LÉGENDE DE PÉROUSE 100

NOTRE SOEUR LA MORT

  1. Du jour de sa conversion jusqu’à celui de sa mort, le bienheureux François fut toujours soucieux, bien-portant ou malade, de connaître et d’accomplir la volonté du Seigneur. Un jour, un frère lui dit : « Père, ta vie et ta conduite furent et sont encore un flambeau et un miroir, non seulement pour tes frères, mais pour l’Eglise universelle. Ainsi en sera-t-il aussi pour ta mort. Elle causera aux frères et à d’innombrables personnes beaucoup de douleur et de tristesse, mais pour toi ce sera une immense consolation et une joie infinie. Tu passeras en effet du grand labeur au grand repos, d’un océan de souffrances et de tentations au bonheur éternel. La stricte pauvreté que tu as toujours aimée et pratiquée volontairement, de ta conversion jusqu’au dernier jour, fera place à la richesse infinie, la mort temporelle à la vie éternelle où tu verras sans cesse, face à face, le Seigneur ton Dieu que tu as contemplé dans ce monde avec tant de ferveur, de désir et d’amour. »                                                                                                                                                                         Il ajouta, sans rien dissimuler : « Père, sache en vérité que, si le Seigneur n’envoie pas du haut du ciel un remède à ton corps, ta maladie est incurable et tu n’as plus longtemps à vivre, au dire des médecins. Je t’en avertis pour le réconfort de ton esprit, afin que tu te réjouisses sans cesse en Dieu, intérieurement et extérieurement, et pour que tes frères et ceux qui viennent te visiter te trouvent joyeux dans le Seigneur. Ils savent, à n’en point douter, que tu vas bientôt mourir, et ta mort, pour ceux qui en seront les témoins ou l’entendront raconter, doit constituer un souvenir et un exemple, comme furent déjà ta vie et ta conduite. »                                                                                                                               Alors le bienheureux François, malgré l’accablement où le tenait la maladie, loua le Seigneur dans un grand élan joyeux du corps et de l’âme, puis il dit à son compagnon : « Puisque je dois bientôt mourir, qu’on fasse venir frère Ange et frère Léon, pour qu’ils me chantent notre soeur la Mort. » Tous deux arrivèrent et, refoulant leurs larmes, chantèrent le Cantique de frère Soleil et des autres créatures, que le saint avait composé dans sa maladie pour la gloire de Dieu et pour la consolation de son âme et de celle des autres. A ce cantique, avant la dernière strophe[1] il ajouta quelques vers sur notre soeur la mort :

Loué sois-tu, mon Seigneur,

pour notre soeur la mort corporelle

à qui nul homme vivant ne peut échapper.

Malheur à ceux qui meurent en péché mortel,

heureux ceux qu’elle surprendra faisant ta volonté,

car la seconde mort[2] ne pourra leur nuire.

 

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[1] C’est-à-dire probablement avant la reprise du deuxième refrain.

[2] Ap 2 11 et 20 6.

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