BERNARDIN DE LAREDO

Bernardin de Laredo, 1482 – 1540

Frère mineur observant, auteur spirituel dans l’âge d’or espagnol de la mystique, qui influença sainte Thérèse d’Avila.

Sa Vie

Frère Bernardin est né à Séville, en 1482, dans une famille de petite noblesse. On a peu de renseignements sur son enfance. Il servit de page à un noble portugais : Don Alvaro qui le protégea et le dissuada d’entrer à 12 ans chez les franciscains. Il étudia probablement à Séville, vers 1495 : le latin, les arts libéraux et spécialement la médecine et un peu de théologie. En 1510, il entra, comme frère laïc dans la custodie des Saints-Anges, des Frères mineurs observants, récemment réformée par l’action de Jean de la Puebla, où se vivait une très stricte observance de la pauvreté et de la vie d’oraison. Il passa une grande partie de sa vie dans le couvent de San Francisco del Monte, à Villaverde, au Nord de Séville. Il fit sa profession entre les mains de Francisco de Quiñones 1475- 1540 , qui devint ensuite ministre général et demeura en amitié avec le fr. Bernardin. C’est ce ministre général qui favorisa le développement des « maisons de récollection » dans l’Observance.

En raison de sa formation médicale, frère Bernardin fut désigné comme infirmier des couvents de la province, mais il exerçait aussi ses talents auprès de personnes du monde. Il inventait des remèdes et les appliquait en recourant aussi à la prière et à des pratiques de dévotion, si bien qu’il eut une bonne réputation de guérisseur et qu’on lui attribua quelques guérisons ‘miraculeuses’. Il composa aussi deux traités de médecine qui connurent un vrai succès, en 1522 et 1527. Sa réputation le fit appeler auprès de quelques illustres malades, comme le roi de Portugal, Jean III et la reine Catherine son épouse et sœur de Charles-Quint. – Mais sa notoriété comme médecin fut dépassée, au moins après sa mort, par celle de ses traités de vie spirituelle qui influencèrent fortement les religieux du XVIè siècle, surtout les plus connus d’entre eux : sainte Thérèse d’Avila et Saint Jean de la Croix. En particulier deux traités largement répandus par l’imprimerie du temps : Subida del Monte Sion, achevé en 1529, mais publié dans une première édition en 1535 . Il remania ce livre et le compléta pour une nouvelle édition en 1538, et la  ‘Josephina’(1538).- Ce sont ces éditions que connut sainte Thérèse d’Avila. – Ces deux œuvres connurent de nombreuses éditions et furent largement utilisées dans la formation des religieux des XVIè et XVIIè siècles.

Frère Bernardin de Laredo mourut à une date indéterminée, probablement en 1540, au couvent de San Francisco del Monte.

Sa doctrine spirituelle

Bernardino de Laredo a fait son miel de la dévotio moderna, à partir de Gerson, des écrits dyonisiens, de saint Augustin, de Henri Herp, et de son contemporain Francisco Osuna. Il prône la connaissance de soi-même comme point de départ de l’oraison et invite à méditer l’humanité du Christ et sa passion glorieuse. Le but recherché est l’union à Dieu, au-delà de tout concept, même si la contemplation des créatures comme révélant la grandeur de Dieu a pu être un point de départ. Mais il faut dépasser ce stade, pour atteindre un certain vide de l’âme pour se laisser saisir par la présence divine. Il est possible qu’il s’inspire de la Triple voie de Bonaventure : purgative, illuminative, unitive, qui est devenue classique dans l’enseignement spirituel. Son insistance sur l’union de l’âme à Dieu, au-delà de toute représentation, le fait considérer comme un des principaux adeptes de la mystique espagnole du XVIè siécle, dépassé cependant par François d’Osuna et saint Pierre d’Alcantara. – Mais tous trois ont été revendiqués nommément par Thérèse d’Avila comme des maîtres dont elle reconnaissait l’influence sur sa propre vie mystique.

Son oeuvre

* Tout d’abord, ses deux traités de médecine : Metaphora Medicinae(Sevilla, 1522, 1536)

*Modus Faciendi cum ordine Medicandi(Sevilla, 1527, 1534, 1542/Alcalá, 1627).

*Puis ses oeuvres spirituelles :

* Subida del Monte Sión, plusieurs fois rééditée de 1535 à 1617. – Il en existe plueiurs éditions modernes. : Misticos Franciscanos Tomo II, Biblioteca Autores Cristianos 44 (Madrid, 1948), 15-443 [sans la « Josephina »], in: Via Spiritus, edited in:Bernabé de Palma, Via Spiritus – Bernardino de Laredo, Subida del Monte Sión, ed. Teodoro H. Martín, Clasicos de Espiritualidad (Madrid: Biblioteca de Autores Cristianos, 1998

* « Josephina », qui fut publiée en 1538, en appendice à la 2è édition de Subida del Monte Sion. Une traduction française fut publiée par Michelangelo de Narbonne, Toulouse 1925.

Bibliographie

Tomaz Alvarèz, Thérèse lectrice de Bernardin de Laredo et Barnabé de Palma, Carmel 135 mars 2010 p 76-85

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