VITA SECUNDA 44

COMMENT LE SAINT INVITA SON MÉDECIN A DÉJEUNER, ALORS QUE LES FRÈRES MANQUAIENT DE TOUT; ET COMMENT LE SEIGNEUR LES COMBLA DE VICTUAILLES. DIEU POURVOIT AUX BESOINS DES SIENS.

 

  1. A l’époque où le bienheureux séjournait dans un ermitage des environs de Rieti, le médecin venait tous les jours pour lui soigner les yeux. Or le saint dit un jour à ses compagnons : « Invitez le médecin et servez-lui un bon repas. – Père, lui répondit le gardien, je l’avoue à ma honte, mais jamais nous n’oserions l’inviter, tant nous sommes démunis ! »

Le saint répliqua : « Pourquoi voulez-vous me le faire dire deux fois ? » Et le médecin qui était présent : « Mes très chers frères, je serai enchanté de partager votre pauvreté.

Les frères s’activent et apportent sur la table tout ce qui reste dans la réserve : un peu de pain, très peu de vin ; pour que le menu soit plus copieux, le cuisinier apprête quelques légumes. Mais la table du Maître permit de garnir celle des serviteurs : quelqu’un frappe à la porte ; on accourt : c’était une femme qui apportait une corbeille pleine de beau pain doré, de poissons, de pâté d’écrevisses et, recouvrant le tout, du miel et du raisin.

A ce spectacle, la famille des pauvres fut bien aise ; on laissa pour le lendemain les aliments vulgaires, on dégusta les plus fins sans plus attendre. Et le médecin dit en soupirant : « Ni vous, mes frères, ni à plus forte raison nous autres du monde, ne reconnaissons comme nous le devrions la sainteté de cet homme. » Ils consommèrent peu : le miracle les avait rassasiés plus que n’aurait pu le faire le menu.

Ainsi va l’amour de Dieu notre Père : il ne quitte jamais les siens du regard, et nourrit ses mendiants d’autant mieux qu’ils sont plus démunis. De la table des pauvres à celle des rois, il y a autant de différence que de la richesse de Dieu à la richesse des hommes.

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