CHAPITRE 9
COMMENT ET SOUS QUEL HABIT IL RÉPARA L’ÉGLISE SAINTE-MARIE DE LA PORTIONCULE ET COMMENT, APRÈS AVOIR ENTENDU LIRE L’ÉVANGILE, IL VOULUT RENONCER A TOUT, IMAGINA ET FAÇONNA L’HABIT QUE PORTENT LES FRÈRES.
21.- Le saint avait donc revêtu un nouvel habit et réparé l’église dont nous avons parlé plus haut ; il gagna un autre lieu voisin d’Assise où une église en ruines achevait de se délabrer . Il y commença les travaux de réfection et ne les abandonna que menés à bon terme.
De là il se transporta en un autre lieu appelé la Portioncule, où s’élevait une très vieille église dédiée à la bienheureuse Vierge, mère de Dieu , mais elle restait maintenant à l’abandon et personne n’y mettait plus les pieds. Le cœur serré, à la vue de ce délabrement, – car sa dévotion était grande pour la Mère de toute bonté, – le saint fixa sa résidence en ce lieu ; il en acheva la réparation dans le cours de la troisième année qui suivit sa conversion. L’habit qu’il portait alors ressemblait à celui des ermites, avec la ceinture de cuir, le bâton en main et les chaussures aux pieds.
22.- Mais un jour qu’on lisait dans cette église l’Evangile de l’envoi des disciples en prédication, le saint, qui était présent, comprit le sens global du passage et s’en fut, après la messe, demander au prêtre de le lui expliquer. Le prêtre lui en fit le commentaire point par point : et quand saint François entendit que les disciples du Christ ne doivent posséder ni or ni argent ni monnaie, qu’ils ne doivent emporter pour la route ni bourse ni besace ni pain ni bâton, qu’ils ne doivent avoir ni chaussures ni deux tuniques, qu’ils doivent prêcher le royaume de Dieu et la pénitence , transporté aussitôt de joie dans l’Esprit-Saint. « Voilà ce que je veux, s’écria-t-il, voilà ce que je cherche, ce que, du plus profond de mon cœur, je brûle d’accomplir ! »
Séance tenante, notre Père saint, débordant de joie, passe à la réalisation du salutaire avis ; il ne souffre aucun retard à la mise en pratique de ce qu’il vient d’entendre : il délace ses chaussures, quitte son bâton, ne garde qu’une tunique et remplace par une corde sa ceinture. Il se confectionne ensuite un habit reproduisant la forme de la croix pour chasser toute convoitise diabolique ; il le fit très rugueux pour crucifier ainsi la chair avec tous ses vices et péchés ; il le fit très pauvre et grossier, incapable d’inspirer quelque envie au monde. Les autres enseignements, il se mit aussi à les appliquer avec beaucoup de soin et de respect. Il n’était pas sourd quand on lisait l’Evangile , mais il confiait à sa belle et bonne mémoire tout ce qu’il avait entendu et s’employait consciencieusement à l’accomplir à la lettre.
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