VITA SECUNDA 71

La mendicité.

CHAPITRE 41

ÉLOGE DE LA MENDICITÉ

  1. Le Père avait plaisir à utiliser plutôt la nourriture quêtée aux portes que les offrandes spontanément offertes. Quand on a honte de mendier, affirmait-il, on est l’ennemi de son propre salut ; mais si l’on éprouve la honte en mendiant, sans reculer pour autant, cette honte est méritoire. Il approuvait la délicatesse qui fait monter le rouge au front, mais non pas la honte qui paralyse. Afin d’encourager ses frères à partir pour la quête, il leur disait : « Allez, car si les Frères Mineurs ont été envoyés au monde en ces derniers temps[1], c’est pour permettre aux élus d’accomplir en leur faveur ce qui leur vaudra les félicitations du Juge : « Ce que vous avez fait à l’un de mes frères mineurs, c’est à moi que vous l’avez fait[2]. »

Il voyait là une approbation anticipée de son Ordre, puisque le grand Prophète[3] avait utilisé cette dénomination de manière si explicite. C’est pourquoi il voulait que les frères habitent non seulement dans les villes, mais aussi dans les ermitages : tous peuvent y trouver occasion de mérite, et les relâchés n’y ont plus de prétexte pour se dérober[4].

Table des chapitres

 

[1] Hac novissima hora. Cf. Mt 20 10 ; c’est le temps du Jugement. Il ne faut pas soupçonner ici obligatoirement un relent de joachimisme : on trouve la même interprétation dans les Lettres de J. de Vitry.

[2] Mt 25 40 et 45. Les deux versets ont été fondus en un seul par saint François, qui a remplacé les mots : « au plus petit d’entre les miens » fratribus mais mimimis, par ceux du verset 45, où le comparatif minoribus permet une application littérale aux Frères Mineurs.

[3] Le Christ ; Cf. Lc 7 16.

[4] Se dérober à l’obligation de la mendicité. Cette dernière phrase semble devoir se rattacher à celle qui ouvre le paragraphe : les couvents des villes reçoivent à certains jours suffisamment d’aumônes spontanées pour épargner à tous les frères l’obligation de la mendicité ; dans les ermitages en revanche, la mendicité est l’unique et nécessaire moyen de subsistance.

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