Légende Majeure/Chapitre VII

CHAPITRE 7 : SON AMOUR POUR LA PAUVRETÉ ET SA JOLIE FAÇON DE TIRER LES AUTRES D’EMBARRAS.

  1. Entre autres grâces[1] reçues de la munificence de Dieu, François obtint la prérogative particulière d’enrichir toujours son trésor de simplicité grâce à son amour de la très haute pauvreté. Voyant que celle qui avait été la compagne habituelle du Fils de Dieu était devenue désormais l’objet d’une répulsion quasi universelle, il eut à cœur de la prendre pour épouse et lui voua un amour éternel[2]. Non content de quitter pour elle père et mère, il distribua aux pauvres tout ce qu’il pouvait avoir[3]. On ne vit jamais un homme plus avare de son or que lui de sa pauvreté ; personne jamais ne surveilla son trésor avec plus de soin qu’il n’en mit à garder cette perle[4] dont parle l’Évangile. Rien ne blessait son regard comme de rencontrer chez ses frères une chose qui ne fût pas en tous points conforme à la pauvreté. Lui-même n’eut pour toutes richesses, du début de sa vie religieuse jusqu’à sa mort, que sa tunique, une corde, des caleçons, et il ne lui fallait rien de plus[5]. Il lui arrivait souvent de songer en pleurant à la pauvreté du Christ Jésus et de sa Mère : « Voici, disait-il, pourquoi la pauvreté est la reine des vertus : c’est à cause de l’éclat dont elle a brillé chez le Roi des Rois[6] et la Reine sa Mère[7]». Et comme les frères lui demandaient un jour, au cours d’un chapitre, quelle est la vertu qui rend davantage ami du Christ, il répondit, leur ouvrant pour ainsi dire le secret de son cœur : « Sachez, frères, que la pauvreté est le chemin privilégié du salut, car elle est la sève de l’humilité et la racine de la perfection : ses fruits sont innombrables bien que cachés. Elle est ce trésor enfoui dans un champ[8] pour l’achat duquel, dit l’Évangile, il faut tout vendre et dont la valeur doit nous pousser à mépriser tout ce qui ne peut être vendu ! »
  2. « Et celui qui veut atteindre le sommet doit pour ainsi dire abjurer non seulement la prudence selon le monde, mais encore les lettres et les sciences ; ainsi dépouillé de ce qui est encore une forme de possession, il proclamera la puissance du Seigneur[9] [10] et s’offrira nu à l’accolade du Crucifié[11]. On n’a pas renoncé entièrement au monde tant qu’on garde encore son petit magot de sens propre en réserve dans un repli du cœur[12]». Dans ses sermons sur la pauvreté, il citait souvent aux frères ce passage de l’Évangile : « Les renards ont leur tanière et les oiseaux du ciel leur nid, mais le Fils de l’homme n’a pas où reposer sa tête[13]. » Il en tirait cette leçon que les frères ne doivent construire que des maisons petites et pauvres, comme font les pauvres, et qu’ils ne doivent pas s’y installer en propriétaires mais s’y conduire comme des pèlerins et des étrangers[14] dans la maison d’autrui. Être pèlerin, disait-il, c’est être reçu chez les autres, avoir la nostalgie de la patrie et rayonner la paix sur son passage. Il lui arriva de faire abattre des maisons déjà construites ou d’en faire sortir les frères si, contrairement à la pauvreté évangélique, on en avait accepté la propriété ou exagéré le confort. La pauvreté, pour lui, était la première pierre de l’Ordre, le fondement de tout cet édifice qui restera solide tant qu’elle sera solide et qui, si jamais elle disparaît, sera complètement détruit.
  3. « Pour entrer en religion, enseignait-il d’après une révélation, il faut commencer par mettre en pratique cette parole. de l’Évangile : Si tu veux être parfait, va, vends tout ce que tu as et donne-le aux pauvres[15].» C’est pourquoi il n’admettait dans l’Ordre que ceux qui avaient tout abandonné sans retenir pour eux quoi que ce fût ; il se conformait ainsi à l’Évangile et empêchait le scandale qu’eût provoqué l’habitude de se réserver de l’argent. Un homme de la Marche d’Ancône lui demanda un jour son admission dans l’Ordre. « Si tu veux partager la vie des pauvres du Christ, répondit celui qu’à bon droit on nomme patriarche des pauvres, va distribuer tes biens aux pauvres de ce monde. » Sur cette injonction, l’homme s’éloigna, distribua ses biens à sa famille et les pauvres n’eurent rien : c’était un amour tout charnel qui le faisait agir. Il revint et raconta l’affaire au saint qui le semonça vigoureusement

« Passe ton chemin, frère mouche, car tu n’as pas encore quitté ta maison ni ta parenté[16]. Tu as donné tes biens à ta famille et tu as volé les pauvres : tu n’es pas digne de devenir l’un des saints de la pauvreté. Tu as commencé par le charnel : pour un édifice spirituel c’est un fondement qui ne vaut rien ! » Et cet homme charnel[17] de rentrer chez lui, de récupérer les biens qu’il n’avait pas voulu donner aux pauvres et d’oublier aussi vite ses désirs de perfection.

  1. La misère régnait à Sainte-Marie de la Portioncule au point qu’on ne pouvait même plus donner aux frères de passage ce que réclamait leur état ; le vicaire s’en fut un jour trouver l’homme de Dieu et lui demanda la permission, vu la détresse des frères, de conserver une part des biens des novices qui entraient dans l’Ordre, afin de les vendre et d’avoir ainsi un recours en cas de nécessité[18]. Mais le saint, qui connaissait bien les volontés du ciel, lui répondit : « Jamais de la vie, mon bien cher frère ! Ne va pas, en faveur de qui que ce soit, agir et pécher contre la règle. Si la situation le réclame, je préfère encore la suppression de toutes les garnitures de l’autel de la glorieuse Vierge au moindre attentat contre le vœu de pauvreté et l’observance de l’Évangile. Car la bienheureuse Vierge sera bien plus contente si, tout en dépouillant son autel, nous suivons parfaitement les conseils du saint Évangile que si, tout en garnissant son autel, nous transgressons les conseils que nous a donnés son Fils et que nous avons promis de suivre. »
  2. Cheminant un jour avec un compagnon à travers la Pouille, l’homme de Dieu voit sur la route, près de Bari[19], une de ces grosses bourses communément appelées fontes, bien rebondie et vraisemblablement pleine de deniers. Le pauvre du Christ est alors vivement sollicité par son compagnon de ramasser la bourse et d’en distribuer l’argent aux pauvres. « Non, dit l’homme de Dieu ; il y a dans cette bourse un piège du démon et ce que tu proposes n’est pas méritoire, mais coupable, puisque ce serait détourner, pour faire l’aumône, de l’argent qui ne nous appartient pas. » Là-dessus ils repartent, pressés de terminer leur voyage. Mais le frère s’obstinait, abusé par une sentimentalité stérile, et accusait l’homme de Dieu de rester indifférent à la misère des pauvres. A la fin, doux comme toujours, François consentit à rebrousser chemin, non pour donner satisfaction au frère, mais pour mettre en pleine lumière la ruse du démon. Il revient à la bourse, avec le frère et un jeune homme qui passait par là ; il se met en prière et ordonne à son compagnon de ramasser l’argent. Le frère tremblait déjà de peur, car il commençait à pressentir une apparition diabolique ; mais du moment que la sainte obéissance entrait en jeu, il expulse de son cœur toute hésitation et avance la main vers la bourse. Au même instant, un serpent de belle taille s’élance hors de la bourse qu’il entraîne, et disparaît. Le frère avait la preuve de la fourberie du diable ; la ruse de l’ennemi était découverte ; le saint dit à son compagnon : « Pour les serviteurs de Dieu, frère, l’argent, ce n’est ni plus ni moins que le diable et un serpent venimeux ! »
  3. Une aventure merveilleuse advint à François peu après sur la route de Sienne où l’appelait une affaire[20]. Il rencontra dans la grande plaine qui s’étend entre Campiglia et Saint-Quirice trois pauvres femmes, toutes semblables de taille, d’âge et de visage, qui le saluèrent avec grande courtoisie de ce salut vraiment inédit : « Soyez la bienvenue, madame la Pauvreté. » À ces mots, une indicible joie emplit l’amoureux éperdu de la Pauvreté, car s’il y avait eu vertu à saluer en lui, aucun autre choix que le leur ne pouvait lui être plus agréable. Elles disparurent aussitôt, et les frères qui l’accompagnaient, considérant ce qu’avaient d’admirable et d’étrange cette ressemblance, cette rencontre, cette salutation et cette disparition, virent là, non sans raison, un symbole mystérieux concernant le saint. De fait, ces trois pauvres femmes aux traits si ressemblants, au salut si étrange, à la disparition si soudaine, peuvent très bien symboliser la perfection évangélique dont la triple beauté : pauvreté, chasteté, obéissance, resplendissait également en l’homme de Dieu, qui avait cependant choisi de placer sa fierté dans la pauvreté ; il la tenait pour un privilège et l’appelait tantôt sa mère, tantôt son épouse, tantôt sa Dame[21]. Il aurait voulu surclasser les autres en pauvreté, lui qui avait appris par elle à se juger inférieur à tous. Aussi, quand il rencontrait un homme extérieurement plus pauvre que lui, il se gourmandait lui-même pour s’exciter à l’imiter comme si, dans cette lutte à qui serait le plus pauvre, il craignait d’être vaincu. Un jour il rencontra sur la route un pauvre dont l’aspect lamentable lui serra le cœur et, tout ému, il dit à son compagnon : « La détresse de cet homme est un grand affront pour nous : nous avons choisi la pauvreté parce que c’était pour nous la plus grande richesse, et regarde : elle est chez lui plus éclatante que chez nous ! »
  4. Par amour pour la sainte pauvreté, le serviteur du Dieu tout-puissant préférait de beaucoup aux offres spontanées les aumônes qu’il avait quêtées de porte en porte. S’il était invité par de hauts personnages qui faisaient servir en son honneur un repas plus copieux, il commençait par mendier aux maisons voisines quelques rogatons de pain, puis, riche de toute sa pauvreté, venait se mettre à table. Il se conduisit de la sorte un jour qu’il avait été invité par le seigneur évêque d’Ostie qui avait pour le pauvre du Christ une affection toute spéciale, mais qui lui reprocha comme un manque d’égards cette quête précédant un repas chez un hôte. Le serviteur de Dieu lui répondit : « Au contraire, mon Seigneur, c’est un grand honneur que je vous ai témoigné puisque j’ai honoré un Seigneur plus grand que vous. Car le Seigneur aime la pauvreté et par-dessus tout la mendicité volontaire pour l’amour du Christ. Et ce n’est pas en échange d’un fief concédé pour une heure sur des richesses décevantes, que j’abandonnerais la royauté dont le Seigneur Jésus a pris possession en se faisant pauvre pour nous enrichir par sa pauvreté[22] et pour établir rois et héritiers du royaume des cieux[23], ceux qui ont vraiment une âme de pauvre. »
  5. Pour encourager les frères à partir pour la quête, il leur disait parfois : « Allez : si les Frères Mineurs ont été envoyés au monde à notre époque, c’est pour permettre aux élus de faire pour vous ce qui leur vaudra les félicitations du Juge le jour où ils entendront cette douce parole : Toutes les fois que vous avez fait du bien au plus petit d’entre mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait[24]. Nous devons donc être joyeux de mendier en nous appelant Frères Mineurs, puisque cette appellation, le Maître de la Vérité l’a employée lui-même dans l’Évangile de façon si explicite à propos de la récompense des justes. » Il profitait ordinairement des grandes fêtes pour quêter, – c’était le bon moment[25]. Il voyait dans les saints pauvres se réaliser la prophétie : l’homme a mangé le pain des anges[26], car pour lui c’était vraiment le pain des anges, quémandé de porte en porte par la sainte Pauvreté pour l’amour de Dieu, et accordé par les bienfaiteurs pour l’amour de Dieu sous l’inspiration des anges bienheureux[27]
  6. Se trouvant, un jour de Pâques, dans un ermitage trop éloigné de toute habitation pour que la quête y fût aisément pratiquée[28], c’est aux frères eux-mêmes qu’il demanda l’aumône, comme un pauvre et un étranger, en souvenir de Celui qui, ce jour-là, voulut apparaître sous les traits d’un voyageur aux disciples qui retournaient en Emmaüs. Il reçut leurs aumônes avec humilité puis leur montra, d’après les saintes Écritures, qu’ils étaient, eux, les vrais Hébreux[29] traversant le désert de ce monde comme des pèlerins et des étrangers[30], et qu’ils devaient sans cesse, avec une âme de pauvre, célébrer la Pâque du Seigneur, c’est-à-dire le passage de ce monde à celui du Père[31].

Ce n’était pas le désir du gain qui le poussait à demander ainsi l’aumône mais l’envahissement de l’Esprit, et c’est pourquoi Dieu, le Père des pauvres[32], prit toujours de lui un soin particulier.

  1. Voici par exemple ce qui arriva un jour : il était tombé gravement malade au petit couvent de Nocera, et le peuple d’Assise, dans sa vénération pour le saint, lui envoya une escorte d’apparat[33] pour le ramener à Assise. Toujours accompagnant le serviteur du Christ, ils arrivèrent à Satriano, un pauvre petit hameau ; c’était l’heure du repas ; ils avaient faim ; ils parcoururent la ville en tous sens : pas moyen d’acheter quoi que ce fût, ils revinrent bredouilles. Le saint leur dit alors : « Si vous n’avez rien trouvé, c’est que vous avez eu confiance en vos mouches plus qu’en Dieu (il appelait mouches les deniers[34]). Retournez aux maisons où vous avez déjà frappé et demandez-y l’aumône humblement, offrant en échange l’amour de Dieu. Et ne croyez surtout pas, car c’est une erreur, que c’est là une démarche déshonorante ou avilissante, puisque toutes choses, depuis le péché, nous sont données à titre d’aumône, aux dignes et aux indignes, par la magnanime bonté de notre Grand Aumônier. » Sans rougir, les soldats s’en allèrent à la quête de bon cœur et reçurent pour l’amour de Dieu bien plus que ce qu’ils auraient pu acheter de leurs deniers ; car la grâce de Dieu fit tant et si bien que les pauvres habitants, touchés jusqu’au fond du cœur et non contents de donner ce qu’ils avaient, se mirent eux-mêmes généreusement à leur service. C’est ainsi que la pauvreté, trésor de François, put soulager une détresse dont l’or n’avait pu venir à bout.
  2. Au temps où la maladie le retenait couché dans l’ermitage des environs de Rieti, un médecin venait souvent le voir[35] et le soignait avec beaucoup de dévouement. Comme le pauvre du Christ n’avait pas de quoi payer de retour toute la peine qu’il se donnait, notre Dieu au grand cœur ne voulut pas lui laisser quitter ce monde sans avoir reçu dès ici-bas sa récompense, et il se chargea lui-même, à la place du pauvre, de rendre bienfait pour bienfait. Le médecin, en effet, avec l’argent qu’il avait gagné, venait de se construire une maison, mais une large fissure s’était fait jour du haut en bas[36] de l’un des murs et la maison menaçait ruine sans qu’on pût humainement envisager un moyen d’y remédier. Mais lui, plein de confiance dans les mérites du saint, demanda à ses compagnons, avec beaucoup de foi, de lui donner un objet que l’homme de Dieu eût touché de ses mains. Après être souvent revenu à la charge, il obtint une mèche de cheveux qu’il plaça le soir dans la fissure ; quand il se leva, le lendemain matin, il trouva la lézarde si bien refermée qu’il ne put ni retirer les reliques qu’il y avait déposées ni même retrouver aucun vestige[37] de la fissure auparavant béante. Et voilà comment celui qui avait avec tant de zèle donné ses soins au pauvre corps en ruine du serviteur de Dieu préserva de la ruine sa propre maison.
  3. Une autre fois, l’homme de Dieu voulant se retirer dans un ermitage pour s’adonner plus librement à la contemplation, dut, – car il était à bout de forces, – se faire conduire à dos d’âne. On était alors en été, et son guide, qui gravissait à pied la montagne à la suite du serviteur du Christ, n’en pouvant plus de fatigue et de soif en ce chemin long et accidenté, se mit à crier avec véhémence à l’adresse du saint : « Je vais mourir de soif si je n’ai pas tout de suite de quoi boire ! » Sans perdre un instant, l’homme de Dieu descend de son âne, se met à genoux, lève les mains vers le ciel et ne s’arrête de prier que lorsqu’il se sent exaucé ; il s’adresse alors à l’homme : « Cours à ce rocher : tu y trouveras une source que le Christ, dans sa bonté, vient de faire jaillir de la pierre pour que tu puisses boire. » Admirable condescendance de Dieu[38] qui se laisse si volontiers fléchir par ses serviteurs : un homme assoiffé a pu boire d’une eau jaillie du roc[39] par la vertu d’un saint en prière et c’est un rocher très dur[40] qui lui fournit de quoi se rafraîchir. Il n’y avait pas un filet d’eau en cet endroit auparavant, et on eut beau chercher, on n’en trouva plus trace dans la suite[41].
  4. Nous raconterons plus loin, au moment venu, comment le Christ, par les mérites de son pauvre, multiplia les vivres en pleine mer ; qu’il nous suffise d’évoquer ici cette aventure : avec un peu de nourriture reçue en aumône, il put sauver pendant plusieurs jours tout l’équipage de la mort par la faim, et l’on ne peut s’empêcher de remarquer que le serviteur du Dieu tout-puissant, semblable à Moïse quand il fait jaillir l’eau de la pierre, ressemble encore à Elisée lorsqu’il multiplie les vivres.

Que les pauvres du Christ repoussent donc loin d’eux tout manque de confiance ; car si la pauvreté de François a été assez riche pour fournir à ses bienfaiteurs ce qui leur manquait : nourriture, boisson, logement, alors que l’argent, la technique et la nature s’avéraient impuissants, à plus forte raison nous méritera-t-elle les biens qui ne sortent pas de l’ordre habituel de la divine Providence. Si l’aridité de la pierre a pu fournir, à la voix d’un pauvre, une abondante boisson à un malheureux qui mourait de soif, aucune créature assurément ne refusera de venir se mettre au service de ceux qui, pour l’amour de Celui qui a tout créé, ont tout abandonné.

Chapitre 8

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[1] Charismatum dona : citation d’une antienne des deuxièmes Vêpres du dimanche de la Pentecôte. Saint Bonaventure ajoute : a largo Datore; or, les hymnes et séquences de cette même fête de la Pentecôte demandent : veni Dator munerum… Veni Creator, Altissimi Donum Dei… Le Saint-Esprit est à la fois Dator et Donum, grâce et source de grâce. Par ailleurs, on trouve dans la lettre de saint Jacques (1 17) : « C’est du Père que vient tout Don Parfait… »

Pour les noces de François avec la Pauvreté, saint Bonaventure utilise les termes mêmes que la Bible utilise pour le mariage : « L’homme quittera son père et sa mère et s’attachera à sa femme » (Gn 2 24) ; texte repris dans Ep 5 31.

[2] Jr 21 3

[3] De même que « Très Haute Pauvreté » un peu plus haut (2 Co 8 2), ce membre de phrase est une citation scripturaire (Ps 111 9) reprise au Testament de saint François, à ceci près qu’on a ici dispersit là où le Testament évoquait le dédit pauperibus, tous deux mis en parallèle dans le psaume.

[4] Mt 13 45

[5] Nouvelle réminiscence du Testament v. 16.

[6] 1 Tm 6 15

[7] François ne parle jamais de la pauvreté de Jésus sans y associer le souvenir de celle de la Vierge sa Mère.

[8] Mt 13 44

[9] Ps 70 15

[10] Car il sera dès lors bien évident pour tous que c’est Dieu et non ce pauvre homme qui travaille et agit. Les Opuscules de saint François reviennent sans cesse sur ce thème : c’est le Seigneur qui, en nous et par nous, opère tout bien. Cf. Ph 2 13.

[11] Celano (2 C 194) utilise la même image, inspirée de saint Jérôme (Epist. 52,5 ; 68,2 ; 120,1 ; 125,20). Sur la formule, cf. Bulletin de Th. anc. et méd. VII, n° 977 ; et surtout M. Bernards, Nudus nudum Christum sequi, dans Wiss. Weish. 14 (1951) ; du même : Speculum Virginum,

Cologne 1955, pp. 153-56 et 178-82. – Pour la formule nudus luctari, cf. infra 14 3.

[12] Cf. Admonition 4.

[13] Mt 8 20

[14] 1 P 2 11

[15] Mt 19 21

[16] Gn 12 1

[17] 1 Co 2 14

[18] La règle de 1221 permettait de recevoir, sans les réserver, les biens des novices entrant dans l’Ordre ; la règle de 1223 supprimera même cette permission. – On lit dans 2 C 67 que le vicaire en question serait Pierre de Catane.

[19] François a passé dans un nombre étonnant de villes d’Italie, même très éloignées d’Assise. C’est le cas ici, puisque Bari est la capitale des Pouilles, c’est-à-dire de la côte adriatique méridionale de la péninsule.

[20] Le soin de ses yeux nous apprend Celano (1 C 105 ; 2 C 93 et 137).

Cet épisode étrange est rapporté et très bien localisé par 2 C 93. Il s’agit de la région au sud de Sienne, à proximité du Monte Amiata, ancien volcan éteint aux formes très bien conservées. Un tableau du peintre siennois Sassetta (= 1450), aujourd’hui conservé au Musée de Chantilly, représente cette scène de façon délicieuse.

[21] Dans la Salutation des Vertus, par exemple.

[22] 2 Co 8 9

[23] Mt 5 3

[24] Mt 25 40

[25] Ubi opportunitas aderat. On pourrait aussi comprendre : s’il le pouvait commodément, si l’occasion lui en était offerte.

[26] Ps 77 25

[27] Saint François de Sales signale cette exégèse pour montrer « qu’on peut se servir de l’Écriture, par application, avec beaucoup d’heur, encore que bien souvent ce qu’on en tire ne soit pas le vrai sens. » (Lettre à M. Frémiot, archevêque de Bourges ; Œuvres t. XII, p. 315).

[28] Greccio. En fait, si François quêta son repas, ce fut pour donner une leçon aux frères qui, en ce jour de Pâques, avaient davantage soigné le menu.

[29] Hébreu, c’est-à-dire passant, passager, pèlerin; selon les Étymologies de saint Jérôme et d’Isidore de Séville, dont saint Bonaventure était nourri. (Cf. Gilson, Quelques raisonnements scripturaires au moyen âge, dans Les Idées et les Lettres, Paris, 1932, pp. 165 ss). Cassien disait aussi : « Le peuple des moines est le véritable Israël » (Collat. 21, 28). Et cf. saint Augustin In Ioan. 28, 9 saint Grégoire, Moral, 15, 57, 68 ; 18, 30, 48 ; saint Bède, In I Petri, 2, 11.

[30] 1 P 2 11

[31] Jn 13 1

[32] Jb 22 16

[33] L’escorte envoyée par les autorités d’Assise avait pour but de s’opposer à toute tentative d’enlèvement : Assise entendait ne se laisser ravir par aucune autre ville les reliques de François. On évita, venant de Cortone, Pérouse par le nord et la montagne, ce qui fit passer par Nocera.

[34] Soit parce que les deniers, pas plus que les mouches, ne sont à ses yeux de quelque utilité (nous avons déjà entendu les oisifs se faire appeler frère mouches) ; – soit parce que, calembour à la manière de François, musca signifie aussi émouchet, petit oiseau de proie, terme péjoratif pour désigner l’aigle impérial frappé sur les monnaies ; – soit enfin par allusion au vocabulaire militaire familier à ces chevaliers : on appelait mouchettes les petits projectiles, flèches et pierres, lancés comme des essaims sur la ville et contre les remparts (du Cange, Glossaire, Muschetta. De là vient d’ailleurs notre terme de mousquet.)

[35] Il venait tous les jours, dit Celano (2 C 44). D’après le Miroir de la Perfection 110, l’épisode se passe à Fonte Colombo. Le médecin pourrait être Tabald le Sarrazin (LP 24).

[36] Mt 27 51

[37] Sg 5 10

[38] C’est littéralement l’exclamation de saint François lui-même dans sa lettre à tout l’Ordre, verset 27.

[39] Ps 77 16

[40] Dt 32 13

[41] Cette scène se passe entre Borgo San Sepolcro et l’Alverne, selon la Première Considération sur les stigmates faisant suite aux Fioretti. Elle fait l’objet d’une des plus impressionnantes fresques de la série attribuée à Giotto à la basilique supérieure d’Assise.

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