SACRUM COMMERCIUM 45

PRÉVOYANCE TOUT HUMAINE

  1. « Profondément ulcérée, ma cruelle ennemie enrageait à ce spectacle : « Que faire ? se disait-elle ; voilà que tout le monde la suitl. Mais je m’en vais prendre le nom de « prévoyance » ; je leur parlerai au cœur : peut-être m’écouteront-ils et m’approuveront-ilsm! »

« Elle fit donc la modeste : « Comment se fait-il que vous restiez ainsi tout le jour sans rien faire n et sans rien prévoir pour l’avenir ? Que vous vous refusiez à posséder le superflu, soit ! mais quel mal y aurait-il à vous munir du nécessaire ? Vous pourriez ainsi opérer tranquillement votre salut et celui des autres, si vous aviez à votre disposition tout ce qui vous est utile. Maintenant que vous en avez le temps, songez à vous-mêmes, songez à ceux qui vous succéderont, pensez aux temps à venir où les gens mettront un terme à leurs générosités. Si vous pouviez demeurer en votre état actuel, ce serait parfait ; mais ce n’est plus guère possible, tant le Seigneur fait croître votre ordre chaque jouro. Croyez-vous que Dieu n’accepterait pas que vous ayez de quoi subvenir aux nécessiteux et de quoi penser aux pauvresp ? N’a-t-il pas dit lui-même « Il y a plus de joie à donner qu’a recevoirq » ? Et pourquoi n’acceptez-vous pas les biens que l’on vous offre, si vous ne voulez pas frustrer vos bienfaiteurs de leur récompense éternelle ? Vous n’avez plus lieu de craindre l’entassement des richesses, puisque vous les tenez pour néant. Le mal ne réside point dans les choses, mais dans le cœur : « Dieu embrassa du regard sa création, dit l’Ecriture, et tout était excellentr ». Aux bons, toute chose est bonne, tout est à leur service, et c’est pour eux que tout a été fait. Combien de riches gaspillent leurs biens Et quel bon usage vous en feriez s’ils étaient à vous Car votre intention est sainte et votre désir également. Il n’entre pas dans vos intentions d’enrichir vos parents, déjà suffisamment pourvus, mais si vous aviez le nécessaire, votre vie en communauté serait plus digne et mieux réglée. »

« Ces paroles, et d’autres du même crû, entraînèrent aussitôt l’assentiment de quelques-uns dont la conscience n’était plus saine. D’autres, par contre, ne voulurent rien entendre et réfutaient le cœur de l’argumentation par des objections pénétrantes tout aussi fondées sur les Ecritures.

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l Jn 12 19.

m Os 2 14 ; Ez 2 5.

n Mt 20 6.

o Ac 2 47.

p Ga 2 10.

q Ac 20 35.

r Gn 1 31.

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