VITA SECUNDA 179-180

CHAPITRE 136

CONTRE CEUX QUI VIVENT MAL DANS LES ERMITAGES. COMMENT IL VOULAIT QUE TOUT FUT MIS EN COMMUN.

179. Connaissant la charité qui portait le bienheureux à se réjouir des progrès de ceux qu’il aimait, ne croyons pas pour autant qu’il traitait avec ménagement ceux qui menaient dans les ermitages une vie relâchée. Beaucoup en effet transformaient en maisons de loisirs les couvents de contemplation ; la vie érémitique, instituée pour les progrès de l’âme, devient alors le rendez-vous de tous les plaisirs. Que chacun vive à sa guise, telle est la règle des anachorètes de notre temps. Il n’en va pas ainsi pour tous : nous connaissons des saints qui, actuellement, mènent une vie exemplaire dans tel ou tel ermitage ; nous n’ignorons pas que les Pères qui les ont précédés furent vraiment des fleurs de solitude1. Dieu fasse que les ermites de notre temps ne soient pas indignes de la primitive splendeur dont la sainteté sera louée sans fin !

180. Lorsqu’il recommandait la charité, c’était la vie de famille, avec sa bonne entente et sa cordialité, qu’il voulait voir régner. « Je veux, disait-il, que mes frères se montrent tous fils d’une même mère ; si l’un demande une tunique, une corde ou n’importe quoi, que l’autre la lui donne généreusement ; qu’ils se passent entre eux les livres et tout ce qui peut faire plaisir ; on devrait obliger les autres à accepter plutôt que de se faire prier. » Et pour ne donner aucun ordre qui n’eût été accompli d’abord en lui par le Christ, il en donnait l’exemple tout le premier.

Table des chapitres

1 Qui se sont épanouis dans la solitude ; il est probable que Celano songeait aussi à un autre sens de flores solitarios : fleurs trop rares.

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