LA QUÊTE DE PAUVRETÉ DU BIENHEUREUX FRANÇOIS
- Inquiet, passionné, il se mit à battre le terrain, à sillonner la ville, à faire le tour des rues et des places pour trouver celle qu’il aimaith . Il interrogeait les passants : « Avez-vous vu ma bien-aimées i? » Mais c’était pour eux langue étrangèrej : « Nous ne comprenons pas, l’ami, ce dont tu nous parles. Exprime-toi dans notre langue, et nous te répondronsk . C’est que le vocabulaire de ces fils d’Adam ne comportait ni le mot ni même l’idée l de « pauvreté », qui les incitassent à en causer entre eux. Ils l’avaient en horreur – comme aujourd’hui d’ailleurs- et ne pouvaient donc en parler sereinement m avec celui qui la cherchait. Aussi lui répondaient-ils comme à un inconnu : ils ne comprenaient absolument pas à quoi il faisait allusion.
- « Je vais aller trouver, dit le bienheureux François, les gens haut placés et instruits n ; eux du moins ont appris quelle est la voie du Seigneur et la pensée de Dieuo. Ce qu’il fit.
Mais ils lui répondirent plus rudement encore : « Qu’est-ce que cette doctrine nouvelle que tu nous chantes p ? La pauvreté que tu cherches, garde-la pour toi, pour tes fils et pour tes descendants q . Ce qui nous convient à nous, ce sont les plaisirs et l’abondance. La vie est courte et triste, mon ami, il n’y a rien au bout r . Rire, manger et boire, nous ne connaissons rien de meilleur tant que nous sommes en vie. »
- Ces propos étonnèrent le bienheureux François et firent naître en lui un sentiment d’actions de grâces : « Béni sois-tu, Seigneur, dit-il, qui as caché ces choses aux sages et aux prudents et les a révélées aux petits. Oui, Père, puisque tu l’as voulu ainsi s , Seigneur, Père et Maître de ma vie, ne m’abandonne pas à leurs suggestions et ne me laisse pas tomber t dans cette honte, mais que ta grâce me fasse trouver ce que je cherche, puisque je suis ton serviteur et le fils de ta servante u! »
- 8Il quitta donc la ville rapidement. Dans la campagne, il vit de loin deux vieillards ; il étaient assis, mélancoliques :
– Sur qui jetterai-je les yeux, disait l’un, sinon vers quelque petit pauvre au cœur humble et contrit, qui tremble à ma parole v ?
– Nous sommes venus sans rien en ce bas monde, disait l’autre, et il ne fait aucun doute que nous ne pourrons en emporter quoi que ce soit. Eh bien, contentons-nous de la nourriture et des vêtements que nous avonsw
h Ct 3 2.
i Ct 3 3
k Cf. 2 R 18 26.
l 2 R 4 31.
m Gn 37 4.
n Jr 5 5.
o Jr 5 4.
q Gn 13 15.
r Sg 2 1.
s Mt 11 25.
t Si 23 1.
u Ps 115 16.
v Is 66 2.
w 1 Tm 6 8.
p Cf Ac 17 19.