FIORETTO 22

CHAPITRE 22 

COMMENT SAINT FRANÇOIS APPRIVOISA LES TOURTERELLES SAUVAGES [1].

Un jeune homme avait pris un jour beaucoup de tourte­relles et les portait à vendre. Saint François, qui avait tou­jours une singulière pitié pour les animaux paisibles, le ren­contra, et regardant ces tourterelles avec compassion, il dit au jeune homme : « O bon jeune homme, donne-les-moi, je t’en prie, pour que des animaux si innocents auxquels sont comparées, dans l’Ecriture, les âmes chastes, humbles et fidèles, ne tombent pas aux mains de gens cruels qui les tueraient. » Aussitôt le jeune homme, inspiré de Dieu, les donna toutes à saint François, et lui les reçut dans son sein, et commença à leur parler doucement : « O mes sœurs les tourterelles, simples, innocentes et chastes, pourquoi vous laissez-vous prendre ? Je veux maintenant vous arracher à la mort et vous faire des nids, pour que vous fructifiiez et que vous vous multipliiez selon le commandement de votre Créateur. »

Et saint François s’en fut et à toutes fit des nids. Et elle s’en servirent et commencèrent à pondre et à couver devant les frères, et elles demeuraient et vivaient aussi familière­ment avec saint François et les autres frères que si elles avaient été des poules toujours nourries par eux. Et jamais elles ne partirent jusqu’à ce que saint François en les bénis­sant leur en eût donné licence.

Au jeune homme qui les lui avait données saint François dit : « Mon fils, tu seras aussi frère dans cet Ordre et tu serviras gracieusement Jésus-Christ. » Il en fut ainsi, car ledit jeune homme se fit frère et vécut dans l’Ordre en grande sainteté.

A la louange du Christ. Amen.

Chapitre 23

Retour au sommaire

 

 

[1] Actus, 24 ; titre : Comment saint François délivra des tourterelles et leur fit des nids. Le texte des Actus commence ainsi : « Un jeune homme de la cité de Sienne… » Sur les séjours de saint François à Sienne, voir chap. 11, n. 4. Les Fioretti ne mentionnent que trois autres épisodes se rapportant à l’amour de saint François pour les animaux, à l’affection qu’ils lui témoignaient, à l’obéissance qu’ils lui rendaient : le silence imposé aux hirondelles babillardes et le sermon aux oiseaux, chap. 16, la conversion du loup de Gubbio, chap. 21. On sait qu’il en est beaucoup d’autres, voir, notamment, LP 110 ; 1 C 60-61 ; 2 C 47, 167-171 ; 3 C 20-32 ; LM 8 6 11.

Les commentaires sont fermés