JEANNE DE FRANCE

Jeanne de France, 1464-1505
Reine de France, fille et soeur de roi, Jeanne a fondé, dans la famille franciscaine, l’Ordre des Annonciades.

Sommaire

1 L’enfance en Berry
2 Une union malheureuse
3 L’annulation du mariage
4 La duchesse de Berry
5 La fondation de l’ordre de l’Annonciade (1502)
6 Sur la spiritualité de l’Annonciade
7 Bibliographie
8 Voir aussi

L’enfance en Berry à Nogent-le-Roi.
Le roi qui désirait un héritier mâle, pour assurer sa succession, fut d’autant plus déçu que cette petite fille était un peu infirme de corps, malingre et légèrement bossue. Cependant selon ses calculs politiques il désirait en tirer un avantage et la fiança d’emblée avec Louis d’Orléans qui n’avait que deux ans. Ensuite pour éloigner Jeanne de sa vue, il la confia, pour l’élever, à Anne de Culan, épouse de François de Beaujeu, cousin du roi et seigneur de Lignières. C’est donc au château de Lignières en Berry que Jeanne passa son enfance, bénéficiant de l’affection attentive des époux de Lignières. A l’âge de 12 ans, elle est mariée au duc d’Orléans qui, à 14 ans, est déjà un prince beau, élégant, recherché dans les fêtes et aimant le plaisir et le luxe. Il est pratiquement marié de force avec cette princesse qui ne lui inspire aucun sentiment sinon de l’aversion, et le roi Louis XI doit employer les menaces pour que le mariage soit conclu.

Une union malheureuse
Dès le début, le duc d’Orléans manifesta tantôt de l’indifférence, tantôt une véritable hostilité contre cette épouse qu’il n’avait pas voulue. Cependant la petite duchesse s’efforce de lui plaire et de le servir avec conscience lorsqu’il consent à demeurer près d’elle. A la mort du roi Louis XI, c’est le jeune frère de Jeanne, Charles VIII qui devient roi, tandis que sa soeur aînée, Anne de Beaujeu exerce la régence. Le duc d’Orléans en profite pour comploter contre la couronne, mais vaincu il est emprisonné à Bourges dans la Grosse Tour. Durant cette épreuve qui durera deux années, Jeanne visite régulièrement son mari, lui apporte linge et nourriture, et s’emploie à obtenir sa libération. Le duc ne lui en manifestera aucune reconnaissance, et, une fois libéré, il reprendra sa vie de dissipation, loin de sa femme.

L’annulation du mariage
En 1498, Charles VIII qui revient de la guerre d’Italie, meurt subitement à Amboise, sans héritier. Le duc d’Orléans monte alors sur le trône, et Jeanne devient reine de France. Jeanne, fille de roi, sera soeur de roi lorsque son frère cadet montera sur le trône, puis elle-même femme de roi durant quelque temps. Dès lors, le roi décide d’obtenir du Pape l’annulation de son mariage, d’autant qu’il envisage son union avec Anne, duchesse de Bretagne, afin d’obtenir la souverainetÈ sur cette province. Jeanne de France subit alors toutes sortes d’intrigues, et d’humiliations, provoquées par le roi et par ses conseillers ecclésiastiques pour obtenir l’annulation du mariage. Le pape Alexandre VI Borgia, se laissa acheter par de grosses sommes d’argent et par la promesse d’un duché créé en France pour son fils César Borgia.
Jeanne qui ne voulait pas de cette rupture se défendit avec courage, mais sa cause était perdue d’avance. La nullité du mariage fut prononcée en fin 1498, et Louis épousa aussitôt Anne de Bretagne, et octroya à son ex-épouse, en compensation, le duché du Berry.

La duchesse de Berry
Jeanne fait une entrée solennelle dans son duché le 13 mars 1499, elle restera 7 ans entre son palais de Bourges construit par le duc Jean et le château de Châtillon-sur-Indre. Elle se consacra totalement à la bonne administration et au développement de son duché, en s’efforçant d’y faire régner la justice et le soutien des plus pauvres. Elle fonde des collèges pour l’enseignement des jeunes, garçons et filles, elle dote des hôpitaux et participe elle-même au soin des malades.
Elle s’intéresse aussi à la vie religieuse et favorise la réforme des bénédictines de Saint-Laurent de Bourges. Pour sa propre vie spirituelle elle se met sous la direction des Franciscains de l’Observance et choisit le frère Gilbert Nicolas, gardien du couvent de Bourges, comme confesseur. Durant la grande peste de 1499, elle demeure en la ville alors que les responsables et échevins s’enfuient. Le peuple de Bourges lui voue admiration et reconnaissance.

La fondation de l’ordre de l’Annonciade (1502)
Jeanne se souvient que dès sa jeunesse elle avait eu la révélation de créer un ordre religieux dédié à la Vierge Marie. Elle réussit à convaincre son confesseur de cette révélation et à partir de 1501 elle se consacre essentiellement à ce travail, avec beaucoup de difficultés venant des autorités religieuses de Rome, car le Concile de Latran IV (1215) avait décrété qu’il n’y aurait plus de nouveaux ordres religieux. Le père Gilbert Nicolas, plus connu sous le nom de Gabriel-Maria, qui fut aussi vicaire général de l’Observance franciscaine, rédigea la règle de cet ordre nouveau intitulé l’Annonciade, en l’honneur de Marie. Le pape Alexandre VI approuva la règle de l’Ordre le 12 février 1502.
L’Ordre de l’Annonciade ou des Dix Vertus ou Dix plaisirs de Notre-Dame, est un ordre contemplatif caractérisé par l’éloignement du monde (la clôture), la pénitence, le travail, l’humilité, le silence, l’office canonial et la vie en fraternité. L’Ordre connut une certaine expansion en France et en d’autres pays d’Europe.
L’habit des annonciades est bleu, le voile blanc et le long scapulaire rouge vif. Les moniales recherchent « la perfection par l’union à Jésus en pratiquant les dix vertus de Marie ».
Jeanne de France mourut le 4 février 1505, à l’âge de 41 ans. Louis XII lui fit des funérailles de reine. Elle fut inhumée dans la chapelle des annonciades. Elle fut béatifiée en 1742 par Benoît XIV et canonisée par Pie XII en 1950.
Il existe 6 couvents aujourd’hui, dont celui de Saint Doulchard ‡ Bourges, issu du couvent de Thiais, près de Paris, et une branche apostolique voué à l’enseignement, en Belgique.

Sur la spiritualité de l’Annonciade
www.annonciade.org

Bibliographie
Guy Chastel, Sainte Jeanne de France, (Profils franciscains)n Paris, edit. Franciscaines, 1950
BOUCHARD Françoise, Sainte Jeanne de France, la Reine servante de Marie, Montsurs (France), Ed. RÈsiac, 1999.
GIRARD André, Sainte Jeanne de France, Ed. Tardy, 1950. Seconde Edition†: Ed. Médiaspaul, 1988.
Grente, Joseph. Mgr. La Bienheureuse / Jeanne de Valois / (Saincte Jehanne de France) / d’après les procès canoniques. / Deuxième édition / 1922 / (sans nom d’éditeur; imprimé à Paris).
Jeanne de France et l’Annonciade, Actes du colloque international de l’Institut catholique de Paris (13-14 mars 2002) Réunis par Dominique Dinet, Pierre Moracchini, Soeur Marie-Emmanuel Portebos, ovm  Publié avec le concours de l’Institut catholique de Paris, 2004

Les commentaires sont fermés