LÉGENDE DE PÉROUSE 57-58

GUÉRISONS MIRACULEUSES 

  1. En ce temps-là, comme le bienheureux demeurait à l’ermitage Saint-François (sic) à Fonte Colombo, la peste bovine, dont aucune bête ne réchappe d’ordinaire, s’abattit sur les troupeaux du village de Saint-Elie situé à proximité de l’ermitage. Tous les bœufs furent atteints, et la mort commença ses ravages. Une nuit, un habitant du village, homme spirituel, eut une vision et entendit une voix lui dire : «  Va jusqu’à l’ermitage où demeure le bienheureux François, procure-toi de l’eau où il s’est lavé les mains et les pieds, et asperges-en tous les bœufs ; ils seront guéris sur-le-champ. « 

Au petit jour, l’homme se leva, s’en fut à l’ermitage et raconta tout aux compagnons du saint. A l’heure du repas, ils recueillirent dans un vase l’eau où il s’était lavé les mains. Le soir ils lui demandèrent la permission de lui laver les pieds, sans lui dire un mot de leur dessein. Puis ils remirent cette eau à l’homme qui l’emporta et en aspergea comme d’eau bénite les bœufs qui gisaient presque morts, et tous les autres avec eux. Et aussitôt, par la grâce de Dieu et les mérites du bienheureux François, ils furent tous guéris. A cette époque, le bienheureux portait déjà ses plaies aux mains, aux pieds et au côté.

  1. Au temps où le bienheureux François, souffrant des yeux, passait quelques jours dans le palais de l’évêque de Rieti, un clerc du diocèse, nommé Gédéon[1], homme fort mondain, était atteint d’une très grave maladie qui le clouait au lit depuis fort longtemps ; il souffrait surtout des reins. Il lui était impossible de remuer et de se retourner dans son lit sans être aidé ; il ne pouvait se lever et marcher que soutenu par plusieurs personnes, et quand on le soutenait ainsi il allait tout courbé et comme contracté, à cause de ses douleurs de reins, sans pouvoir se redresser.

Un jour, il se fit porter devant le bienheureux François, se jeta à ses pieds[2] et lui demanda, avec d’abondantes larmes, de tracer sur lui le signe de la croix. Le bienheureux François répondit : « Comment te marquerai-je du signe de la croix, toi qui as vécu au gré de tes désirs charnels, sans méditer ni craindre les jugements de Dieu ? » Mais il fut si affligé à la vue de ses infirmités et de ses souffrances, qu’ému de pitié il lui dit : « Je te signe au nom du Seigneur, mais s’il plaît à Dieu de te guérir, prends garde de retourner à ton vomissement[3]. Car, en vérité je te le dis, si tu retournes à ton vomissement des maux pires que les premiers[4] t’accableront, et tu encourras un châtiment terrible à cause de tes péchés, de ton ingratitude, et de ton mépris de la bonté de Dieu. » Il fit le signe de la croix sur le clerc qui, aussitôt, se redressa et se leva, délivré de ses infirmités ; et quand il se redressa, on entendit les os de ses reins craquer comme le bois sec qu’on casse entre ses mains.

Mais quelques années plus tard il retourna à son vomissement, au mépris des recommandations que le Seigneur lui avait faites par son serviteur François[5]

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[1] Un chanoine, d’après 2 C 41.

[2] Difficile à interpréter à la lettre, étant donné l’état du malade décrit plus haut. Cliché typique, utilisant un geste extérieur et corporel pour exprimer une attitude intérieure.

[3] 2 P 2 22.

[4] Mt 12 45.

[5] La fin du récit, qui manque dans le manuscrit de Pérouse, se trouve dans 2 C 41: «Et un soir qu’il avait dîné chez un autre chanoine, son confrère, et qu’il y était resté pour la nuit, la toiture s’écroula sur tous les habitants de la maison. Les autres échappèrent à la mort ; le misérable seul fut pris par elle et périt.»

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