VITA SECUNDA 59

CHAPITRE 29

 

COMMENT IL REFUSA D’HABITER UNE CELLULE QU’ON APPELAIT SA CELLULE.

 

  1. Il avait interdit aux frères d’occuper le moindre lopin de terre dépourvu de propriétaire effectif et notoire. Il voulait donner à ses fils pour idéal, le code du Pèlerin : habiter chez autrui, avoir la nostalgie de la Patrie que l’on rejoint et rayonner la paix en chemin[1].

Il lui arriva un jour, à l’ermitage de Sarteano, d’entendre un frère demander à un autre : « D’où viens-tu ? – De la cellule de Frère François », répondit l’interpellé. Le saint l’entendit et s’écria : « Puisqu’on assigne mon nom à une cellule comme si elle était à moi, qu’on lui trouve un autre occupant, car je ne veux plus l’habiter. Pendant 40 jours de prière et de jeûne au désert, le Seigneur ne se fit construire ni cellule, ni maison, mais prit une roche pour abri. Pour nous, si nous ne pouvons vivre sans abri, nous pouvons du moins imiter le Seigneur comme la Règle nous le prescrit, en refusant toute propriété des logements que nous utilisons. »

Table des chapitres

 

[1] L’idée qui est déjà reprise par saint Pierre (1 P 2 11) du Livre de l’Exode (12 49) se retrouve presque textuellement dans saint Augustin : Ille se intelligit peregrinantem qui se videt patriae suspirantem… (In Iohan, 28, 9). Saint Bonaventure, qui l’utilise aussi (Epist. de III quaest, § 8), a soin de commenter : « Cette comparaison ne doit pas être prise au pied de la lettre : Comment les supérieurs pourraient-ils organiser et gouverner l’Ordre si tous les frères étaient instables et vagabonds de par le monde ? » Cf. A. Van Corstanje, Un peuple de pèlerins, Paris 1964.

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