LÉGENDE DE PÉROUSE 84

SOEUR CIGALE

  1. C’était pendant l’été. Le bienheureux François demeurait alors au couvent Sainte-Marie de la Portioncule dans la dernière cellule, prés de la haie du jardin qui se trouve derrière la maison, là où, après sa mort, habita frère Raynier le jardinier. Un jour, en descendant de sa cellule, il vit à portée de sa main une cigale perchée sur une branche d’un figuier qui s’élevait prés de cette cellule. Il étendit la main et dit : « Viens, soeur cigale ? » Aussitôt elle grimpa le long de ses doigts, tandis que le saint la caressait de l’autre main en lui disant : « Chante, soeur cigale ! » Elle lui obéit aussitôt et se mit à chanter. Ce fut pour le saint une grande consolation et il loua le Seigneur. Pendant une grande heure il la garda ainsi dans sa main, après quoi il la reposa sur la branche d’où il l’avait enlevée.

 Pendant huit jours, chaque fois que le saint descendait de sa cellule, il la retrouvait au même endroit, la prenait dans sa main, et aussitôt qu’il lui disait de chanter, elle chantait. Au bout des huit jours, il dit à ses compagnons : « Permettons maintenant à notre soeur cigale d’aller où il lui plaira. Elle nous a suffisamment réjouis, et notre chair pourrait y trouver un sujet de vaine gloire. » Congé donné, la cigale s’éloigna sur-le-champ, et on ne la revit plus. Les compagnons admirèrent sa gentillesse et son obéissance à l’égard du saint. Le bienheureux François trouvait tant de joie dans les créatures, par amour pour le Créateur, que le Seigneur apprivoisait les bêtes sauvages afin de consoler le corps et l’âme de son serviteur.

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