LÉGENDE DE PÉROUSE 78

CONTRE LES BAVARDAGES INUTILES 

  1. Quand notre très saint Père François demeurait à Sainte-Marie de la Portioncule, il avait coutume, chaque jour après le repas, de se livrer avec les frères à quelque travail manuel pour combattre l’oisiveté. Il considérait, en effet, comme néfaste pour lui et pour les frères de perdre après la prière, par des paroles inutiles, le bénéfice de cette prière, obtenu avec la grâce. Afin d’éviter ce genre de conversations, il établit le règlement suivant, que tous les frères devaient observer :

« Si un frère, soit en voyage soit au travail avec d’autres, se laisse aller à quelque bavardage inutile, il sera tenu de réciter le Pater avec les Louanges de Dieu, au commencement et à la fin de la prière[1]. Si le fautif s’en accuse lui-même, dès qu’il a pris conscience de cet écart, il dira pour lui-même le Pater et les Louanges du Seigneur ; s’il est repris par un frère avant de s’en accuser, c’est pour ce frère qu’il dira le Pater, de la manière indiquée. S’il est repris par un frère, se rebiffe et ne veut pas réciter le Pater, il en dira deux pour celui qui l’a repris, à condition qu’un autre frère se joigne au premier pour témoigner que la parole inutile a bien été prononcée. Ces Louanges du Seigneur, il les récitera au commencement et à la fin de la prière, assez haut et assez clair pour que tous les frères présents puissent entendre et comprendre ; eux, pendant ce temps-là, devront se taire et écouter. Un frère qui assiste à un bavardage inutile sans y mettre le holà sera tenu de réciter pour le coupable le Pater et les Louanges du Seigneur. Tout frère qui, dans une cellule, une maison ou ailleurs, rencontre un ou plusieurs frères, aura toujours soin de louer et bénir Dieu. »

 Ces Louanges du Seigneur, le très saint Père lui-même avait coutume de les réciter ; son grand désir et sa volonté étaient de voir les frères et même les autres hommes mettre, à les réciter, beaucoup de zèle et de dévotion.

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[1] Au début et à la fin de quelle prière ? – Ou bien du Notre Père lui même dont il vient d’être question.

–Ou bien de l’oraison silencieuse en commun. – Ou bien des Heures canoniques et de l’Office de la Sainte Vierge, ainsi que le faisait saint François lui-même, si l’on en croit la rubrique de ces mêmes Louanges de Dieu, rappelée d’ailleurs à la fin de ce même § 78.

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