sapientia eorum deglutita est, et: Maledicti qui declinant a mandatis tuis. Vident et agnoscunt, sciunt et faciunt mala et ipsi scienter perdunt animas. Videte, caeci, decepti ab inimicis vestris: a carne, mundo et diabolo; quia corpori dulce est facere peccatum et amarum est facere servire Deo; quia omnia vitia et peccata de corde hominum exeunt et procedunt, sicut dicit Dominus in Evangelio. Et nihil habetis in hoc saeculo neque in futuro. Et putatis diu possidere vanitates huius saeculi, sed decepti estis, quia veniet dies et hora, de quibus non cogitatis, nescitis et ignoratis; infirmatur corpus, mors appropinquat et sic moritur amara morte. Et ubicumque, quandocumque, qualitercumque moritur homo in criminali peccato sine poenitentia et satisfactione, si potest satisfacere et non satisfacit, diabolus rapit animam suam de corpore eius cum tanta angustia et tribulatione, quod nemo potest scire, nisi qui recipit. Et omnia talenta et potestatem et scientiam et sapientiam, quae putabant habere, auferretur ab eis. Et propinquis et amicis relinquunt et ipsi tulerunt et diviserunt substantiam eius et dixerunt postea: Maledicta sit anima sua, quia potuit plus dare nobis et acquirere quam non acquisivit. Corpus comedunt vermes, et ita perdiderunt corpus et animam in isto brevi saeculo et ibunt in inferno, ubi cruciabuntur sine fine.

Omnes illos quibus litterae istae pervenerint, rogamus in caritate quae Deus est, ut ista supradicta odorifera verba Domini nostri Jesu Christi cum divino amore benigne recipiant. Et qui nesciunt legere, saepe legere faciant; et apud se retineant cum sancta operatione usque in finem, quia spiritus et vita sunt. Et qui hoc non fecerint, tenebuntur reddere rationem in die iudicii ante tribunal Domini nostri Jesu Christi.

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