LÉGENDE DE PÉROUSE 25

LA VIGNE DE RIETI

  1. Vers le même temps, le bienheureux François, pour soigner ses yeux, séjournait prés de l’église Saint-Fabien, aux portes de cette même ville[1], desservie par un pauvre prêtre séculier. Le seigneur pape Honorius résidait précisément alors dans cette cité avec les cardinaux[2]. Nombre de ces derniers, accompagnés de clercs, visitaient presque quotidiennement le saint, par respect et par dévotion. L’église possédait une petite vigne aux abords de la maison où demeurait le Père. Comme cette maison n’avait qu’une porte, tous ceux qui venaient le voir traversaient la vigne. Les raisins étaient mûrs, l’endroit agréable invitait à la sieste : la vigne fut presque entièrement saccagée ; certains cueillaient les raisins, qui pour les. manger sur place, qui pour les emporter, et d’autres les foulaient aux pieds. Le prêtre en fut scandalisé et troublé : « Cette année, disait-il, ma récolte est perdue. Ma vigne est petite, mais j’y vendangeais tous les ans de quoi suffire à ma consommation. »                                                                                                                                                                                                                                     Mis au courant, le bienheureux François fit appeler le prêtre et lui dit : « Cesse de te troubler et de te scandaliser : nous ne pouvons plus rien y changer. Mets ta confiance dans le Seigneur, car par moi, son pauvre serviteur, il peut, lui, réparer le dommage. Dis-moi : combien de charges de vin rapporte ta vigne dans les meilleures années ? » – « Treize !» répondit le prêtre. – « Cesse de désespérer, répliqua le bienheureux, n’accable personne de tes injures, ne fatigue plus personne de tes plaintes. Aie confiance dans le Seigneur et dans mes paroles : si tu récoltes moins de vingt charges, je promets de compléter. » Le prêtre acquiesça et se tut.                                                                                                                Or il arriva, grâce à la bonté de Dieu, qu’il ne récolta pas moins de vingt charges, selon la promesse du saint. Ce prêtre fut rempli d’admiration, comme tous ceux qui furent mis au courant ; ils regardèrent le fait comme un grand miracle dû aux mérites du bienheureux François. La vigne, en effet, était saccagée, et eût-elle été chargée de raisins, il paraissait impossible au prêtre et aux autres d’en tirer vingt charges de vin.                                                                                                                  Nous qui avons vécu avec lui, nous rendons le témoignage que lorsqu’il avait dit : «Ainsi en est-il » ou : «Ainsi en sera-t-il », sa parole toujours s’accomplissait. Nous avons vu beaucoup de ces promesses ainsi réalisées, et pendant sa vie, et après sa mort[3].

Retour au sommaire

 

 

[1] A 4 km 1/2 au nord de Rieti.

[2] « Il y séjourna du 23 juin 1225 au 3l janvier 1226. A. Potthast Regesta Romanorum pontificum, nn. 7434-7526. Parmi les membres de la Curie figurait le cardinal Hugolin (1 C 99). »

[3] Même affirmation à la fin du § 44.

Les commentaires sont fermés