LÉGENDE DE PÉROUSE 67

LA DÉNOMINATION : FRÈRES MINEURS

  1. Un jour, le bienheureux François dit aux frères: « L’Ordre des Frères mineurs est un petit troupeau que le Fils de Dieu, en ces derniers temps, a demandé à son Père céleste en lui disant : « Père, je voudrais que tu suscites et que tu me donnes un peuple nouveau et humble qui, en cette heure, se distingue par son humilité et sa pauvreté de tous ceux qui l’ont précédé, et qui se contente pour toute richesse de me posséder, moi seul. » Et le Père de dire à son fils bien-aimé : « Mon Fils, ce que tu as demandé est accompli. » C’est pourquoi, ajouta le bienheureux François, le Seigneur voulut que les frères fussent appelés « mineurs » car ils sont ce peuple que le Fils de Dieu a demandé à son Père et dont il dit lui-même dans l’Evangile : Ne craignez pas, petit troupeau, car il a plu à votre Père de vous donner le royaume[1], et encore : Ce que vous avez fait au moindre (mineur) de vos frères, c’est à moi que vous l’avez fait[2]. »

 Sans doute le Seigneur parlait-il là de tous ceux qui ont l’esprit de pauvreté, mais il visait aussi la création dans son Eglise de l’Ordre des Frères mineurs. Comme il avait été révélé au bienheureux François qu’il devait appeler ses religieux «Frères mineurs», il fit insérer ce nom dans la Règle[3] qu’il porta au seigneur pape Innocent III, lequel l’approuva et l’octroya avant de la promulguer officiellement en concile[4].

 Le Christ révéla de même au bienheureux la salutation que devaient employer les frères, comme il le fit consigner dans son Testament : « Le Seigneur m’a révélé que, pour saluer, nous devions dire : Que le Seigneur vous donne la paix[5] ! »

Dans les commencements de l’Ordre, comme le bienheureux François voyageait en compagnie d’un frère qui fut l’un des douze premiers, celui-ci saluait hommes et femmes sur les routes et dans les champs en leur disant : « Que le Seigneur vous donne la paix ! » Les gens étaient remplis d’étonnement car ils n’avaient jamais entendu pareille salutation dans la bouche d’aucun religieux. Bien plus, quelques hommes demandèrent d’un ton rogue : « Que signifie cette façon de saluer ? » Le frère, tout honteux, dit alors au bienheureux François : « Frère, permets-moi d’employer une autre salutation. » Le bienheureux répondit : « Laisse-les dire ; ils n’ont pas le sens des choses de Dieu. Mais n’aie point honte, car des nobles et des princes de ce monde te témoigneront leur respect à toi et aux autres frères pour cette salutation. » Et il ajouta : « N’est-il pas merveilleux que le Seigneur ait voulu un petit peuple différent de ceux qui l’ont précédé, qui se contente pour toute richesse de le posséder lui seul, le très haut et très glorieux Seigneur ? »

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[1] Lc 12 32.

[2] Mt 25 40 et 45.

[3] 1 Reg 6 3.

[4] Peut-être au Concile de Latran, en 1215. A moins que in concilio soit à comprendre : dans son Conseil, comme font certains manuscrits qui portent in consistorio.

[5] Test 23.

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