LÉGENDE DE PÉROUSE 109

PRÉDICTION A SOEUR CLAIRE

  1. Dans la semaine où trépassa le bienheureux François, dame Claire, première petite plante de l’Ordre des Sœurs, abbesse des Pauvres Dames de Saint-Damien d’Assise, émule de saint François dans la continuelle observance de la pauvreté du Fils de Dieu, dame Claire, elle aussi très malade, craignit de mourir avant le bienheureux. Elle pleurait amèrement et ne pouvait se consoler de ne plus revoir, avant sa mort, son père unique après Dieu, son réconfort intérieur et extérieur, celui qui, le premier, l’avait solidement établie dans la grâce du Seigneur. Elle le fit savoir au saint, par l’entremise d’un frère.

A cette nouvelle, il fut ému de compassion, car il aimait Claire et ses sœurs d’une paternelle affection, pour la sainte vie qu’elles menaient et parce que c’était lui qui, avec la grâce de Dieu, l’avait convertie par ses conseils, peu après l’arrivée des premiers frères. Cette conversion avait été d’une grande édification non seulement pour l’Ordre des frères, mais encore pour l’Eglise universelle. Comme il ne pouvait exaucer le désir qu’elle avait de le revoir, puisque tous deux étaient malades il lui fit envoyer par écrit, pour la consoler, sa bénédiction et l’absolution de tous les manquements à ses ordres et volontés, aux ordres et volontés du Fils de Dieu. En outre, pour lui enlever toute tristesse et la consoler dans le Seigneur, il dit au frère qu’elle avait envoyé, ou plutôt c’est le Saint-Esprit qui lui dit par sa bouche : « Va porter cette lettre à dame Claire. Tu lui diras de bannir la douleur et la tristesse qu’elle éprouve à la pensée qu’elle ne me reverra plus. Qu’elle sache, en vérité, qu’avant sa mort, elle et toutes ses sœurs me reverront encore et recevront de moi grande consolation. »

Peu de temps après, le bienheureux François trépassa, pendant la nuit. Au matin, tout le peuple d’Assise, hommes et femmes et tout le clergé, vinrent chercher le corps dans le couvent. Au chant des hymnes et des cantiques, tenant en mains des rameaux verts, ils le portèrent, par la volonté de Dieu, jusqu’à Saint-Damien, afin que fût accomplie la parole que le Seigneur avait prononcée par la bouche de son saint et que fussent consolées ses filles et ses servantes. On retira la grille de fer de la fenêtre par où elles communient et entendent la parole de Dieu ; les frères soulevèrent le corps du bienheureux de dessus la civière et le tinrent dans leurs bras devant l’ouverture pendant un bon moment ; dame Claire et ses sœurs en éprouvèrent une très grande consolation. Cependant elles versaient d’abondantes larmes et ressentaient une grande douleur, car, après Dieu, le saint Père était en ce monde leur unique consolation.

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