JACOPONE DE TODI

Jacopone de Todi  1230-1306

Jacopone de Todi est un personnage très pittoresque mais mal connu. Son œuvre, relativement importante, lui assure une réputation méritée de poète et d’auteur spirituel. On lui attribue la composition du Stabat Mater dolorosa.

Sa vie

Les historiens qui se sont penchés sur son histoire pensent qu’il naquit d’une famille noble, à Todi vers 1228-1230. Il étudia le droit, probablement à l’université de Bologne, comme le laisse entendre un de ses poèmes autobiographiques. On pense qu’il exerça d’abord la profession d’avocat, et qu’il épousa une noble dame. Malheureusement celle-ci qui était belle et pieuse mourut prématurément, et Jacopo en fut très affecté. Après avoir renoncé à son métier, il s’engagea dans une vie de pénitence et ne tarda pas à entrer dans le Tiers Ordre franciscain et mena une vie relativement retirée du monde, en négligeant tout souci de son apparence et de ses vêtements, vivant comme un vagabond et se livrant à toutes sortes d’excentricités. Il voulait ainsi participer aux humiliations subies par Jésus-Christ en sa Passion. Après avoir subi les moqueries de son entourage et même des enfants des rues, il reçut ce surnom de Jacopone (au lieu de Jacopo) sous lequel il est désormais connu.

Vers 1278 il sollicita son admission chez les Franciscains de sa ville… qui mirent peu d’empressement pour l’accepter. Il demeura frère laïc et voulu se consacrer aux travaux les plus humbles. Proche des Franciscains Spirituels, il fréquente Jacques Colonna et Pierre Colonna, les deux cardinaux qui s’opposèrent à Boniface VIII, et signa un manifeste en 1297. La lutte entre le Pape et les partisans des Colonna aboutit à l’emprisonnement des frères  »spirituels » dans la forteresse de Palestrina, Castel San Pietro. Jacopone réagira à ces tribulations en composant des poèmes vengeurs. De son côté, Dante, exilé de Florence par cette politique, plaça Boniface VIII en Enfer (XIX, 54). La rancune de Boniface VIII se manifesta par une bulle qui excluait les « rebelles » des bienfaits spirituels du Jubilée de 1300. La mort du Pape, peu de temps après l’attentat d’Agnani (1303), mit fin à sa dure captivité. On sait aussi, par le frère Angelo Clareno (Pierre de Fossombrone) qu’il fit partie du groupe des frères qui demandèrent ensuite au Pape Célestin V de se séparer des frères de la Communauté et de créer un groupe dissident de Franciscains (les pauvres ermites) qui voulaient observer toute la rigueur de la Règle primitive.

Usé, vieilli et malade, il changea plusieurs fois de résidences et d’ermitages, pour aboutir à Collazzone (entre Pérouse et Todi) comme serviteur d’un couvent de clarisses. C’est là qu’il mourut le 25 décembre 1306. Son corps fut transporté dans l’église des clarisses de Montecristo. Mais un siècle plus tard, son corps fut transféré, avec honneur, dans l’église des Franciscains de San Fortunato. L’inscription funéraire témoigne de la vénération que lui portèrent les frères : “Ici reposent les ossements du Bx Jacopone de Todi, Frère mineur. Il se fit fou par amour du Christ. Il déçut le monde par un nouvel artifice et conquit le ciel avec violence.”

Jacopone fut un remarquable poète et un authentique mystique.

Sa vie pleine de fantaisie favorisa l’éclosion de légendes et de faits merveilleux plus ou moins crédibles. Les Franciscains firent de grands efforts, tout au long des siècles pour obtenir la confirmation du culte « immémorial » que lui a rendu la ville de Todi, et les frères proches du courant spirituel. Mais ses conflits avec Boniface VIII ainsi que la violence de certains de ses poèmes ont toujours fait abandonner sa cause de béatification.

Son œuvre

Jacopone écrivit surtout des poèmes, en dialecte ombrien (italien ancien), ainsi que quelques traités de vie spirituelle.

Son œuvre fut imprimée une première fois en 1490, à Florence, et contient 102 textes. D’autres éditions suivirent, qui s’enrichirent d’autres poêmes, probablement apocryphes. L’édition de Venise en 1514 contient 139 poêmes, et l’édition de Venise en 1617 contient 211 pièces. Il serait donc utile de disposer d’une édition critique moderne.

On peut consulter, en attendant : Dr Pierre Barbet, « Quelques poésies de Fra Jacopone da Todi, transcrites de l’Ombrien », préface du P. Paul Doncœur, Paris, Desclée de Br. 1935.

Jacopone da Todi,  »Chants de pauvreté », ed. St. & I. Mangano (Paris, 1994)

Jacopone da Todi,  »Les « laudi » », Le Cerf, 1996, ISBN 2204053074

 

Bibliographie

Les études sur l’œuvre de Jacopone sont nombreuses. Pour en avoir une idée, on peut consulter le site (The Franciscan Authors) http://users.bart.nl/~roestb/franciscan/

  • Frédéric Ozanam, Les Poètes franciscains en Italie au treizième siècle, Paris, 1852, p. 169-208. lire en ligne 
  • Emile Gebhart, L’Italie mystique, Paris, 1906, p. 257-276. lire en ligne
  • Jules Pacheu, Jacopone de Todi, Frère Mineur de Saint-François, Paris, 1914, p. 8-95. lire en ligne 
  • Evelyn Underhill, Jacopone da Todi, poet and mystic, Londres, 1919. lire en ligne 
  • Dictionnaire de spiritualité, vol. 8, Beauchesne, 1974, p. 20-26. lire en ligne 
  • Estelle Zunino, Conquêtes littéraires et quête spirituelle : Jacopone da Todi, Presses de l’université Paris-Sorbonne, 2013.

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