VITA SECUNDA 102

CHAPITRE 68

SA SCIENCE ET SA MÉMOIRE.

102. Le bienheureux n’avait pas été initié à la science par les études ; c’est Dieu qui lui enseignait la sagesse d’en-haut ; grâce aux rayons de la lumière éternelle, il comprenait magnifiquement les Ecritures. Son âme pure de toute souillure, trouvait l’accès des mystères cachés, et son amour impétueux s’ouvrait les portes devant lesquelles piétine la science des Maîtres1. Il lisait parfois les Livres Saints, et ce que son intelligence avait saisi, son coeur le retenait indélébilement gravé. Sa mémoire lui servait de bibliothèque2, et ce n’est pas en vain que son oreille attentive percevait ce que son coeur aimant repassait ensuite sans répit : c’était selon lui, une manière d’étudier et d’apprendre beaucoup plus profitable que la dispersion dans une foule de traités3. Le vrai philosophe, disait-il, considère la vie éternelle comme la valeur suprême, et celui qui, dans son étude des Ecritures, est un chercheur humble et sans présomption, celui-là parviendra facilement de la connaissance de lui-même à la connaissance de Dieu. Il lui arrivait souvent de résoudre d’un mot certaines difficultés et, bien qu’étranger à l’art de la parole, il faisait preuve d’une science et d’une puissance remarquables.

Table des chapitres

1 « Chez saint François, les citations bibliques sont amenées non par les mots mais par les sentiments, par l’expérience religieuse. Quand il lit sa Bible, il ne lit pas seulement des mots, il contemple la tradition d’Israël ou la tradition chrétienne et il se les assimile. Il ne songe pas à meubler sa mémoire mais à trouver une lumière et une force : son action, car c’en est une, vise à s’incorporer la vie éternelle de l’Eglise. » (Sabatier :

Allocution prononcée en la cathédrale de Canterbury à l’occasion du septième centenaire de l’arrivée des Frères Mineurs en cette ville. Texte dans RHF, II, p. 118).

2 Emprunté textuellement à la Vie de saint Antoine, abbé, dans les Vitae Patrum, de saint Athanase. PL 73, 128.

3 Au § 189, il donnera encore cette consigne : non multa sed multum.

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