VITA SECUNDA 188

CHAPITRE 141

RÉPONSE A UNE QUESTION CONCERNANT LES MINISTRES.

188. Un frère lui demanda un jour pourquoi il s’était démis du soin des frères et les avait confiés à des mains étrangères comme s’ils n’étaient plus rien pour lui1 ; il répondit : « Mon fils, j’aime les frères autant que je le puis, mais s’ils suivaient mes traces, je les aimerais bien davantage et m’occuperais davantage d’eux. Car il y en a quelques-uns, parmi les supérieurs, qui entraînent les frères dans d’autres sentiers, leur proposent l’exemple des anciens2 et négligent mes avertissements. Mais on verra bien le résultat final de ces manœuvres. »

Peu de temps après, on le vit se dresser sur le lit où la maladie l’avait terrassé ; avec véhémence, il s’écria : « Qui sont-ils, ceux qui ont arraché de mes mains mon Ordre et mes frères ? Si je vis jusqu’au Chapitre3, je leur montrerai bien quelle est ma volonté ! » Le frère lui suggéra : « Pourquoi ne pas changer les Ministres provinciaux qui ont si longtemps abusé de leur liberté ? » Le Père, en gémissant, eut cette réponse terrible : « Qu’ils vivent comme ils l’entendent, car la perdition de quelques-uns est un moindre dommage que celle de beaucoup. »

Ces paroles ne visaient pas tous les supérieurs, mais seulement quelques-uns, restés en fonction trop longtemps, et qui semblaient revendiquer leur charge comme un droit héréditaire. Sa recommandation favorite à tous les supérieurs religieux, c’était de ne rien changer aux coutumes si ce n’était pour un plus grand bien, et de ne pas exercer un pouvoir mais s’acquitter d’un devoir.

Table des chapitres

2  Des anciens fondateurs d’Ordres ; Cf. LP 115.

3  Ou bien : si je vais au chapitre.

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