CHAPITRE 13 : LES STIGMATES[1].
- L’angélique François n’avait pas pour habitude de se reposer au cours de sa poursuite du bien, mais, comme les esprits angéliques, sur l’échelle de Jacob, ou bien il montait vers Dieu, ou bien il descendait vers le prochain : il en était venu à faire ainsi avec prudence[2] la distribution du temps que Dieu nous octroie pour acquérir dès mérites : une part aux travaux et aux fatigues pour le bien des hommes, une part au recueillement de la contemplation extatique. Et quand il avait travaillé au salut des autres, de façon variée suivant les circonstances de lieu et de temps, il s’écartait de la foule et de son tumulte, cherchait dans la solitude un endroit tranquille pour penser au Seigneur en toute liberté d’esprit et secouer la poussière qui aurait pu s’attacher à son âme au cours de son passage parmi les hommes. Après de multiples travaux enfin, François fut conduit par la divine Providence, deux ans avant sa mort, jusqu’à l’ermitage très élevé[3] qu’on appelle « Le Mont Alverne[4]». Ayant commencé son carême habituel en l’honneur de saint Michel, il sentit plus abondamment que jamais la douceur de la contemplation céleste, l’ardeur des désirs surnaturels et la profusion des grâces divines. Il s’élevait vers le ciel, non comme un curieux avide de pénétrer les secrets de la majesté suprême – ceux-là sont écrasés par sa gloire[5] mais comme un serviteur fidèle et prudent[6] cherchant le bon plaisir de Dieu[7] et ne désirant qu’une seule chose : s’y conformer en tous points.
- Or, Dieu parlant à son âme lui révéla [8]qu’en ouvrant le livre des Évangiles il apprendrait du Christ ce qui allait être, en lui et par lui, le plus agréable à Dieu. Après une fervente prière, il alla prendre sur l’autel le livre des saints Évangiles, et par trois fois, au nom de la sainte Trinité, le fit ouvrir par son compagnon, frère vraiment pieux et saint. Par trois fois on tomba sur le récit de la Passion du Sauveur[9]: l’homme de Dieu comprit qu’après avoir imité l’activité du Christ durant sa vie, il devait lui ressembler encore dans les afflictions et les souffrances de sa Passion avant de quitter ce monde. Il ne s’effraya point, mais au contraire, bien qu’épuisé par les austérités et par la croix du Seigneur déjà portée jusque-là, il se sentit animé d’une vigueur nouvelle pour subir ce martyre. L’incendie d’amour[10] triomphait en belles flammes de feu : des fleuves d’eau n’auraient pu éteindre une si intense charité[11].
- Ainsi transporté en Dieu par son désir d’une fougue toute séraphique[12] et transformé, par compassion, en Celui qui dans son excès d’amour[13] voulut être crucifié, il priait un matin sur le versant de la montagne[14] (c’était aux environs de l’Exaltation de la sainte Croix[15]) ; et voici qu’il vit descendre du haut du ciel un séraphin aux six ailes resplendissantes comme le feu. D’un vol très rapide il arriva près de l’endroit où se tenait l’homme de Dieu, et un personnage apparut alors entre les ailes : c’était un homme crucifié, les mains et les pieds étendus et attachés à une croix. Deux ailes s’élevaient au-dessus de sa tête, deux autres restaient éployées pour le vol, les deux autres lui voilaient le corps.
Cette apparition plongea François dans un profond étonnement, tandis qu’en son cœur se mêlaient la tristesse et la joie. Il se réjouissait du bienveillant regard dont il se voyait considéré par le Christ sous l’aspect d’un séraphin, mais ce crucifiement transperçait son âme de douleur et de compassion comme d’un glaive[16]. Une apparition si mystérieuse le plongeait dans la plus grande stupeur, car il savait que les souffrances de la Passion ne peuvent en aucune manière atteindre un séraphin, qui est un esprit immortel. Il comprit enfin, grâce aux lumières du ciel, pourquoi la divine Providence lui avait envoyé cette vision : ce n’était pas le martyre de son corps, mais l’amour incendiant son âme qui devrait le transformer à la ressemblance du Christ crucifié. Puis la vision disparut, lui laissant au cœur une ardeur merveilleuse, mais non sans lui avoir imprimé en pleine chair des marques tout aussi merveilleuses : c’est à ce moment en effet qu’apparurent dans ses mains et ses pieds les traces des clous telles qu’il venait de les voir chez cet homme crucifié. Ses mains et ses pieds semblaient avoir été transpercés par des clous dont la tête était visible dans la paume des mains et sur le dessus des pieds, tandis que la pointe ressortait de l’autre côté. La tête des clous était ronde et noire ; la pointe, assez allongée, comme rebattue et recourbée, faisait saillie au milieu d’un bourrelet de chairs au-dessus de la peau. Au côté droit, comme entrouvert par une lance, s’étendait une plaie rouge d’où coulait fréquemment son sang précieux qui mouillait caleçons et tuniques.
- Il était impossible de cacher longtemps aux frères de son entourage des stigmates imprimés de façon si apparente ; le serviteur du Christ le comprenait, mais il craignait de divulguer par là le secret du Seigneur[17], et son âme fut la proie du doute et de cet anxieux débat : devait-il publier ou taire sa vision ? Il finit par appeler quelques frères, leur exposa le cas en termes intentionnellement vagues et demanda ce qu’ils en pensaient. L’un d’eux, qui s’appelait Illuminé et que la grâce illumina, se douta bien qu’il avait eu quelque vision merveilleuse pour être aussi troublé, et il lui dit : « Ce n’est pas seulement pour toi, frère, mais aussi pour les autres, que les secrets de Dieu te sont parfois révélés. Et tu aurais bien lieu de craindre le blâme, au jour du Jugement, pour avoir enfoui ce talent[18], si tu gardes secret ce que tu as reçu pour le profit de tous[19]. » Ses paroles ébranlèrent le saint qui affirmait pourtant d’ordinaire : « Mon secret est à moi ![20]», mais qui leur raconta pour lors avec grande crainte tout le déroulement de sa vision. Celui qui lui était apparu, ajouta-t-il pourtant, lui avait révélé certains secrets qu’il ne devait confier à personne tant qu’il vivrait. Il nous faut donc croire que ces paroles du séraphin en croix sont tellement profondes et mystérieuses qu’elles font partie de celles dont l’Apôtre affirme : « il n’est pas permis aux hommes de les redire[21]. »
- Quand le véritable amour eut transformé l’ami du Christ à la ressemblance exacte de Celui qu’il aimait, et quand les quarante jours prévus se furent écoulés dans la solitude, la Saint-Michel arriva[22] et François, l’homme évangélique, descendit de la montagne[23] portant l’image du Crucifié, non point sculptée sur des tables de pierre[24] ou de bois par la main d’un artisan, mais reproduite en sa propre chair par le doigt du Dieu vivant[25]. Sachant qu’il est bon de tenir caché le secret du Roi[26], le saint qui en avait reçu confidence cachait autant qu’il le pouvait ses stigmates sacrés ; mais comme Dieu est maître des merveilles qu’il opère en vue de sa gloire, le Seigneur lui-même qui avait en secret imprimé ces marques accomplit par elles au grand jour plusieurs miracles afin de rendre publique par des prodiges incontestés leur puissance merveilleuse mais cachée.
- En voici des exemples. Une peste dangereuse sévissait dans la province de Rieti, et sans pitié frappait de langueur bœufs et moutons sans espoir de guérison. Or un homme craignant Dieu eut une vision durant la nuit : il fut averti d’avoir à se rendre vite à l’ermitage des frères, d’y prendre l’eau dans laquelle François, alors de passage, s’était lavé les mains et les pieds, et d’en asperger tous les animaux. Le matin, notre homme bondit, court jusqu’à l’ermitage, obtient l’eau que les compagnons du saint lui passent en cachette, et en asperge les bœufs et les brebis malades. Merveille[27]! Sitôt que la moindre goutte avait touché ces bêtes gisant à terre et pantelantes, elles retrouvaient leurs forces, se levaient aussitôt et, comme si elles n’avaient jamais rien eu, partaient au pâturage d’un bon pas. Ainsi la puissance miraculeuse de cette eau qui avait coulé sur les plaies sacrées protégea les troupeaux de l’épizootie, et purgea complètement la contrée de ce fléau.
- Avant que le saint vînt séjourner à l’Alverne, périodiquement des nuages se formaient sur la montagne, s’accumulaient et retombaient en violentes tempêtes de grêle anéantissant les récoltes. Mais après la grandiose et bienheureuse apparition, la grêle prit fin, au grand étonnement des habitants : le ciel lui-même prenait un visage calme inhabituel pour proclamer à la fois l’excellence de la vision et la puissance des stigmates reçus en cet endroit.
A cause de sa faiblesse et de l’âpreté des chemins, le saint utilisait l’âne d’un pauvre homme. Une nuit d’hiver, force leur fut de se réfugier sous un rocher à cause de la neige et de l’obscurité qui leur barraient la route de l’ermitage où ils devaient passer la nuit. Le saint entendait cet homme qui geignait, gémissait, se tournait d’un côté puis de l’autre, n’arrivant pas à dormir à cause du froid, car il n’était vêtu que de pauvres habits. François, dans le feu de l’amour divin, étendit la main et la posa sur lui. Merveille ! Au contact de cette main sacrée porteuse de feu, à l’image du séraphin qui portait le charbon ardent[28], le froid aussitôt disparut, et le paysan se sentit envahir intérieurement et extérieurement d’une chaleur aussi intense qu’au soupirail d’un four à pain. Le corps et l’âme réconfortés, il dormait là, d’après son propre témoignage, plus confortablement parmi la rocaille et la neige que dans son propre lit.
Tous ces témoignages authentiques prouvent que les stigmates eurent bien pour origine la puissance de Celui qui, par l’intermédiaire des séraphins, purifie, illumine et enflamme[29], puisqu’ils ont pu donner au saint le pouvoir de guérir en purifiant de la peste, de rendre au ciel la clarté et aux corps de la chaleur ; d’autres prodiges opérés après sa mort et rapportés plus loin viennent encore renforcer cette conviction jusqu’à l’évidence.
- Les stigmates étaient pour lui le « trésor découvert dans un champ[30]» et qu’il prenait bien soin de cacher, mais il ne put, malgré ses mitaines aux mains et ses chaussures aux pieds, les soustraire à la vue de certains. Plusieurs frères, en effet, les virent de son vivant, et bien que leur sainteté fût garante de leur entière sincérité, néanmoins, pour prévenir tous les doutes, ils confirmèrent par serment, la main sur les Évangiles, que telle était bien la réalité et qu’ils les avaient vus. En furent également témoins quelques cardinaux intimement liés d’amitié avec le saint, et ils rendirent ensuite témoignage à la vérité[31] par la parole et par la plume, incorporant des louanges aux sacrés stigmates dans les hymnes, proses et antiennes qu’ils composèrent en l’honneur du saint[32]. Le seigneur Alexandre enfin, souverain pontife, dans un sermon donné au peuple en présence de nombreux frères et de moi-même, affirma qu’il avait de ses yeux vu les sacrés stigmates au temps où le saint vivait encore[33]. Après sa mort, plus de cinquante frères purent les contempler, ainsi que Claire, la vierge très pieuse, ses sœurs et d’innombrables fidèles dont beaucoup – nous le verrons plus loin – les baisèrent par dévotion et les touchèrent de leurs mains, afin de pouvoir en témoigner à coup sûr.
Quant à la blessure du côté, il la cachait si soigneusement que, durant sa vie, ceux qui la virent ne purent que l’apercevoir à la dérobée. Un frère qui le servait habituellement et avec beaucoup de prévenance, usant d’un pieux stratagème, obtint de lui faire ôter sa tunique sous prétexte de la secouer[34], ce qui lui permit de regarder la blessure avec attention[35] et, prestement, d’y appliquer trois doigts, prenant ainsi la mesure de la plaie tant par la vue que par le toucher. Grâce à une ruse semblable, le frère qui était alors son vicaire put aussi l’apercevoir[36]°. Un frère d’une simplicité admirable[37] lui frictionnait un jour ses pauvres épaules malades ; sa main glissa malencontreusement et s’en vint heurter la blessure sacrée, causant une vive douleur. Dans la suite, pour protéger cette blessure du côté, il porta des caleçons lui montant jusqu’aux aisselles. Les frères chargés de les laver et de secouer sa tunique périodiquement les trouvaient tachés de sang : par ces traces leur fut révélée la blessure sacrée qu’ils purent dans la suite contempler à découvert et vénérer avec tous les autres après la mort de François.
- Porte désormais, vaillant chevalier du Christ, les armes du Chef invincible qui te les conféra : elles te donneront la victoire sur tous tes adversaires[38]. Lève l’étendard du Grand Roi : sa vue tient en haleine ceux qui combattent dans les rangs de l’armée de Dieu. Exhibe le sceau du Christ, Pontife suprême : il donne à tes paroles et à tes actes la garantie d’authenticité[39] qui les fera accepter par tous. Désormais les stigmates du Christ que tu portes dans ton corps te placent à l’abri de toute attaque[40] [41]. Bien plus : tout serviteur du Christ est tenu de leur témoigner sa dévotion.
Ces marques dont nous avons la preuve par des témoins non pas en suffisance (deux ou trois[42]) mais en surabondance (ils sont légion), ces marques accréditent à nos yeux tout ce que Dieu a voulu nous révéler en toi et par toi. Et, tandis qu’elles ôtent aux infidèles toute excuse pour nier, elles affermissent les croyants dans leur foi, soulèvent jusqu’au ciel leur espérance, et les enflamment du feu de la charité.
- Elle est réalisée, ta première vision annonçant que tu serais l’un des capitaines de l’armée du Christ, équipée par le ciel aux armes de la croix (1, 3).
Elle est réalisée, ta vision de Jésus crucifié où la compassion avait transpercé ton âme d’un glaive[43] de douleur (1, 5).
Et celle-là aussi où tu entendis la Voix qui venait de la croix comme du trône et de l’autel où résidait le Christ, tu l’as toi-même affirmé, et nous le croyons sans douter (2, 1).
Elle est réalisée, la vision de frère Sylvestre : la croix merveilleuse sortant de ta bouche (3, 5).
Et celle de frère Pacifique : les deux glaives croisés qui transperçaient ton corps (4, 9).
Et celle de l’angélique frère Monaldo qui te vit élevé dans les airs, les bras en croix, au cours du sermon de saint Antoine sur le titre de la croix (4, 10) toutes visions qui n’étaient pas des imaginations, mais des révélations du ciel, et auxquelles nous accordons notre foi la plus entière.
Elle est réalisée, enfin, cette vision simultanée d’un sublime séraphin et d’un humble crucifié qui, embrasant ton âme d’amour et marquant ton corps de stigmates, fit de toi le deuxième ange montant de l’Orient et portant le signe de Dieu vivant[44] (13, 3). Elle confirme les précédentes et reçoit d’elles un témoignage de surcroît.
Voilà donc par sept fois la croix du Christ apparaissant à tes yeux ou montrée en ta personne aux yeux de tes compagnons : les six premières étaient comme autant de degrés pour arriver à la septième en laquelle finalement tu te reposas[45].
Cette croix du Christ, en effet, qui te fut proposée au début de ta conversion et que tu acceptas, que tu portas continuellement dans la suite au cours de ta vie si parfaite, et que tu donnas en exemple à autrui, cette croix nous montre avec une telle évidence ton aboutissement final au sommet de la perfection de l’Évangile, que nul homme vraiment religieux ne peut rejeter, nul vrai fidèle attaquer, nul homme vraiment humble mépriser cette preuve de la sagesse chrétienne écrite dans ta chair : elle est digne de notre respect et de notre foi, puisqu’elle est l’œuvre même de Dieu.
[1] Ce chapitre est le sommet et le point d’aboutissement de tout l’itinéraire spirituel de saint François tel que le conçoit saint Bonaventure. Il remplit, si l’on ose dire, le rôle du mystère pascal dans la vie du Christ.
Saint Bonaventure nous apprend lui-même, dans le Prologue de son Itinéraire, qu’en 1259 il s’est retiré sur l’Alverne pour y méditer tout à loisir sur le mystère des Stigmates.
[2] La prudence dont il s’agit ici n’est pas, dans le langage de saint Bonaventure, le calcul humain qui doserait savamment l’action et la contemplation pour éviter soit l’épuisement, soit l’obésité ; c’est la vertu morale qui, après s’être rendu compte des exigences de la vie chrétienne en général d’une part, et des aptitudes personnelles d’autre part, règle sa réponse à l’appel de Dieu, sa vocation, suivant une hiérarchie de valeurs que nul ne peut découvrir pour autrui.
[3] Les termes du texte latin sont une claire allusion à la montée au Thabor pour la Transfiguration (Mt 17 1).
[4] Du nom de la montagne sur laquelle il se trouve (1283 mètres ; l’ermitage est à 1129 mètres). Ce nom de Verna viendrait de vernare, un verbe encore employé par Dante, et qui signifie faire froid, geler.
[5] Pr 25 27
[6] Mt 24 45
[7] Réminiscence de l’esprit, sinon de la lettre du psaume 122 : les yeux des serviteurs sont fixés sur les mains du Maître pour obéir au moindre signe.
[8] Le début et la fin de la vie religieuse de François sont marqués par une révélation le renvoyant au saint Évangile. Son Testament déclare : « Personne ne me montra ce que je devais faire ; mais le Seigneur lui-même me révéla que je devais vivre selon la forme du saint Évangile… »
[9] « Le livre s’ouvre seul aux feuillets souvent lus » (E. Rostand, L’Aiglon, 1, 8).
[10] « Incendie d’amour » est un autre titre de l’ouvrage de saint Bonaventure intitulé Triple Voie. Voyez plus haut, ch. IX, § 2, p. 643
[11] Ct 8 6-7
[12] Transporté en Dieu par le désir. Se rappeler le paradoxe bonaventurien.
Dieu est inaccessible, sauf par le désir ; l’accès n’est ouvert qu’à ceux qui sont en marche ; la possession est dans l’insatisfaction, la connaissance, dans la recherche. Dans la Triple Voie, p. 85 : « Dieu ne tombe pas sous les sens… Dieu n’est pas objet d’imagination… Dieu n’entre pas dans l’ordre rationnel… mais il est tout désirable. »
[13] Ep 2 4
[14] Le « versant de la montagne » est un abrupt vertical, parfois en surplomb, avec des rochers presque entièrement séparés de la terre ferme, sur lesquels on ne peut se rendre que par un tronc d’arbre jeté par-dessus une faille profonde. C’est un site de ce genre que François avait choisi pour passer le carême de dévotion qu’il faisait en l’honneur de saint Michel Archange.
[15] Fêtée le 14 septembre.
[16] Lc 2 35
[17] Tb 12 7
[18] Mt 25 25
[19] Une fois de plus (Cf. ch. 11, §3) frère Illuminé se signale par ses qualités de perspicacité, de décision et de franchise.
[20] Is 24 16
[21] 2 Co 12 4
[22] Le 29 septembre.
[23] Mt 8 1
[24] Ex 31 18
[25] Jn 11 27
[26] Tb 12 7
[27] Mirabile dictu ! Au paragraphe suivant : mirabile certe ! Ces exclamations et toutes celles, très nombreuses, qui émaillent le récit, nous dépeignent un saint Bonaventure très proche des bonnes gens d’Italie qui, aujourd’hui encore, sont si prompts à l’admiration, à l’émotion et à l’exclamation. Les biographies de saints ne sont pas épargnées : on entend retentir en plus d’une page le fameux Miracolo ! Miracolo ! Saint Bonaventure raconte le même miracle dans son quatrième Sermon sur saint François, en ajoutant la notation suivante : « Celui qui m’a raconté ce miracle en avait été le témoin oculaire ! » (Opera, IX, 589).
[28] Is 6 6-7
[29] Le Prologue déjà (p. 2, note 4) nous présentait François comme l’homme hiérarchique, c’est-à-dire « purifié, illuminé et achevé » (Itin. IV, 4). Il est étrange de retrouver cette théorie, dérivée du Pseudo-Denys (De caelesti hierarchia, c. 3, § 2, P.G. III, 166) dans les Écrits de saint François : l’oraison Omnipotens : « O Dieu tout-puissant… accorde-nous… de faire ce que nous savons que tu veux et, de vouloir toujours ce qui te plaît, en sorte que, intérieurement purifiés, éclairés et embrasés du feu de l’Esprit Saint, nous puissions suivre les traces de ton Fils. » (3 Let 51). Nous voyons jusqu’où cette requête a mené François.
[30] Mt 13 44
[31] Jn 5 33
[32] Grégoire IX (cardinal Hugolin) composa l’hymne Proles de caelo, le répons De paupertatis horreo, l’antienne Sancte Francisce propera ; – le cardinal Thomas de Capoue : les hymnes Decus morum, et In caelesti collegio, le répons Carnis spicam, et l’antienne Salve sancte Pater ; – le cardinal Raynier de Viterbe, l’hymne Plaude turba ; – le cardinal Etienne de Casa Nova ( ?) le Caelorum candor splenduit. Enfin Grégoire IX composa la curieuse antienne Plange turba paupercula, où il demande à François de se présenter stigmatisé au Christ stigmatisé afin d’en obtenir un Ministre Général pour son Ordre, un nouveau Père pour ses fils désormais orphelins.
[33] Alexandre IV, pape de 1254 à 1261. On trouve la même affirmation dans deux Bulles émanées de lui : Benigna operatio (19 oct. 1255) et Quia longum esset (28 juin 1259). Au temps où il n’était encore que le cardinal Raynald de Segni, il exerçait les fonctions de cardinal protecteur de l’Ordre. C’est le même Alexandre IV qui porta l’excommunication contre les peintres représentant saint François sans les stigmates.
[34] Excutere : faire sortir en secouant ; c’était alors la manière de brosser les habits.
[35] Saint François, presque aveugle, ne pouvait s’en rendre compte.
[36] Frère Elie : 1 C 95 ; 2 C 138.
[37] Frère Rufin : 1 C 95 ; ou peut-être frère Jean des Laudes : cf. BIHL, La Questione francescana riveduta dal sign. Barbi, dans Studi Fr. 1935, n° 2, p. 133-34. Ce Jean était l’un des infirmiers de François ; de force herculéenne, il pouvait le porter comme un enfant dans ses bras. Cf. 2 C. 182, et Catalogus Friburgensis sanctorum Fr. Min. dans AFH 4 (1911) p. 550
[38] Les paragraphes 9 et 10 constituent un véritable hymne à la gloire des stigmates, en même temps qu’un retour sur tous les chapitres antérieurs pour prouver à quel point ils étaient tous ordonnés à celui-ci.
Tout cela donne à l’Alverne une place de choix parmi les pèlerinages franciscains, sans doute à l’égal d’Assise. Cependant on va beaucoup moins à l’Alverne qu’à Assise. Probablement en raison de la difficulté d’accès : éloignement des grandes routes et des voies ferrées, haute altitude, régions montagneuses à traverser… En outre, l’Alverne constitue comme une liqueur forte qui ne sera sans doute jamais pleinement goûtée que des connaisseurs de l’âme franciscaine.
[39] Tt 2 8
[40] Ga 6 17
[41] A l’adresse de l’Université de Paris, alors hostile à l’idéal franciscain.
[42] Dt 19 15
[43] Lc 2 35
[44] Ap 7 2
[45] Les cinq antiennes de Vêpres de la fête des Stigmates (17 septembre), qui toutes commencent par le mot Crucis et relatent une apparition de la croix, nous conduisent par une progression semblable jusqu’à la stigmatisation décrite par l’antienne à Magnificat. Mais leur auteur, Guiral Ot (Gerardus Odonis, = 1344) est tributaire de Celano sans doute, car 1° l’apparition dans la caverne dont Bonaventure est seul témoin littéraire (1, 5) n’est pas mentionnée ; 2° la vision de frère Pacifique est celle du Tau et non celle des deux glaives transversaux, comme ici.