CHAPITRE 130
LA CIGALE.
171. A la Portioncule, une cigale avait élu domicile sur un figuier près de la cellule du saint ; elle chantait à ravir, et fréquemment. Le bienheureux Père l’appela un jour avec douceur en lui tendant la main : « Viens à moi, soeur cigale ! » Elle, comme douée de raison, grimpa aussitôt sur sa main. Il lui dit : « Chante, ma soeur cigale, et loue par tes stridulations joyeuses le Dieu qui te créa ! » Docile, elle se mit à chanter aussitôt et ne s’arrêta que pour retourner à son arbre, sur l’ordre du Père, qui avait uni sa louange à son chant. Elle y demeura huit jours entiers, aussi fidèle que si elle eût été attachée. Chaque fois qu’il sortait de sa cellule, le saint la chatouillait du bout des doigts, lui disait de chanter, et elle obéissait. Finalement, le saint dit à ses compagnons : « Donnons maintenant congé à notre soeur cigale ; elle nous a suffisamment réjouis de son chant ; il ne faut pas que notre chair en tire un prétexte de vanité. » Congédiée, elle partit aussitôt et ne revint jamais plus. Les frères témoins du fait restèrent frappés de la plus vive admiration.