LÉGENDE DE PÉROUSE 26

LE REPAS OFFERT AU MÉDECIN

  1. En ce temps-là, le bienheureux François séjournait, pour soigner ses yeux, à l’ermitage des frères de Fonte Colombo, prés de Rieti. L’oculiste, un jour, était venu le visiter et s’était entretenu avec lui, comme d’habitude, pendant une heure ; il se disposait à partir, quand le saint dit à l’un de ses compagnons : « Va, et fais servir à notre médecin un bon repas ! » Son compagnon lui répondit : « Père, nous l’avouons en rougissant, nous sommes si démunis en ce moment que nous avons honte de l’inviter et de lui offrir à manger. » Le bienheureux répondit : « Hommes de peu de foi[1], ne me faites pas répéter. » Le médecin dit au bienheureux et à ses compagnons: « Frère, c’est justement parce que les frères sont si pauvres, que j’aurai plaisir à manger avec eux ! » Ce médecin était très riche et, bien que le saint et ses compagnons l’eussent souvent invité, il n’avait jamais voulu partager leur repas. Les frères allèrent préparer la table, y placèrent en rougissant le peu de pain et de vin qu’ils possédaient, ainsi que les quelques légumes qu’ils avaient apprêtés pour eux. Et l’on se mit à table.

A peine le repas était-il commencé, qu’on heurte à la porte de l’ermitage ; un frère se lève pour aller ouvrir : c’était une femme qui apportait un grand panier rempli de pain blanc, de poissons, de pâtés d’écrevisses[2], de miel et de beaux raisins qui paraissaient tout frais cueillis. L’ensemble était envoyé au bienheureux François par la dame d’un château distant de l’ermitage d’environ sept milles. Sur ce, les frères et le médecin furent dans une grande admiration en considérant la sainteté du Père. Et le médecin dit aux frères : « Mes frères, ni vous ni moi n’apprécions comme nous le devrions la sainteté de cet homme ! »

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[1] Cf. Mt 14 3l

[2] Traduction de la restitution proposée par Cambell : pastillis cammarorum, au lieu de mastillis gymarorum dans le texte.

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