DÉLICATESSE ENVERS UN MALADE
- A une certaine époque, alors que le bienheureux François séjournait dans le même couvent[1], il y avait un frère, homme de vie intérieure profonde, et déjà ancien dans l’ordre, qui était très faible et malade. En le considérant, le bienheureux François fut ému de pitié. Mais les frères, à cette époque, malades ou bien portants, accueillaient avec joie et patience la pauvreté qui leur tenait lieu d’abondance. Malades, ils refusaient les remèdes ; au contraire ils s’ingéniaient à faire ce qui était contraire à leur santé. Le bienheureux François se dit donc en lui-même : « Si, de bon matin, ce frère mangeait des raisins mûrs, je crois que cela lui ferait du bien. » Un jour il se leva sans bruit, de grand matin, appela ce frère, et le conduisit dans une vigne proche de l’église. Il choisit un cep où les grappes étaient belles et bonnes à manger. S’asseyant près de la vigne avec ce frère, il se mit à manger des raisins, pour que le frère n’ait point honte d’en prendre seul. Tout en mangeant, le frère louait le Seigneur Dieu. Tant qu’il vécut, il rappelait souvent, parmi les frères, avec beaucoup d’émotion et de dévotion, cette délicatesse du Père à son égard.
[1] L’ordre des paragraphes a dû être bouleversé. Il ne peut s’agir ici de Rivo Torto : d’abord le fait se passe près d’une église, et ensuite le frère est déjà « ancien dans l’Ordre ». Celano (2 C 176) et saint Bonaventure (LM 10 5) placent le fait à la Portioncule. Et cf. Sp 28.