CHAPITRE 9 : LA FERVEUR DE SA CHARITÉ. SON DÉSIR DU MARTYRE.
- Qui pourra jamais dire l’ardent amour dont brûlait François, cet ami de l’époux ? Il paraissait entièrement dévoué, tel un charbon ardent[1], par la flamme de l’amour de Dieu. Sitôt qu’il entendait parler de l’amour du Seigneur, il était saisi, ému, enflammé, comme si la voix qui résonnait au dehors eût été un archet faisant vibrer au dedans la chanterelle de son cœur. C’était selon lui une prodigalité princière[2] que d’offrir une telle contrepartie en échange des aumônes reçues, et il fallait être bien fou pour lui préférer ses deniers, car l’inappréciable monnaie de l’amour divin est la seule admise pour l’achat du royaume des cieux[3]; voilà pourquoi il nous faut beaucoup aimer l’amour de Celui qui nous a beaucoup aimés.
Ainsi sollicité par toutes choses à l’amour de Dieu, il se réjouissait en tous les ouvrages sortis de la main de Dieu[4], et grâce à ce spectacle qui faisait sa joie il remontait jusqu’à Celui qui est la cause et raison vivifiante de l’univers. Il savait, dans une belle chose, contempler le Très-Beau[5] et poursuivait à la trace son Bien-Aimé[6] en tout lieu de sa création, se servant de tout l’univers comme d’une échelle pour se hausser à atteindre Celui qui est tout désirable[7]. En chacune des créatures, comme en autant de dérivations, il percevait avec une extraordinaire piété le jaillissement unique de la bonté de Dieu, et comme si l’harmonie préétablie par Dieu entre les propriétés naturelles des corps et leurs interactions lui eût semblé une musique céleste, il exhortait toutes les créatures, à la façon du prophète David, à la louange du Seigneur[8].
- Le souvenir de Jésus crucifié demeurait constamment en son âme, comme le sachet de myrrhe entre les seins de l’Épouse[9] du Cantique et dans la véhémence de son amour extatique[10] il désirait être entièrement transformé en ce Christ crucifié. L’une de ses dévotions particulières était, durant les quarante jours qui suivent l’Épiphanie, c’est-à-dire le temps de la retraite du Christ au désert, de rechercher la solitude et, caché dans sa cellule, de s’appliquer sans interruption, tout en menant le jeûne le plus rigoureux possible, à prier et louer Dieu[11]. Il vouait au Christ un amour si fervent, et son Bien-Aimé lui portait en échange une tendresse si familière, que le serviteur de Dieu pensait avoir devant les yeux la présence quasi continuelle du Sauveur ; lui-même en fit plusieurs fois confidence à ses compagnons. Le sacrement du Corps du Seigneur l’enflammait d’amour jusqu’au fond du cœur : il admirait, étonné, une miséricorde si aimante et un amour si miséricordieux. Il communiait souvent et avec tant de dévotion qu’il communiquait aux autres sa dévotion lorsque, tout enivré par l’Esprit et tout occupé à savourer l’Agneau immaculé, il était ravi en fréquentes extases.
- Il aimait d’un amour indicible la Mère du Seigneur Jésus, car c’est elle qui nous a donné pour frère le Seigneur de majesté, et par elle nous avons obtenu miséricorde. Plaçant en elle, après le Christ, sa confiance, il la choisit comme patronne pour lui et les siens, et en son honneur il jeûnait avec grande ferveur de la fête des apôtres Pierre et Paul jusqu’à l’Assomption. Un lien d’amour indissoluble l’attachait aux anges dont l’ardeur merveilleuse les jette en extase devant Dieu et enflamme les âmes des élus ; par dévotion pour eux, il menait un carême de jeûne et de prière durant les quarante jours qui suivent l’Assomption de la glorieuse Vierge. Saint Michel surtout, dont le rôle est d’introduire les âmes en Paradis[12] était l’objet d’une dévotion spéciale, à cause du grand désir qu’avait le saint de sauver tous les hommes.
Le souvenir des saints, ces pierres de feu[13], intensifiait encore l’incendie d’amour dont il brûlait pour Dieu ; il aimait surtout les Apôtres, en particulier Pierre et Paul, à cause de leur fervent amour du Christ ; en leur honneur il offrait au Seigneur un carême spécial[14]. Ce pauvre du Christ ne possédait que son corps et son âme, les seules oboles qu’il pût donner[15], dans son amour : mais il les offrait à chaque instant, par amour du Christ ; il immolait continuellement son corps en jeûnes rigoureux, et son âme en désirs passionnés, offrant ainsi l’holocauste[16] dans les parvis extérieurs et faisant brûler l’encens à l’intérieur du temple[17].
- Mais l’ardeur de cet amour sans limite qui le portait vers Dieu eut pour résultat d’augmenter aussi sa tendresse affectueuse pour tous ceux qui participaient avec lui de la nature et de la grâce[18]. Les sentiments tout naturels de son cœur suffisaient déjà à le rendre fraternel pour toute créature ; il ne faut pas s’étonner que son amour du Christ l’ait rendu davantage encore le frère de ceux qui portent l’image du Créateur et sont rachetés de son sang[19]. Il ne se considérait comme ami du Christ que s’il prenait soin des âmes rachetées par Lui. Rien, disait-il, ne devait passer avant le salut des âmes, et il en donnait pour preuve que le Fils unique de Dieu est allé jusqu’à vouloir être, pour les âmes, suspendu à la croix. C’est là ce qui nous explique la véhémence qu’il mettait à prier, l’activité débordante de ses tournées de prédication, et ses excès quand il s’agissait de donner l’exemple. Quand on lui reprochait ses austérités exagérées, il répondait qu’il avait été donné aux autres en exemple. Bien que sa chair innocente, soumise de plein gré à l’esprit, cependant, afin de donner l’exemple, il lui imposait toujours de nouvelles peines et de nouveaux travaux, cheminant pour autrui en de rudes sentiers[20]. « Car si je parlais, disait-il, les langues des anges et des hommes sans posséder en moi la charité ni donner à ceux qui m’entourent l’exemple de la vertu, cela ne me servirait de rien[21], et aux autres guère plus. »
- L’incendie d’amour qui le dévorait le rendit jaloux du triomphe glorieux des saints martyrs dont personne ne put éteindre la flamme d’amour ni abattre le courage. Il aurait voulu, lui aussi, embrasé du même parfait amour qui bannit la crainte[22], s’offrir au Seigneur comme une hostie vivante[23] immolée par le martyre afin de revaloir au Christ la mort qu’il subit pour nous et de provoquer les hommes à l’amour de Dieu.
La sixième année qui suivit sa conversion, brûlant du désir du martyre, il résolut de passer en Syrie pour prêcher la foi chrétienne et la pénitence aux sarrazins et autres infidèles. Mais le bateau sur lequel il s’embarqua fut poussé par les vents contraires sur les côtes d’Esclavonie[24] y. I1 y demeura quelque temps sans pouvoir trouver de navire à destination de l’Orient ; il comprit que ce qu’il désirait lui était refusé, et comme des matelots allaient appareiller pour Ancône, il les pria de le prendre à bord pour l’amour de Dieu. Mais il n’avait pas de quoi payer ; les matelots ne voulurent rien entendre et l’homme de Dieu, s’en remettant complètement à la bonté de Dieu, se glissa subrepticement dans le navire avec son compagnon. Sur les entrefaites, un homme sans doute envoyé par Dieu au secours de son pauvre arriva portant des vivres, appela l’un des matelots, homme craignant Dieu, et lui dit : « Conserve soigneusement toutes ces provisions pour les pauvres frères qui sont cachés dans le bateau ; aie l’amabilité de les leur distribuer de ma part quand ils en auront besoin. » Les vents soufflèrent avec tant de violence que les jours passaient sans qu’on pût aborder nulle part ; les matelots étaient à bout de provisions : il ne restait plus que les aumônes gracieusement accordées par le ciel au pauvre François. Elles étaient très modestes, mais la puissance de Dieu les multiplia tant et si bien que malgré le retard occasionné par la tempête qui continuait de sévir, elles suffirent largement aux besoins de tous jusqu’à Ancône. Et les marins, voyant le danger de mort écarté grâce au serviteur de Dieu, imitèrent ceux du psaume qui, après avoir frôlé les terribles dangers de l’Océan, avaient été au sein des abîmes témoins des œuvres merveilleuses du Seigneur[25] : ils rendirent grâces au Dieu tout-puissant qui se montre toujours aimable et admirable pour ses amis et serviteurs.
- François, tournant le dos à la mer, s’en fut parcourir le pays, semant le bon grain du salut et récoltant à pleines gerbes. Mais ce que son cœur voulait cueillir, c’était toujours la palme du martyre ; il désirait la mort pour le Christ plus que les mérites d’une vie vertueuse, et il prit la direction du Maroc[26] pour annoncer l’Évangile du Christ au Miramolin et à son peuple : peut-être obtiendrait-il ainsi la palme convoitée. Le désir qui l’y portait était si puissant que, malgré sa santé fragile, il était toujours en avance sur son compagnon de route[27] et, dans sa hâte de réaliser son projet, semblait voler, ivre de l’Esprit-Saint. Il était déjà rendu en Espagne[28], mais Dieu qui le réservait à d’autres tâches en avait disposé autrement : une maladie très grave l’atteignit, l’arrêta et l’empêcha d’accomplir ce qu’il désirait. Malgré la certitude du profit que représentait pour lui la mort, l’homme de Dieu comprit alors qu’il lui était nécessaire de vivre encore pour la famille qu’il avait engendrée, et il s’en retourna prendre la garde des brebis confiées à ses soins[29].
- Mais la ferveur de son amour ne put laisser son âme en repos[30] [31]; une troisième fois il tenta de passer chez les infidèles pour favoriser, en y répandant son sang, l’expansion de la foi en la sainte Trinité, et, la treizième année qui suivit sa conversion, partit pour la Syrie[32], s’exposant avec courage aux dangers de tous les instants, pour arriver chez le sultan de Babylone en personne. La guerre sévissait alors, implacable[33] entre chrétiens et sarrazins, et les deux armées ayant pris position face à face dans la plaine, on ne pouvait sans risquer sa vie passer de l’une à l’autre. Le sultan d’ailleurs avait publié un édit cruel promettant un besant d’or[34] en récompense à quiconque apporterait la tête d’un chrétien. Mais dans l’espoir d’obtenir sans tarder ce qu’il désirait, François, le vaillant chevalier du Christ, résolut de s’y rendre[35]: loin de craindre la mort, il se sentait attiré par elle. Après avoir prié, il obtint la force du Seigneur[36] et, plein de confiance, chanta ce verset du Prophète : Si j’ai à marcher au milieu des ombres de la mort, je ne craindrai aucun mal, car tu es avec moi[37].
- S’étant adjoint pour compagnon frère Illuminé, homme d’intelligence et de courage[38], il s’était à peine mis en route qu’il rencontrait deux brebis ; à leur vue il se sentit tout réjoui et dit à son compagnon : « Aie confiance dans le Seigneur[39], frère, car voici accompli pour nous cet avertissement de l’Évangile : Je vous envoie comme des brebis parmi les loups[40]… » Quelques pas plus loin ils tombaient dans les avant-postes des sarrazins, et ceux-ci, plus rapides que les loups se jetant sur les brebis, se précipitèrent brutalement sur eux et s’en saisirent avec haine et cruauté, les accablant d’injures, les chargeant de chaînes et les rouant de coups. A la fin, après les avoir maltraités et meurtris de toutes manières, ils les amenèrent, conformément aux décrets de la divine Providence, en présence du sultan : c’était ce qu’avait désiré l’homme de Dieu.
Le prince leur demanda qui les envoyait, pourquoi et à quel titre, et comment ils avaient fait pour venir ; avec sa belle assurance, le serviteur du Christ François répondit qu’il avait été envoyé d’au-delà des mers non par un homme mais par le Dieu très-haut pour lui indiquer, à lui et à son peuple, la voie du salut et leur annoncer l’Évangile qui est la vérité. Puis il prêcha au sultan Dieu Trinité et Jésus sauveur du monde, avec une telle vigueur de pensée, une telle force d’âme et une telle ferveur d’esprit qu’en lui vraiment se réalisait de façon éclatante ce verset de l’Évangile : Je mettrai dans votre bouche une sagesse à laquelle tous vos ennemis ne pourront ni résister ni contredire[41].
Témoin en effet de cette ardeur et de ce courage, le sultan l’écoutait avec plaisir et le pressait de prolonger son séjour près de lui[42] ; mais le serviteur du Christ, instruit par une indication du ciel, lui dit : « Si tu veux te convertir au Christ, et ton peuple avec toi, c’est très volontiers que, pour son amour, je resterai parmi vous. Si tu hésites à quitter pour la foi du Christ la loi de Mahomet, ordonne qu’on allume un immense brasier où j’entrerai avec tes prêtres, et tu sauras alors quelle est la plus certaine et la plus sainte des deux croyances, celle que tu dois tenir. » – « Je doute, remarqua le sultan, qu’un de mes prêtres veuille pour sa foi s’exposer au feu ou subir quelque tourment. » Il venait en effet d’apercevoir l’un de ses prêtres, pontife éminent et avancé en âge pourtant, s’éclipser en entendant la proposition de François.
Le saint lui dit alors : « Si tu veux me promettre, en ton nom et au nom de ton peuple, que vous passez tous au culte du Christ pourvu que je sorte des flammes sans mal, j’affronterai seul le feu. Si je suis brûlé, ne l’attribuez qu’à mes péchés ; mais si la puissance de Dieu me protège, reconnaissez pour vrai Dieu, seigneur et sauveur de tous les hommes, le Christ, puissance et sagesse de Dieu[43] ! » Le sultan n’osa point accepter ce contrat aléatoire par crainte d’un soulèvement populaire ; mais il lui offrit de nombreux et riches cadeaux que l’homme de Dieu méprisa comme de la boue : ce n’était pas des richesses du monde qu’il était avide, mais du salut des âmes. Le sultan n’en conçut que plus de dévotion encore pour lui, à constater chez le saint un si parfait mépris des biens d’ici-bas ; malgré son refus ou peut-être sa peur de passer à la foi chrétienne, il pria cependant le serviteur de Dieu, afin d’être plus certainement sauvé, d’emmener tous ces présents et de les distribuer aux chrétiens pauvres ou aux églises. Mais le saint qui avait horreur de porter de l’argent, et qui ne découvrait pas dans l’âme du sultan les racines profondes de la foi vraie, s’y refusa inexorablement.
- Observant que, sans voir exaucé pour autant son désir du martyre, il n’avançait à rien pour la conversion de ce peuple, averti d’ailleurs par Dieu en une révélation, il revint en pays chrétien[44]°. Voilà donc ce que Dieu, dans sa bonté, avait décrété, et ce que le saint avait mérité par sa générosité : en ami du Christ, il poursuivit pour Lui, de toutes ses forces, sa recherche de la mort sans jamais cependant la trouver ; il avait acquis cependant le mérite du martyre de désir, et s’il restait en vie, c’est que, par un privilège unique, il devait recevoir plus tard, de ce martyre, le sceau et le symbole[45]: un feu divin si dévorant brûla son cœur qu’il finit par marquer visiblement sa chair.
O vraiment heureux toi dont la chair, sans passer par le fer d’un tyran, n’en fut pas pour autant privée de la ressemblance avec l’Agneau immolé[46] ! O vraiment et pleinement heureux, « toi dont le glaive du persécuteur n’a pas ôté la vie, mais qui n’as pas été frustré pourtant de la palme du martyre[47] ! »
[1] Ps 17 13-14
[2] De la part des frères allant mendier « pour l’amour de Dieu ».
[3] Encore une de ces comparaisons si chères à François, empruntées au monde du commerce et des affaires. Voyez aussi, dans les Opuscules, l’admonition 28 : « Bienheureux le serviteur qui thésaurise dans le ciel les biens que le Seigneur lui montre… »
[4] Ps 91 5
[5] Contempler : contueri dans le texte latin, mot typiquement bonaventurien, indiquant une connaissance à la fois intellectuellement synthétique et affectivement dilatante, à l’exclusion de tout raisonnement. La déduction seule ne peut déboucher dans la contuition de Dieu en ses créatures. Cette doctrine a été systématisée dans l’ouvrage qui est en dépendance de celui-ci, l’Itinéraire de l’âme à Dieu : le chapitre 1er a pour titre : « De l’élévation à Dieu PAR son vestige qui est le monde sensible » ; et le chapitre II : « De la contemplation de Dieu DANS son vestige qui est le monde sensible. »
[6] Jb 23 11 ; Ct 5 17
[7] Ct 5 16
[8] L’allusion au Cantique des Créatures est ici assez claire, quoi qu’en dise Sabatier : « Les tentatives poétiques de François ont assez gêné Bonaventure pour qu’il n’y ait pas fait la plus petite allusion ; » (Colt. Doc. Hist. Litt. Rel. du Moyen Âge, t. 1er, p. XXXVI.)
[9] Ct 1 12
[10] Excessivi amoris incendium. Incendium amoris, qui revient plusieurs fois au cours de ce chapitre, est un autre titre de la Triple Voie. Quant à excessivi, il suppose connue toute la théorie bonaventurienne de la hiérarchie ecclésiastique : l’Ordre des « contemplatifs », qui en occupe le Sommet, se subdivise en trois sous-ordres : celui des suppliants, voués à la prière et à la louange divine (Cisterciens, Prémontrés, Chartreux, Augustins) ; celui des spéculatifs, qui s’adonnent à l’étude de l’Écriture (Frères Prêcheurs, qui ont pour but principal, la spéculation et pour objet secondaire l’onction ; Frères Mineurs, qui ont pour but principal l’onction ou jouissance du bien divin par l’amour, et pour but secondaire la spéculation) ; – et enfin celui des extatiques, celui des êtres exceptionnels pour qui l’extase est une sorte de grâce habituelle et naturelle, ce qui est le cas pour saint François. (Cf. E. Gilson, La Philosophie de saint Bonaventure, p. 86).
[11] La pratique en est passée dans la règle franciscaine qui prévoit, sans pourtant la prescrire, l’observation de ce carême « durant les quarante jours que Notre-Seigneur a consacrés par son saint jeûne » (Mt 4 11). Le dernier jour, les frères reçoivent la bénédiction promise par saint François, d’où l’appellation coutumière : carême de la bénédicta.
[12] Cf. Dn 12 1.
[13] Ez 28 14-16
[14] Durant les quarante jours qui précèdent la Saint-Pierre-Saint-Paul. Saint François jeûnait donc :
– Du 7 janvier au 15 février (benedicta) ; – des Cendres à Pâques ; – du 20 mai au 29 juin ; – du 29 juin au 15 août ; – du 15 août au 25 septembre ; – de la Toussaint à Noël. En tout, 231 jours sur 360, plus des deux tiers de l’année. La leçon à en retirer est peut-être moins de mortification que d’attachement aux mystères pour la célébration desquels on n’est jamais assez préparé.
[15] Mc 12 42
[16] Ex 30 1-27
[17] Lc 1 9 ; 11 51
[18] 2 P 1 4
[19] Ap 5 9
[20] Ps 16 4
[21] 1 Co 13 1-3
[22] 1 Jn 4 18
[23] Rm 12 1
[24] L’Esclavonie n’est autre que le pays des Slaves, c’est-à-dire la côte dalmate, par-delà l’étroite Adriatique.
[25] Ps 105 24
[26] Second départ manqué. François paraît bien être allé en Espagne par terre et non en bateau. L’année probable de ce voyage (1213) obligea sans doute François à se joindre à quelque groupe de pèlerins de Saint-Jacques-de-Compostelle, solidement encadré de Templiers ou d’Hospitaliers ; car la croisade des Albigeois faisait rage, et il ne pouvait être question de voyager seul à son gré en ces malheureuses régions. On peut donc en conclure que le maximum de vraisemblance pour l’itinéraire de François passe par l’itinéraire classique des pèlerins, à savoir : Arles, Saint-Gilles-du-Gard, Notre-Dame des Tables de Montpellier, Saint-Guilhem-du-Désert, Toulouse. Les traditions locales de Perpignan peuvent se référer au retour. Les mêmes considérations rendent hautement probables les traditions locales du passage de François à Santiago même.
[27] Les premiers frères avaient l’habitude de marcher l’un derrière l’autre et non de front. Dante suit ainsi Virgile « comme font les frères mineurs en chemin » (Enfer 23, 1-3).
[28] D’après les Acta Sanctorum, t. 50, p. 699 d, saint François aurait construit à Vittoria un sanctuaire dédié à sainte Marie-Madeleine. Tradition locale vivace. Les restes du sanctuaire disparurent totalement en 1945.
[29] Jn 21 17
[30] 2 Co 5 14
[31] Saint Bonaventure, qui compare volontiers les débuts de l’Ordre à ceux de l’Église (cf. en particulier Epist. de 3 Quaest, §11) ne manque pas l’occasion de rapprocher les voyages apostoliques de Paul et de François en empruntant aux épîtres l’énoncé même du motif qui les détermina Caritas Christi urget nos.
[32] Le troisième départ missionnaire fut le bon. Non pas qu’il ait converti personne en Islam. Mais il a rappelé aux chrétiens que la charité vaut mieux que la croisade. – Le mot « Syrie » désigne tout le « Levant », y compris l’Égypte.
[33] C’était durant le siège de Damiette. « Babylone » est donc à situer en Egypte.
[34] Joinville nous rapporte lui aussi cet édit. – le besant, talent d’or ou d’argent frappé à Byzance (d’où son nom), fut assez répandu et coté pour passer dans le langage populaire : valoir son besant d’or. L’expression subit à partir du XVI° siècle l’altération que nous lui connaissons valoir son pesant d’or.
[35] Divers récits du Moyen Âge mentionnent des rencontres (antérieures à celle-ci) entre Saladin (1137-93) et des chrétiens qui auraient essayé de le convertir à la chevalerie : Boutière-Schutz, Biographies des Troubadours, Paris 1964, p. 590, n. 1.
[36] 1 S 30 6
[37] Ps 22 4
[38] Dans son Paradis (12, 126-32) Dante a placé frère Illuminé auprès de saint Bonaventure. Nous avons la chance de posséder les Souvenirs du frère Illuminé, que recueillit saint Bonaventure ; ce dernier avait plaisir à les raconter en fraternité.
[39] Si 11 22
[40] Mt 10 16
[41] Lc 21 15
[42] Ce séjour en Égypte a beau ressembler à de la légende, il n’en est pas moins attesté par bon nombre de documents historiques de première valeur, et ne saurait prudemment être mis en doute. Voir en particulier les témoignages de Jacques de Vitry. Voir plus bas p. 1326.
Magnifique fresque dans la série des Giotto d’Assise, représentant François devant le Sultan.
[43] 1 Co 1 24
[44] On retrouve chez Dante l’écho de cette aventure et de son échec : « Il était allé, par soif du martyre, prêcher le Christ et ses Apôtres en présence du Sultan orgueilleux ; « Mais, trouvant ce peuple trop dur à convertir et ne voulant pas rester inactif, il vint en Italie récolter d’autres fruits. » (Paradis, X1, 100-105).
[45] Les stigmates.
[46] François, par son passage chez les Infidèles, sa peregrinatio, parachève sa crucifixion volontaire : « La croix sur laquelle le monde est crucifié, c’est l’esprit de pauvreté ; et cette croix a quatre branches : le mépris de la gloire, des richesses, de la famille, de la patrie » (Saint Bonaventure, Sup. Luc. c. 23).
[47] Tiré de l’Office de saint Martin (antienne des deuxièmes Vêpres).
Le séjour de François en Terre Sainte après ses aventures d’Égypte est passé sous silence par saint Bonaventure. Il est cependant plus que probable, en raison de l’itinéraire Italie – Égypte à cette époque, qui passait par Saint-Jean-d’Acre, encore aux mains des chrétiens.