AUTRE POSTULANT REFUSÉ
- Au temps où nul n’était admis à venir partager la vie des frères sans la permission du bienheureux François[1], le fils d’un habitant de Lucques, qui était noble selon le monde[2], vint le trouver avec d’autres compagnons qui voulaient entrer dans l’Ordre. Le saint, qui était alors malade, logeait au palais de l’évêque d’Assise. Et comme les frères présentaient les nouveaux venus au bienheureux François, le jeune noble s’inclina devant lui et se mit à pleurer à chaudes larmes, le suppliant de l’accepter. Le bienheureux le regarda et lui dit : « Homme misérable et charnel ! Pourquoi mens-tu à l’Esprit Saint et à moi même[3] ? C’est la chair qui te fait pleurer, non l’esprit ! » A peine avait-il dit ces mots que les parents du jeune homme arrivèrent à cheval à la porte du palais pour le reprendre et l’emmener. Celui-ci, au bruit des chevaux, regarda par la fenêtre ; il aperçut ses parents, se leva aussitôt, sortit les rejoindre et retourna dans le siècle avec eux, comme le Saint Esprit l’avait fait connaître au bienheureux François. Les frères et tous les assistants furent dans l’admiration, exaltant et louant Dieu dans son saint.
[1] Ceci nous reporte vraisemblablement à l’époque où saint François avait encore en mains le gouvernement de l’Ordre
[2] Le P. Cambell interprète De Luca, comme un nom de famille (au lieu d’un nom de ville : Lucques) et fait remarquer que le Premier tertiaire franciscain (qui mourut le même jour que sa femme, comme le héros du paragraphe précédent) s’appelait Lucensis ou Lucchèse.
[3] Cf. Ac 5 3.