VITA SECUNDA 93

CHAPITRE 60

COMMENT TROIS FEMMES LUI APPARURENT EN CHEMIN ET DISPARURENT APRÈS LUI AVOIR ADRESSÉ UNE ÉTRANGE SALUTATION

  1. Voici en quelques mots une aventure merveilleuse dont la signification n’est pas très claire mais dont l’authenticité est incontestable. François, le pauvre du Christ, allant de Rieti à Sienne pour y faire soigner ses yeux[1], en compagnie d’un médecin très dévoué à l’Ordre, traversait la plaine de Rocca Campiglia, quand trois pauvres femmes apparurent sur le bord du chemin. Elles avaient même taille, même âge, même visage : on les aurait prises pour une triple reproduction du même modèle. Quand saint François fut arrivé à leur hauteur, elles inclinèrent la tête avec respect et le glorifièrent de ce salut vraiment inédit : « Soyez la bienvenue, madame la Pauvreté ! » Le saint fut immédiatement ravi d’une joie suprême, car s’il y avait à saluer une vertu en lui, un autre choix n’aurait pu lui être plus agréable. Il crut d’abord qu’elles étaient en réalité trois pauvresses, et se tournant vers le médecin qui l’accompagnait : « Pour l’amour de Dieu, lui dit-il, donne-moi de quoi faire l’aumône à ces pauvres femmes. » L’autre aussitôt s’approcha d’elles, et, sautant de cheval, leur remit à chacune quelques deniers.

 Puis ils se remirent en route, mais les frères et le médecin eurent beau inspecter toute la plaine, leurs yeux n’y rencontrèrent plus l’ombre d’une femme. Au comble de la stupeur, ils comptèrent cette nouvelle aventure au nombre des merveilles du Seigneur, comprenant bien que ce ne pouvaient être des femmes qui s’étaient ainsi envolées, plus rapide que les oiseaux.

Table des chapitres

[1] C’était en avril 1226 ; Cf. 1 C 105.

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