LÉGENDE DE PÉROUSE 83

PORTRAIT DU VRAI FRÈRE MINEUR 

  1. Comme le temps du chapitre convoqué à Sainte-Marie de la Portioncule approchait, le bienheureux François dit à son compagnon : « Je ne me considérerais pas comme un Frère mineur si je n’étais pas dans les dispositions que je vais te décrire : Les frères, avec grande dévotion et, vénération, viennent me trouver et m’invitent au chapitre ; touché par leur affectueuse insistance, je m’y rends avec eux. Tous étant réunis, je suis prié d’annoncer la parole de Dieu devant cette assemblée. Je me lève et je prêche selon que m’inspire l’Esprit-Saint.

 « Supposons qu’à la suite de ce sermon ils réfléchissent et s’élèvent contre moi en disant :

« Nous ne voulons plus que tu règnes sur nous[1] ; tu n’as aucune éloquence, tu es trop simple, et nous rougissons d’avoir pour supérieur un rustre et un illettré ; désormais, n’aie plus la prétention de te dire notre supérieur ! » Ils me conspuent et me chassent… Eh bien ! je ne me considérerais pas comme un Frère mineur si je n’étais aussi joyeux quand ils me vilipendent, me rejettent honteusement, m’enlèvent ma charge, que lorsqu’ils m’honorent et me vénèrent, pourvu que dans les deux cas le profit soit le même pour eux. Car si je me réjouis de leur profit et de leur dévotion quand ils m’exaltent et m’honorent (alors que mon âme peut ainsi courir un danger) combien plus dois-je me réjouir du profit et du salut de mon âme quand ils me vitupèrent en me rejetant honteusement, puisque c’est là pour moi un gain véritable ! »

Retour au sommaire

 

 

 

[1] Cf. Lc 19 14

Les commentaires sont fermés